LE JOURNAL - LE CANARD AGITE
Le Canard Agité est une revue éditée et mise en ligne par l’association Concerthau
Le Canard Agité N°2
- Décembre 2005
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Sommaire
Vu
de lexterieur
Rencontre
- Josy Corriéri
- Danse tout Terrain
Spécial
Sète
Société
- La faim chasse le loup du bois
- Il pleut sur la Maison Blanche
Des
regards étrangers
Rédactrices
en chef : Monique
Maquettiste : Laurent
Dessins : Alain Zarouati
Secrétaire : Nina, Corinne.
Rédacteurs : Nina.Rédacteurs : Nicole, Agnès,
Annie, Marie-Colette, Paulo, Monique, Anne-Marie, Florentina, Caroline,
Alice, Yaceck, Alain, Nina, Ghislaine, Nadège. |
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En
ces temps où nos libertés sont menacées,
l'association Concerthau, malgré sa lutte quotidienne
pour survivre, persiste à revendiquer le droit à
tout être humain de prétendre à une vie
meilleure, alors :
Toi,
l'étranger*, le réfugié, le métèque*
Qui d'un ailleurs débarques un jour à Sète,
Après avoir galères et exils traversés,
Ici, pose ton baluchon, tu l'as bien mérité.
Et si le cur t'en dit, pousse la porte de Concerthau
Et tu trouveras peut-être les mots qui guériront
tes maux.
*Pour
éviter tout quiproquo, les mots
" étranger et métèque " évoqués
ici, sont à replacer dans le contexte des chansons
des deux Georges Brassens et Moustaki.
La
Présidente
Nadège
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Vu de l'exterieur
Le
regard qu'un étranger jette sur la France, de l'extérieur,
n'a pas grand chose à voir avec ce qu'il découvrira
sur le sol français. Vue d'ailleurs, la France incite à
l'immigration, elle apparaît comme un pays presque parfait
économiquement et socialement. Mais en réalité,
elle souffre de graves problèmes structuraux qui génèrent
le mécontentement d'un grand pourcentage de la population,
française d'origine ou d'adoption.
Berceau de la pensée et de la démocratie, la France
accueille chaque année des centaines de gens qui arrivent,
poussés par un espoir d'amélioration de leurs conditions
de vie. Ces immigrants ont une image - donnée par la politique
externe des Ambassades Françaises - d'un pays, évolué
en tous points de vue et ils voient leur séjour français
comme la solution la plus appropriée à leurs soucis
vitaux.
Néanmoins, le manque d'un système d'intégration
plus efficace fait augmenter progressivement le chômage,
la violence et principalement, la ségrégation raciale.
L'accumulation de ces nombreux facteurs d'exclusion, comme l'absence
de repères socioculturels, la méconnaissance de
la langue, l'isolement, les discriminations, rend cette insertion
particulièrement difficile. Par contre, les actions qui
permettent d'affermir les conditions d'insertion professionnelle
et sociale rencontrent de graves problèmes de financement,
comme le prouve parfaitement l'imminente fermeture de l'association
Concerthau, à Sète. Cette association a travaillé
pour parvenir à répondre aux caractéristiques
des exclus - pas forcément étrangers - et pour construire
une méthode permettant de lier l'insertion professionnelle,
le lien social et la formation.
En somme, il est nécessaire d'intensifier, sans tarder,
le soutien de ces véritables projets d'insertion durable,
actuellement en péril et de mettre en place plus d'associations
comme Concerthau, adaptées à la situation et aux
besoins de chacun. Ainsi se réduiront les inégalités
et les discriminations, à travers le perfectionnement des
conditions matérielles et morales de cette population.
Paulo |
Rencontre
: Josy Corriéri
Le
Lieu Noir est-il si noir que ça ?
Le
Lieu Noir est le lieu que partage Josy Corriéri avec
la Compagnie Cacahuète, le lieu de danse de Josy à
partir duquel s'organisent des spectacles, des stages. Espace
créatif, collectif, construit dans un ancien chais sur
le quai Rhin et Danube à Sète.
Josy reçoit le canard chez elle dans un merveilleux décor,
pour lui parler de son association atypique.
