LE JOURNAL - LE CANARD AGITE


Le Canard Agité est une revue éditée et mise en ligne par l’association Concerthau

Le Canard Agité N°2 - Décembre 2005

 

Sommaire

Vu de l’exterieur

Rencontre
- Josy Corriéri
- “Danse tout Terrain”

Spécial Sète

Société
- La faim chasse le loup du bois
- Il pleut sur la Maison Blanche

Des regards étrangers

Rédactrices en chef : Monique
Maquettiste : Laurent
Dessins : Alain Zarouati
Secrétaire : Nina, Corinne.
Rédacteurs : Nina.Rédacteurs : Nicole, Agnès, Annie, Marie-Colette, Paulo, Monique, Anne-Marie, Florentina, Caroline, Alice, Yaceck, Alain, Nina, Ghislaine, Nadège.



 

 

 

 

 

 

Editorial

En ces temps où nos libertés sont menacées, l'association Concerthau, malgré sa lutte quotidienne pour survivre, persiste à revendiquer le droit à tout être humain de prétendre à une vie meilleure, alors :

Toi, l'étranger*, le réfugié, le métèque*
Qui d'un ailleurs débarques un jour à Sète,
Après avoir galères et exils traversés,
Ici, pose ton baluchon, tu l'as bien mérité.
Et si le cœur t'en dit, pousse la porte de Concerthau
Et tu trouveras peut-être les mots qui guériront tes maux.

*Pour éviter tout quiproquo, les mots
" étranger et métèque " évoqués ici, sont à replacer dans le contexte des chansons des deux Georges Brassens et Moustaki.

La Présidente
Nadège

 

 

 

 

 

 

 



Vu de l'exterieur

 

Le regard qu'un étranger jette sur la France, de l'extérieur, n'a pas grand chose à voir avec ce qu'il découvrira sur le sol français. Vue d'ailleurs, la France incite à l'immigration, elle apparaît comme un pays presque parfait économiquement et socialement. Mais en réalité, elle souffre de graves problèmes structuraux qui génèrent le mécontentement d'un grand pourcentage de la population, française d'origine ou d'adoption.
Berceau de la pensée et de la démocratie, la France accueille chaque année des centaines de gens qui arrivent, poussés par un espoir d'amélioration de leurs conditions de vie. Ces immigrants ont une image - donnée par la politique externe des Ambassades Françaises - d'un pays, évolué en tous points de vue et ils voient leur séjour français comme la solution la plus appropriée à leurs soucis vitaux.
Néanmoins, le manque d'un système d'intégration plus efficace fait augmenter progressivement le chômage, la violence et principalement, la ségrégation raciale. L'accumulation de ces nombreux facteurs d'exclusion, comme l'absence de repères socioculturels, la méconnaissance de la langue, l'isolement, les discriminations, rend cette insertion particulièrement difficile. Par contre, les actions qui permettent d'affermir les conditions d'insertion professionnelle et sociale rencontrent de graves problèmes de financement, comme le prouve parfaitement l'imminente fermeture de l'association Concerthau, à Sète. Cette association a travaillé pour parvenir à répondre aux caractéristiques des exclus - pas forcément étrangers - et pour construire une méthode permettant de lier l'insertion professionnelle, le lien social et la formation.
En somme, il est nécessaire d'intensifier, sans tarder, le soutien de ces véritables projets d'insertion durable, actuellement en péril et de mettre en place plus d'associations comme Concerthau, adaptées à la situation et aux besoins de chacun. Ainsi se réduiront les inégalités et les discriminations, à travers le perfectionnement des conditions matérielles et morales de cette population.

Paulo


Rencontre : Josy Corriéri

Le Lieu Noir est-il si noir que ça ?

