Concerthau et Cultures du Coeur

Nous avons le plaisir de travailler en partenariat avec Cultures du Coeur.

C’est une aubaine, pour nous, de pouvoir faire profiter les personnes, qui n’ont pas forcément l’occasion de fréquenter ces lieux culturels, d’invitations aux spectacles de la ville ou d’ailleurs.

Tout au long de l'année, nous organisons des sorties culturelles en groupe pour aller soit sur Sète au théâtre Molière, dans les musées, soit à l’extérieur : le théâtre d’Ô, le Kawa Théâtre, le théâtre du Hangar, le Théâtre Jean Vilar, le théâtre de Grammont…

Ce temps consacré à la sensibilisation du public aux activités artistiques est à prendre en compte car il nécessite de nombreux moyens humains et matériels : sélection des spectacles, affichages pour information, réservations, confirmations ou annulations, présentation de l'œuvre, covoiturage, disponibilité des accompagnateurs en soirée ou en week-end.

Autant d’activités qui génèrent des dépenses pas forcément évaluées au départ.

Concerthau et Cultures du Coeur en 2008 :


 

Concerthau et Cultures du Coeur en 2008 :
les Témoignages

 

Concerthau en Avignon grâce à Culture du Coeur :
le 18 et le 25 Juillet 2007

 

Concerthau au Château d'Ô

Avec Halima, Yasmine, Ginou, Béatrice, Léon, Betty, Joe, Gisèle, Monique et Denis.

Le 17 octobre 2008 : journée mondiale du refus de la misère

Le 17 octobre à Montpellier : Culture du Cœur avec le soutien du Conseil Général et en partenariat avec des associations, a organisé une journée " Culture Ô Cœur " d'initiation et de découvertes de pratiques artistiques, orientée vers des personnes en situation précaire, au château d'Ô.

Halima, Yasmine, Ginou et Béatrice se sont levées tôt ce matin-là pour prendre le car qui doit les mener au Domaine d'Ô : les grandes pour une matinée de sensibilisation à la musique, à la calligraphie, Yasmine, 6 ans, pour une séance de contes.

 

" Comme l'on a imaginé une journée pour que les voisins se réunissent, alors qu'ils passent les 364 autres jours à se détester ou à s'entendre, selon, il était bon de prévoir un moment de rencontre entre les êtres qui ne passent pas forcément 364 jours à se méconnaître.
Nous voilà donc embarquées dans la même galère, plutôt dans le même bus, tôt matin, la culture n'attend pas.
Le domaine d'ô nous ouvre ses portes, majestueux. ses allées encore endormies accueillent nos baskets colorés comme nos visages.
Une tasse de café, un jus de fruit, un biscuit, un carré de chocolat, et nous mettons nos pas dans les pas de Thibaut Cuisset, dont les photographies nous font regarder l'Hérault comme nous n'avons pas l'habitude de le voir. Rues de villages désertes, silence, les habitants font la sieste. C'est un homme de voyage, et ses prises de vue respirent de lumières d'Afrique, qui nous transportent tout naturellement vers l'atelier musical où la vielle à archet, à la résonance médiévale, se mêle aux rythmes andalous et africains, au rythme de nos battements de mains et de cœurs.
Une journée pour nous rappeler que nous sommes tous des frères et que c'est pour ça que nous sommes sur la terre. "

A 12h30, le Trafic de Denis écrase le gravier du parking du château. Dans le silence du parc, les portes glissent dans leurs rails et un commando de Concerthistes se déploie. A l'heure dite, Léon, Betty, Joe, Gisèle, Monique et Denis que l'on connaît aussi sous les pseudonymes de Dingo Deuch et de Robert Pichemolle - détective privé tout aussi ignoré par la profession que son frère jumeau, Roger Pichemolle - se pointent devant le buffet, avant tout le monde. Eux, ils ont choisi de participer à l'atelier d'écriture qui aura lieu dans l'après-midi juste après le premier spectacle : Hamlet en 30 mn.
Faut encore patienter.

Ateliers du matin

Les ateliers du matin libèrent, petit à petit, les groupes qui ont eu le plaisir d'acquérir de nouveaux savoir faire : Halima nous montre ses performances en calligraphie, Ginou et Béatrice sont ravies de la démonstration musicale et Yasmine a encore plein de rêves dans les yeux. Toute la troupe de Concerthau est réunie.
Un discours qui parle de culture mais aussi de précarité, de difficulté, autant de mots qui reviennent trop souvent aux oreilles des invités qui, ce jour-là auraient préféré oublier leur condition quotidienne pour goûter, à fond, ces instants précieux…
Un soleil montre, enfin, qui est le maître dans ce ciel montpelliérain nettoyé de ses nuages.
L'accueil, le buffet sont irréprochables. Il suffit même de faire un baiser au traiteur pour avoir une plus grosse part de gâteau. Les convives s'éparpillent et le buffet prend l'allure d'un gigantesque pique-nique, dans la lumière encore vive de cette journée d'automne. Entre les pins, un écureuil, pas le moins du monde troublé, se fait les dents sur des coques de pins pignons.


La Compagnie du Bruit Qui Court

Hamlet

C'est le spectacle. La Cie Bruitquicourt présente Hamlet ! Quoi ? Une pièce de Shakespeare, et pas la plus légère, une pièce qui parle de la mort, du sens de la vie, de crimes, de manigances, de folie est-elle la mieux choisie pour séduire un public néophyte, des enfants espiègles ?