Le Lieu Noir veut être une alternative dans le circuit
conventionnel, entre undergroud et institution. Projet très
ambitieux! C'est un projet original qui tente de réussir
l'alchimie de réunir les Arts de la rue et les Arts de
la performance dans une programmation régulière,
éclectique, pluriartistique et conviviale.
C'est également un lieu de résidence pour artistes
(6 personnes), une salle de répétition, d'exposition,
une cuisine, un bar, 3 chambres, des bureaux, des ateliers et
des espaces de stockage de décor.
C'est un lieu de formation et de recherche sur le mouvement,
qu'anime Josy Corriéri en ateliers.
En avril 2004, lors des Rencontres Méditerranéennes,
le hasard nous a fait rencontrer Josy et Pascal qui venaient
du Vaucluse pour s'installer à Sète. Ils avaient
débarqué, un soir de pleine lune, en fourgon coiffé
d'un étrange cercueil
Très vite, tous deux
sont allés à la rencontre des gens, ce qui a facilité
leur installation. En voisins curieux, nous avons frappé
à leur porte. Bien nous en a pris ! Commença alors
un partenariat original, profond et sincère. Ils nous
ont associés à différents projets (Rencontres
Méditerranéennes, Ateliers Croisement : rencontre
de cultures, partage d'espaces, spectacles de rues)
Danse, improvisation et créativité:
La danse : " Tout le monde peut danser ", affirme
Josy.
" Je m'emploie à développer, en chacun, cette
faculté. Leurs corps sont leurs instruments. " ajoute-t-elle.
L'improvisation : " Elle est spontanée, ne passe
pas par la réflexion et reste très libératrice.
Elle est essentielle par rapport au corps, au ressenti des personnes
" explique Josy. Un témoin confie au canard : "
Josy à l'art de nous mettre en situation pour que nous
exprimions toutes les émotions, les sentiments enfouis
en nous."
La créativité :
" L'apprentissage, selon un modèle, limite la créativité.
C'est par le mouvement, en l'occurrence, qu'on peut donner libre
cours à l'artiste qui est en nous. Si on est créatif
dans la danse, on peut l'être dans la vie de tous les
jours ; chaque individu développe ainsi ses capacités
qu'il multiplie et rend uniques. Ces compétences ne s'arrêtent
pas, une fois fermées, les portes du lieu de danse. Elles
se développent à l'extérieur. Hélas,
cette liberté n'est pas toujours appréciée
dans notre monde formaté. "
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Outre
le côté artistique, l'activité de Josy se
révèle être une action citoyenne : qu'elle
travaille seule ou en groupe, elle a pour objectif de partager,
communiquer et donner.
" Pourquoi le monde du spectacle, ne pourrait-il pas imposer
sa vérité au monde extérieur parfois si
sombre et si empreint de technicité ? "
Le
Vin, toujours le Vin,
nous fait rire et danser !
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Le
9 septembre : L'homme inventeur de machines infernales autant
qu'inutiles a déboulé à Sète pour
mettre sur orbite le Lieu Noir
.
Le 22 octobre : Le Lieu Noir et Emmaüs ont invité
des artistes de tous horizons à présenter des
performances
Le 29 octobre : Le " Lieu Noir " s'est associée
à la Fonderie et l'association Ciné-Scènes
pour organiser " La Fête des Soupes "
60 soupes en compétition !
Le 10 novembre : Le Lieu Noir nous a invités au concert
du Taraf Goulamas à l'occasion de l'ouverture des Rencontres
Franco-Roumaines.
Le 13 novembre : Et pourquoi pas ? Novembre, le mois des trépassés
a été l'occasion d'aborder ce thème à
jamais source d'inspiration des artistes
Le Lieu Noir accueillera la création de la Cie "
Orphéon théâtre Interieur " du Var,
" Le jeune prince et la vérité " de
Jean-Claude Carrière. Ce spectacle déambulatoire
est une vraie dérive péripatéticienne à
travers la ville ainsi qu'une performance
3 séances - 3 parcours différents le samedi 3
décembre 14h30 devant le Poufre, 16h au kiosque, 18h
au Lieu Noir.
En association avec le projet de la Fonderie " 3 jours,
3 femmes, 3 formes " le Lieu Noir présentera un
après-midi de performances au féminin dans l'atelier
de Lili Fantozzi
Dimanche 29 janvier 2006 dès 16h à l'atelier du
jardin des Fleurs - Entrée libre pour les filles.