Le Lieu Noir est le lieu que partage Josy Corriéri avec la Compagnie Cacahuète, le lieu de danse de Josy à partir duquel s'organisent des spectacles, des stages. Espace créatif, collectif, construit dans un ancien chais sur le quai Rhin et Danube à Sète.
Josy reçoit le canard chez elle dans un merveilleux décor, pour lui parler de son association atypique.
Le Lieu Noir veut être une alternative dans le circuit conventionnel, entre undergroud et institution. Projet très ambitieux! C'est un projet original qui tente de réussir l'alchimie de réunir les Arts de la rue et les Arts de la performance dans une programmation régulière, éclectique, pluriartistique et conviviale.
C'est également un lieu de résidence pour artistes (6 personnes), une salle de répétition, d'exposition, une cuisine, un bar, 3 chambres, des bureaux, des ateliers et des espaces de stockage de décor.
C'est un lieu de formation et de recherche sur le mouvement, qu'anime Josy Corriéri en ateliers.
En avril 2004, lors des Rencontres Méditerranéennes, le hasard nous a fait rencontrer Josy et Pascal qui venaient du Vaucluse pour s'installer à Sète. Ils avaient débarqué, un soir de pleine lune, en fourgon coiffé d'un étrange cercueil… Très vite, tous deux sont allés à la rencontre des gens, ce qui a facilité leur installation. En voisins curieux, nous avons frappé à leur porte. Bien nous en a pris ! Commença alors un partenariat original, profond et sincère. Ils nous ont associés à différents projets (Rencontres Méditerranéennes, Ateliers Croisement : rencontre de cultures, partage d'espaces, spectacles de rues)
Danse, improvisation et créativité:
La danse : " Tout le monde peut danser ", affirme Josy.
" Je m'emploie à développer, en chacun, cette faculté. Leurs corps sont leurs instruments. " ajoute-t-elle.
L'improvisation : " Elle est spontanée, ne passe pas par la réflexion et reste très libératrice. Elle est essentielle par rapport au corps, au ressenti des personnes " explique Josy. Un témoin confie au canard : " Josy à l'art de nous mettre en situation pour que nous exprimions toutes les émotions, les sentiments enfouis en nous."
La créativité :
" L'apprentissage, selon un modèle, limite la créativité. C'est par le mouvement, en l'occurrence, qu'on peut donner libre cours à l'artiste qui est en nous. Si on est créatif dans la danse, on peut l'être dans la vie de tous les jours ; chaque individu développe ainsi ses capacités qu'il multiplie et rend uniques. Ces compétences ne s'arrêtent pas, une fois fermées, les portes du lieu de danse. Elles se développent à l'extérieur. Hélas, cette liberté n'est pas toujours appréciée dans notre monde formaté. "

Outre le côté artistique, l'activité de Josy se révèle être une action citoyenne : qu'elle travaille seule ou en groupe, elle a pour objectif de partager, communiquer et donner.
" Pourquoi le monde du spectacle, ne pourrait-il pas imposer sa vérité au monde extérieur parfois si sombre et si empreint de technicité ? "


Le Vin, toujours le Vin,
nous fait rire et danser !

Le 9 septembre : L'homme inventeur de machines infernales autant qu'inutiles a déboulé à Sète pour mettre sur orbite le Lieu Noir ….
Le 22 octobre : Le Lieu Noir et Emmaüs ont invité des artistes de tous horizons à présenter des performances…
Le 29 octobre : Le " Lieu Noir " s'est associée à la Fonderie et l'association Ciné-Scènes pour organiser " La Fête des Soupes "… 60 soupes en compétition !
Le 10 novembre : Le Lieu Noir nous a invités au concert du Taraf Goulamas à l'occasion de l'ouverture des Rencontres Franco-Roumaines.
Le 13 novembre : Et pourquoi pas ? Novembre, le mois des trépassés a été l'occasion d'aborder ce thème à jamais source d'inspiration des artistes…
Le Lieu Noir accueillera la création de la Cie " Orphéon théâtre Interieur " du Var, " Le jeune prince et la vérité " de Jean-Claude Carrière. Ce spectacle déambulatoire est une vraie dérive péripatéticienne à travers la ville ainsi qu'une performance…
3 séances - 3 parcours différents le samedi 3 décembre 14h30 devant le Poufre, 16h au kiosque, 18h au Lieu Noir.
En association avec le projet de la Fonderie " 3 jours, 3 femmes, 3 formes " le Lieu Noir présentera un après-midi de performances au féminin dans l'atelier de Lili Fantozzi…
Dimanche 29 janvier 2006 dès 16h à l'atelier du jardin des Fleurs - Entrée libre pour les filles.
Depuis 1996, Josy propose son spectacle de rue, Les Filles Rouges, qui se veut interactif.
Formation et recherche sur le mouvement
Les 10 et 11 décembre : samedi après-midi et dimanche toute la journée
Du 27 décembre au 30 décembre : le matin, 2h de danse-impro avec Josy et/ou 2h de chant et musique impro avec Agnès
Présentation de l'atelier le 31 ou le 1er janvier 2006.