Voyons, rappelons-nous les faits :

C'est Hamlet qu'est pas content, content, quand il apprend que son tonton Claudius a zigouillé son papa pour épouser sa maman Gertrude et lui piquer le trône du Danemark.
C'est Laërte qu'est pas content, content, quand il apprend que sa sœur Ophélie s'est entichée d'Hamlet.
C'est Claudius qu'est pas content, content, qu'Hamlet fasse savoir à tous tout ce qu'il sait.
C'est Ophélie qu'est pas contente, contente, de voir que son Hamlet fait une boulette en tuant son papa Polonius caché derrière un rideau à l'espionner pour le compte de Claudius.
C'est Hamlet qu'est pas content, content, quand il apprend qu'Ophélie devenue folle de désespoir s'est noyée.
C'est Laërte qu'est pas content, content, d'avoir perdu par la faute d'Hamlet et son papa et sa soeurette.
C'est Claudius qu'est pas content, content, si bien qu'il organise un duel, empoisonne le fleuret de Laërte ; les fleurets sont échangés, Laërte piqué meurt. Claudius empoisonne aussi la coupe destinée à Hamlet, Gertrude boit par mégarde et meurt.
Blessé, Hamlet, avant de mourir, pique du dard empoisonné son tonton et non content lui fait boire du poison pour l'achever.
Voilà Hamlet peut mourir à son tour.

Décidément personne n'était content, content au royaume du Danemark.

A première vue, c'est plutôt difficile à avaler, non ? Mais cet Hamlet-là, celui de Luc Miglietta, Estelle Sabatier, David Rigal et Christophe Pujol, non seulement ne dure que 30 mn
- comme le promet le titre, Hamlet en 30 mn - mais en plus, il d
evient une pantomime, un hommage, une clownerie qui permet à tous d'apprécier le texte francisé de Shakespeare. Les gosses rient au larmes et marchent à fond, les adultes sont aux anges même si on dépasse de 10 minutes la durée annoncée.


Atelier d'écriture

Les cars s'en vont. Raymonde, une ancienne concerthiste, n'a pas envie de partir. Elle voudrait bien participer elle aussi à l'atelier. Pas de problème, dit l'animatrice, pas de problème, dit Robert Pichemolle qui a vite fait de mettre en relation le nombre de places de son trafic et le nombre de passagers et d'en tirer, en détective efficace, toutes les conclusions.
Nous sommes donc 12 à l'atelier d'écriture mené par Claire.
On note des images, visuelles ou sonores, retenues dans la semaine, on les échange.
Deux à deux, on se raconte des histoires : laquelle est vraie ? Laquelle est fausse ?
Changez de partenaires !
Face à face, on se tire le portrait. Qu'elle est séduisante celle que décrit, en zappant la consigne de l'objectivité, Marie - aux yeux noisette, au visage rond sous une courte chevelure d'érable rougeoyant ! Qu'elle est belle, à la fois douce et énergique, des paillettes plein les yeux et des rides idéalement distribuées, celle que je ne reconnais pas vraiment ! Merci Marie !
La complicité s'installe dans le groupe.
Changez de partenaires !
Deux à deux, il est temps maintenant de pénétrer mentalement dans l'autre. Luis, 14 ans, me prête son corps. J'emprunte un chemin escarpé, le fou rire nous gagne ! A côté de nous, Léon hésite. Pudeur, timidité… Betty l'asticote, il va commencer son voyage qui l'emmène dans son cœur…
Changez de partenaires !
Il s'agit alors d'écrire sur le dos d'une personne, pour en sentir la chaleur, les mouvements, les vibrations. De grandes feuilles sont déroulées.
Denis m'offre son dos :

J'écris sur ton dos, Dingo deuch. Tu as le dos large comme les chênes de Sant Ex. Je suis dans ton dos et j'en ai plein les bras. Y a pas 10 mn, j'étais dans le système digestif de Luis. Il a dû cracher son chewing gum, il salivait trop, j'ai failli me noyer. Après, l'acide de son estomac a rongé mon cuir. Il m'a fallu bien du courage pour me glisser dans son intestin grêle : étirements, contorsions. Des crottes de biques plein le colon. Une bonne poussée de Luis m'a libérée. Fin du voyage. Pour un voyage initiatique, j'étais servie !
Ceci me rappelle la traversée de la brousse, la nuit, racontée par Joe. Des djimbés l'accompagnent. Des femmes dansent. Elle, seule blanche se joint naturellement à elles, puis entre dans le cercle dessiné par la tribu…

Une araignée noire tache le mur blanc, nul ne s'en soucie, chacun gratte les feuilles blanches collées sur des dos dociles. Claire renverse des verres d'eau, elle en est à son troisième : elle a de longues jambes et des bras qui s'expriment.
Des textes sont lus, pas tous, c'est l'heure des Souliers Rouges.


 

Les souliers rouges

La pièce se déroule dans une toute petite salle, 52 places, qui est vite pleine. Voilà déjà un certain nombre d'heures que nous sommes à pieds d'œuvre, buffet, Hamlet, écriture. Je ne suis pas mécontente de glisser, pour cette dernière partie, mes pieds dans " les souliers rouges "…
L'histoire, contemporaine au possible, se déroule dans la demie obscurité d'un chantier sur fond de barrières. Deux jeunes femmes, chuchotantes ou criantes, nous livrent un texte sur le fil du rasoir où tout peut basculer d'un instant à l'autre… Le danger est palpable, grâce au jeu des actrices, à l'obscurité, le décor. Je suis durant cette heure de représentation suspendue aux espoirs et désespoirs des héroïnes tandis qu'une partie des ami(e)s, qui m'accompagnent, ont somnolé par intermittence….
Il faut bien avouer que Les Souliers Rouges ne sont pas une paire de pantoufles qu'on enfile après une journée d'une telle intensité.