Depuis 1996, Josy propose son spectacle de rue, Les Filles Rouges,
qui se veut interactif.
Formation et recherche sur le mouvement
Les 10 et 11 décembre : samedi après-midi et dimanche
toute la journée
Du 27 décembre au 30 décembre : le matin, 2h de
danse-impro avec Josy et/ou 2h de chant et musique impro avec
Agnès
Présentation de l'atelier le 31 ou le 1er janvier 2006.
CONTACT
: Josy Corriéri - 0620715742
Email : kkhuete@club-internet.fr
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Sète
Saluons
l'initiative rondement conçue et menée. Le
secret de cette réussite ?
Avoir su trouver le PROJET qui fédère (peut-être
que je sais où), avoir compris que cela passerait
par l'implication de tous, par-delà les esprits étroits
et claniques (et Dieu sait que ça regorge par chez
nous), avoir su convaincre et faire des émules dans
tous les endroits ad'hoc (associations, écoles, milieux
culturels, VIP
..), et avoir laissé prendre
la sauce, longtemps, longtemps
En bons professionnels de la " COMM' ", notre
équipe a su mûrir le projet et en étudier
la faisabilité ainsi que les moyens suffisants pour
en assurer la crédibilité.
Pourquoi pas à Sète ? Nous avons, Nous aussi,
une riche Histoire à raconter, des histoires à
conter.
Avec intelligence, enthousiasme, persévérance
et un réseau infaillible, l'équipe a pris
le temps et s'est dotée des moyens techniques adéquats
pour une réalisation de belle facture. Dirigées
par les pros, des dizaines et plus de petites mains bénévoles
ont alors prouvé toute leur adresse, leur ingéniosité,
leur virtuosité pour servir ce projet en le faisant
LEUR.
L'alchimie a réussi. Ce que nous avons pu voir était
à la hauteur de ce que nous n'osions espérer.
Beau.
Ce spectacle est étayé par une mise en scène
digne des shows bien cadrés de notre époque,
un son adapté et juste avec une bande son originale,
un éclairage pointu et une pyrotechnie en phase avec
la narration, des chorégraphies qui servent bien
le récit, des costumes presque de Roger HART.
En bref, ça le fait ! Et même bien.
Et ce qui le fait encore plus, c'est le côté
bon enfant mais juste des comédiens, les VRAIS et
nos voisins, nos connaissances et tous les autres qui ont
gardé jusque là le secret. Et à SETE,
un secret, c'est pas quelque chose qu'on garde bien longtemps
au chaud.
Certains ont douté mais sont à présent
convaincus. Certains cherchent même à s'approprier
un peu des retombées médiatiques en nous faisant
croire qu'ils sont pour quelque chose dans ce succès
et qu'un peu du mérite leur revient.
Comme il fut bon de voir dans notre VIEUX port, cadre magnifique
pour une fois mis en valeur, des Sétois s'animer
autrement que Bleus contre Rouges ! Un beau cadeau qu'on
va faire là aux Montpelliérains !
Nicole |
A
la Pointe Courte, l'inventaire !Deux têtes
blondes empalées
Une guirlande de flotteurs
Une cage à yucca
Un défilé de filets
Et le bonjour de la grenouille !
Un
adieu à De Gaulle
Une porte vers nulle part
Une statue de la liberté manchote
Des citrons en espalier
Et les coquilles Saint Jacques !
Des
cornes d'aurochs
Le zizi d'un écossais
Une collection de papillons
Un indien unijambiste
Et les chats sur le toit !
Henri
Jouet
Louis Vaille dit le mouton
Le frère de Mario
Chez Kiki et Nono
Et la mare aux canards !
Les
sabots d'Hélène
La déesse dans le lierre
La petite sirène
Margot volubilis
Et Agnès Varda !
Une poêle trouée
Un broc émaillé |
Le
miroir aux canaris
La ruelle des nacelles
Et une panthère rose !
Une
boule bordiguotte
Une échelle vers le ciel
Un figuier titanesque
New York taxi
Et un puzzle 1200 pièces !
Les
Pescaires
Les Ajustaires
Les Vagaires
Les Servaires
Et un bébé chinois !
L'avis
aux habitants
Couper le courant avant d'ouvrir
Ne pas encombrer
Attention aux chats
Bienvenue
à la Pointe du rat,
Bienvenue à la Pointe Courte !
Agnès
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Le
Quai de la Marine
Sur
le quai de la Marine, Janvier Jordan fait la nique à
Charly Christ.
Face à face, ils s'affrontent d'un regard perçant.
- Quelle fut la meilleure pêche ?
La bataille est proche sous le drapeau de l'Europe.
Mais une " hirondelle " en habit bleu s'approche
et leur agrafe à tous deux une contredanse. La bataille
est nulle, deux points partout.
Alors les deux patrons, Janvier et Charly, partent bras
dessus, bras dessous au Lamparo. C'est là que se
cuisinent les meilleures spécialités sétoises.
- Non, c'est à la Calanque. " , dit l'autre.
Et la discussion recommence, aux oreilles des badauds qui
n'entravent rien au " parler sétois ",
une vraie langue interne, inconnue des " estrangers
".
Les deux marins, forts en gueule, s'approchent alors doucement,
dans un froissement de papier de soie, réconciliés,
amis pour toujours
jusqu'à la prochaine dispute.
Voila
Sète, voila le Quai de la Marine.
Annie |
Les
Daurades
Ma,
do dou, ainsi commence la légende.
A
l'époque où le Languedoc-Roussillon n'existait
pas encore, la Septimanie vivait une ère florissante
: le commerce allait bon train, les festivités battaient
son plein, tous les septimaniens, toutes les septimaniennes
mangeaient bon pain.
Seule, la ville de Sète dépérissait :
Tous les Sétois étaient devenus glanores, par
déprime ou par force.
A trop glamer sur les canaux, à trop glamer au large,
ils s'étaient fait boulotter les doigts qui de la main
gauche, qui de la main droite, qui des deux mains, par des
piranhas en vacances ou des requins affamés. Plus question
pour eux, de doudoer. Allez donc nager ou jouer au volley
ou au badminton, construire des châteaux de sable quand
il ne vous reste que des moignons !
Ils passaient donc leurs journées, à magler
sur le quai de la marine dans des gargotes, dans lesquelles
les services d'hygiène de l'état n'osaient même
plus s'aventurer, de peur d'attraper quelque maladie.
Les choses en étaient là, quand, soudain, au
large du Môle, on aperçut de gros bateaux. Rien
à voir avec les barques éventrées qui
comblaient les canaux. Il s'agissait de magnifiques rondos
qui décrivaient des cercles décroissants en
approchant du port. Le vent s'était levé et
la mer faisait la magla au centre des ronds qui se dessinaient.
Les Sétois accoururent - enfin ceux qui pouvaient encore
se déplacer - pour assister à l'événement
!
Les rondos manuvrèrent au plus juste. Les derniers
cercles les amenèrent à quai.
A leurs bords, les équipages glamaient dans une langue
qui ressemblait fort au français à l'exception
près qu'elle ne comportait pas la lettre " r ". |
|
Des
rondoyards, hommes noirs rondouillets, mirent pied à terre.
Aussitôt leurs sourires s'effacèrent ; de toute évidence,
ils étaient glaillons de se retrouver, après un
si long voyage, au milieu d'une foule hagarde, muette et manchote
dans un décor aussi délabré !
Alors l'Amiral ne fit ni un ni deux et donna des ordres. Immédiatement,
de larges filets s'abattirent sur les badauds. En deux temps,
trois mouvements, ils eurent capturé tous les zombies sétois,
les firent mijoter dans d'immenses marmites prévues à
cet effet, armés de leurs gladouillonors. Quand les blancs
furent cuits à point, les rondoyards se goinfrèrent,
assis au bord des quais, s'amusant à lancer, au loin, dernière
eux, les refiefs de leur pantagruélique repas.
Une fois rassasiés, ils entreprirent de nettoyer la ville,
passèrent les quartiers au Karsher, et amassèrent
les débris sur les restes squelettiques.
C'est ainsi que fut créée la montagne que l'on appelle,
aujourd'hui, le Mont St Clair et sur laquelle sont érigées
les plus belles demeures sétoises.
Le
travail fini, les rondoyards remontèrent alors sur leurs
rondos et jetèrent un il satisfait sur la ville ainsi
purifiée.
" Elle a vlaiment meilleule mine, désolmais, cette
ville de Sète ! ", furent les derniers mots prononcés
par l'Amiral avant qu'il ne donnât ordre à ses équipages
de mettre les voiles.
Ma,
do, dou, ainsi s'achève la légende.
Canelle
Société
"
La faim chasse le loup du bois "
Le
monde entier exhorte les autorités marocaines et espagnoles
à cesser tout acte de violence et de traitement inhumain
à l'encontre des immigrants ou requérants d'asile
provenant de l'Afrique subsaharienne.
Ceuta et Melilla constituent pour ces immigrants clandestins une
porte d'accès à l'Europe qui leur permet d'éviter
la traversée périlleuse de la Méditerranée
sur des embarcations de fortune. Ce contournement passe par un
long voyage à pieds, à dos d'âne, sur les
toits des trains, tout ça dans une longue traversée
du désert. Chacun se lance à corps perdu en sachant
que s'il lui arrive quoi que ce soit, sa mort sera le prix à
payer pour permettre à ses congénères de
franchir la porte du Paradis.
Ces immigrants risquent le tout pour le tout ! Ce qui est sûr,
c'est que c'est par millions que des africains désespérés
et n'ayant plus rien à perdre, affronteront la forteresse
européenne.
Misère, guerres, maladies, famine : drames, qu'en définitive,
nous ne connaissons qu'abstraitement, car il faut les vivre personnellement
pour appréhender véritablement dans quel enfer ils
précipitent un être humain !
Les gouvernements marocain et espagnol essaient pourtant de se
débarrasser des clandestins en les jetant, en quelque sorte,
par-dessus leur frontière. Des autobus pleins d'Africains,
menottés les uns sur les autres, des larmes de colère
et d'humiliation dans les yeux, les renvoient à leur désespoir
et aux marches de la mort dans le désert, ce qui n'est
pas nouveau !
Hier, un négrier pouvait décider, un matin, de liquider
la moitié de son troupeau d'esclaves et la nouvelle ne
traversait même pas la rivière qui borde sa plantation.
Par contre, le monde est devenu une grande maison de verre dans
laquelle plus rien ne peut être caché.
Ce drame est la conséquence de l'esclavage et de la colonisation.
Ce sont des peuples que l'Europe a laissés indépendants,
sans aucun moyen de se reconstruire ; car tout ce qui était
précieux dans ces pays avait déjà été
dilapidé par les colonisateurs.
Ce phénomène doit faire comprendre à ceux
qui ne veulent rien voir, qu'en risquant de venir mourir aux portes
de l'Europe, les désespérés veulent alourdir
un peu plus la conscience des dirigeants de ce continent qui,
pour sa prospérité, se sont servis des richesses
séculaires de l'Afrique.
Paulo
En
fonction de sa Fonction...
Auto
Plus a suivi, à leur insu, Dominique de Villepin, Nicolas
Sarkozy dans leurs déplacements en voiture.
Ils ont relevé un nombre effarant d'infractions au code
de la route (feux rouges grillés, excès de vitesse
)
Toute la France, selon les micro-trottoirs, s'est montrée
indulgente, clémente, compréhensive, trouvant ce
comportement tout à fait normal compte-tenu des fonctions
occupées par ces messieurs.
A moi, on n'a rien demandé ; alors, je voudrais bien savoir
à partir de quel grade, on a le droit d'échapper
à la Loi.
Par exemple, Moi qui suis Directrice de Concerthau, est-ce que
j'ai le droit de rouler plus vite que ma secrétaire, est-ce
que je peux impunément transgresser les sens interdits,
alors qu'une formatrice, serait, elle, obligée de faire
le tour ?
Monique
Il
pleut sur la maison blanche
Les
jumelles Barbara et Jenna rentrent en trombe dans le salon.
Georges et Laura, assis sur le sofa de cuir blanc, un verre
de Bourbon à la main se retournent comme un seul
homme.
-Y a un problème, les filles ?
Vous avez essuyé vos pieds au moins ? Georges, fais
gaffe tu renverses ton whisky sur le tapis !
-Plutôt oui, vous n'avez qu'à allumer la télé.
-Non, vous savez bien que le dimanche soir est un jour sans.
Papa boit son verre d'alcool hebdomadaire, histoire de se
refaire la main.
-Oui, on sait, mais faites une exception !
Laura, à contrecur, saisit la télécommande
et sélectionne CNN.
Sur l'écran, de luxueux bateaux quittent la rade,
portés par d'immenses vagues qui les catapultent
au milieu de la ville inondée.
Dans les eaux boueuses, des hommes, des femmes, des enfants
tentent de trouver un point d'ancrage.
Des voitures emportées par le courant dévalent
dans ce qui fut une rue de la Nouvelle Orléans, avant
que les digues ne cèdent.
Georges vide son verre cul sec, attrape la zapette, éteint
l'écran.
-Alors Dad, qu'est-ce que tu vas faire ?
-Je vais me coucher. Demain, il fera beau comme
disait mon grand-père.
-Mais Dad
-Allez les filles, laissez votre père se reposer
vous voyez bien qu'il est fatigué, dit Laura en les
poussant vers la sortie.
Laura
se retrouve seule, devant le miroir du vestibule. Elle pousse
un profond soupir, détache la charlotte rose qui
couvre sa tête de première dame des Etats -
Unis, déroule un bigoudi.
La mèche tombe, alors, molle et raide, sur son front.
-Quel temps de merde, avec tout ça ma mise en plis
ne tiendra pas !
Monique |
|
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Des
regards étrangers
Au
18ème siècle, Montesquieu publiait ses Lettres Persanes
à Amsterdam, de manière anonyme, afin de se protéger
de la censure, voire de la prison ou de l'exil. Cet échange de
lettres fictives avait pour finalité de provoquer à travers
le regard étranger, une nouvelle vision de la France, vision
particulièrement critique. Les journalistes du canard, qu'ils
soient Chinois, Polonais, Malgaches, Marocains, Congolais, Brésiliens,
Colombiens ou même Français
ont joué aux Persans
et vous révèlent leurs premiers regards.
La
ville de Sète
Sète
est une ville cosmopolite, riche de culture et de progrès.
Sète, Ile singulière avec beaucoup de touristes
et de rencontres mais des autochtones, défenseurs de leurs
traditions.
Un coup d'il sur le lido magnifique, me fait penser à
notre plage au bord du canal du Mozambique. Ce qui est différent,
c'est qu'ici c'est le bord de la Méditerranée.
Malgré les comportements un peu particuliers des gens de
la ville, j'ai rencontré de temps en temps des gens sympathiques
et accueillants.
C'est pour ça que je suis là, loin de ma famille.
Alice |
|
Lettre
de Jacek à Grzegor à Gdynia en Pologne
Le
24 novembre 2005
Mon
cher ami,
Donc, nous sommes, moi et ma compagne, enfin à Sète.
Je dois dire que cette ville est une ville bizarre : dans toute l'agglomération,
la circulation des véhicules est obligatoire à droite,
à l'exception des ponts que l'on franchit à gauche !
C'est d'ailleurs pourquoi je t'écris de l'hôpital.
Je
te garde mon respect,
Ton
ami
Lettre
de Jacek à Weronika à Sopot en Pologne
Sète
le 15 décembre 2005
Chère
amie,
Tu
sais combien il est difficile pour nos spécialistes de la météorologie
de faire des prévisions précises et fiables, à
la semaine près.
Eh bien, il apparaît qu'ici, les techniciens sont au mieux de
leur art, ils ont des capacités mille fois supérieures
aux nôtres. J'en veux pour preuve une affiche placardée
dans la ville annonçant, plus d'un mois en avance : Neige à
Sète, les 21,22 et 23 janvier 2006.
Je leur tire mon chapeau !
Je
te garde mon amitié,
Yaceck
|
Hé,
oui, c'est ça l'Europe !
Jeudi
soir, le téléphone sonne : " Alors, Alain,
c'est bien la France ? " Lance mon cousin à l'autre
bout du fil. Voilà déjà vingt-quatre heures
que je respire l'air en plein centre ville de Montpellier. En
ce mois d'avril, le printemps semble être une saison où
il ne fait ni chaud ni froid. Mon cousin et moi, avons décidé
de découvrir la ville. Notre première destination
est la grande place de la Comédie. L'aventure commence
! Nous voilà dans le tramway. Mon cousin m'avertit : "
Mon petit Alain, sache que nous avons fraudé. Si jamais
je vois les contrôleurs, nous nous éclipsons ."
Heureusement que rien de ce qu'il craignait n'est arrivé
! Place de la Comédie : quelle grande place ! Nous passons
devant un monsieur assis par terre, devant lui, se trouve une
petite casquette. Mon cousin me dit que c'est un clochard. "
Un clochard ? ", j'ai du mal à le croire. Je me demande
comment un clochard peut être si bien habillé, avoir
des belles chaussures, une belle montre, un téléphone
portable et un lecteur CD . Et Mon cousin de dire, en ouvrant
les mains, : " Hé , oui ,c'est ça l'Europe
! "
Alain |
C'est
décidé,
nous allons vivre à Sète nous annoncent nos parents
Le
30 juin 1956, notre Aronde suit le camion de déménagement
qui se dirige vers Sète. Le calme règne dans notre véhicule
mêlant tristesse et regrets, émotion, peur de l'inconnu
Nos yeux scrutent le paysage, la route défile trop lentement
à notre goût, vers quatorze heures nous atteignons l'entrée
de Sète. Nos yeux s'écarquillent de surprise. Eblouis
par la luminosité du site où communient ensemble mer et
montagne.
Le contenu de la voiture s'anime
Curieux de découvrir ce
que nous réserve la traversée de la ville. Les vitres
ouvertes, un accent chantant qui se promène, nous met du baume
au cur. Nous nous dirigeons vers la marine, les chalutiers sont
arrivés à quai, les pêcheurs déchargent leur
cargaison. Une énorme odeur de poissons frais nous chatouille
les narines, un chariot de filets de pêche encombre la chaussée
créant un chahut d'où s'échappent des altercations
sympathiques.
Une poissonnière ambulante crie " lou pei, lou pei ! "
Suivant la route de la mer nous atteignons la plage de sable fin
Sète est un petit Paradis !
Anne-Marie
Un
étranger à Sète
Quand
je suis arrivée ici, j'espérais que le monde n'attendait
que moi pour le changer, pour apporter mon savoir. Et ce n'était
pas ça. La vie est dure partout, mais surtout quand on est des
étrangers. Les étrangers qui ne connaissent pas la langue,
qui ne peuvent pas exprimer ce qu'ils ont dans leur tête, qui
ne peuvent pas communiquer avec quiconque. Alors j'ai senti la solitude,
le désespoir, le regret d'avoir quitté mon pays. Un pauvre
pays, mais un pays où j'avais mon travail stable, mes amies,
mes parents. Mais bon, ça fait partie du passé maintenant.
Il faut que j'apprenne de nouveau à vivre
Comment ? Avec
tous ces changements, avec les gens de plusieurs nationalités
qui sont autour de moi, avec mes voisins qui sont plus ou moins gentils
Florentina
A
Sète, l'île singulière
C'est
à croire que les gens sont toujours en vacances ! Pas la peine
de se présenter au Crédit Marseillais le lundi. Comme
la plupart des magasins de la rue Gambetta, les bureaux de la banque
sont fermés. J'imagine les employés, après une
balade en mer, revenus de la pêche, attablés sur la place
du Poufre, s'exclamer avec l'accent, d'un il complice : "
Qu'est-ce qu'on passe ! " Justement, le maire, qui est dans le
coin, s'arrête à leur niveau, salue l'assemblée
et les rejoint à table pour le pastis. Aucun garde du corps ne
l'accompagne parmi la foule cosmopolite. Malgré le chahut de
la rue, l'omniprésence de l'eau parvient à calmer les
esprits. Il y a bien de temps en temps chichois en baraquette, pourtant.
Ici, on ne s'emballe pas pour n'importe quoi ; sur la plage, les hommes
gardent leur contrôle face aux femmes, torses nus. Sans doute,
l'odeur de la mer et du " fréchin " les enivre-t-elle
suffisamment. Où est-ce la lumière vive qui les aveugle
à ce point ?
Caroline
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