CONTACT : Josy Corriéri - 0620715742
Email : kkhuete@club-internet.fr



Sète

Saluons l'initiative rondement conçue et menée. Le secret de cette réussite ?
Avoir su trouver le PROJET qui fédère (peut-être que je sais où), avoir compris que cela passerait par l'implication de tous, par-delà les esprits étroits et claniques (et Dieu sait que ça regorge par chez nous), avoir su convaincre et faire des émules dans tous les endroits ad'hoc (associations, écoles, milieux culturels, VIP…..), et avoir laissé prendre la sauce, longtemps, longtemps…
En bons professionnels de la " COMM' ", notre équipe a su mûrir le projet et en étudier la faisabilité ainsi que les moyens suffisants pour en assurer la crédibilité.
Pourquoi pas à Sète ? Nous avons, Nous aussi, une riche Histoire à raconter, des histoires à conter.
Avec intelligence, enthousiasme, persévérance et un réseau infaillible, l'équipe a pris le temps et s'est dotée des moyens techniques adéquats pour une réalisation de belle facture. Dirigées par les pros, des dizaines et plus de petites mains bénévoles ont alors prouvé toute leur adresse, leur ingéniosité, leur virtuosité pour servir ce projet en le faisant LEUR.
L'alchimie a réussi. Ce que nous avons pu voir était à la hauteur de ce que nous n'osions espérer. Beau.
Ce spectacle est étayé par une mise en scène digne des shows bien cadrés de notre époque, un son adapté et juste avec une bande son originale, un éclairage pointu et une pyrotechnie en phase avec la narration, des chorégraphies qui servent bien le récit, des costumes presque de Roger HART.
En bref, ça le fait ! Et même bien.
Et ce qui le fait encore plus, c'est le côté bon enfant mais juste des comédiens, les VRAIS et nos voisins, nos connaissances et tous les autres qui ont gardé jusque là le secret. Et à SETE, un secret, c'est pas quelque chose qu'on garde bien longtemps au chaud.
Certains ont douté mais sont à présent convaincus. Certains cherchent même à s'approprier un peu des retombées médiatiques en nous faisant croire qu'ils sont pour quelque chose dans ce succès et qu'un peu du mérite leur revient.
Comme il fut bon de voir dans notre VIEUX port, cadre magnifique pour une fois mis en valeur, des Sétois s'animer autrement que Bleus contre Rouges ! Un beau cadeau qu'on va faire là aux Montpelliérains !

Nicole

A la Pointe Courte, l'inventaire !Deux têtes blondes empalées
Une guirlande de flotteurs
Une cage à yucca
Un défilé de filets
Et le bonjour de la grenouille !

Un adieu à De Gaulle
Une porte vers nulle part
Une statue de la liberté manchote
Des citrons en espalier
Et les coquilles Saint Jacques !

Des cornes d'aurochs
Le zizi d'un écossais
Une collection de papillons
Un indien unijambiste
Et les chats sur le toit !

Henri Jouet
Louis Vaille dit le mouton
Le frère de Mario
Chez Kiki et Nono
Et la mare aux canards !

Les sabots d'Hélène
La déesse dans le lierre
La petite sirène
Margot volubilis
Et Agnès Varda !
Une poêle trouée
Un broc émaillé

Le miroir aux canaris
La ruelle des nacelles
Et une panthère rose !

Une boule bordiguotte
Une échelle vers le ciel
Un figuier titanesque
New York taxi
Et un puzzle 1200 pièces !

Les Pescaires
Les Ajustaires
Les Vagaires
Les Servaires
Et un bébé chinois !

L'avis aux habitants
Couper le courant avant d'ouvrir
Ne pas encombrer
Attention aux chats

Bienvenue à la Pointe du rat,
Bienvenue à la Pointe Courte !


Agnès

 

Le Quai de la Marine

Sur le quai de la Marine, Janvier Jordan fait la nique à Charly Christ.
Face à face, ils s'affrontent d'un regard perçant.
- Quelle fut la meilleure pêche ?
La bataille est proche sous le drapeau de l'Europe.
Mais une " hirondelle " en habit bleu s'approche et leur agrafe à tous deux une contredanse. La bataille est nulle, deux points partout.
Alors les deux patrons, Janvier et Charly, partent bras dessus, bras dessous au Lamparo. C'est là que se cuisinent les meilleures spécialités sétoises.
- Non, c'est à la Calanque. " , dit l'autre.
Et la discussion recommence, aux oreilles des badauds qui n'entravent rien au " parler sétois ", une vraie langue interne, inconnue des " estrangers ".
Les deux marins, forts en gueule, s'approchent alors doucement, dans un froissement de papier de soie, réconciliés, amis pour toujours…jusqu'à la prochaine dispute.

Voila Sète, voila le Quai de la Marine.

Annie

Les Daurades

 

Ma, do dou, ainsi commence la légende.

A l'époque où le Languedoc-Roussillon n'existait pas encore, la Septimanie vivait une ère florissante : le commerce allait bon train, les festivités battaient son plein, tous les septimaniens, toutes les septimaniennes mangeaient bon pain.
Seule, la ville de Sète dépérissait : Tous les Sétois étaient devenus glanores, par déprime ou par force.
A trop glamer sur les canaux, à trop glamer au large, ils s'étaient fait boulotter les doigts qui de la main gauche, qui de la main droite, qui des deux mains, par des piranhas en vacances ou des requins affamés. Plus question pour eux, de doudoer. Allez donc nager ou jouer au volley ou au badminton, construire des châteaux de sable quand il ne vous reste que des moignons !
Ils passaient donc leurs journées, à magler sur le quai de la marine dans des gargotes, dans lesquelles les services d'hygiène de l'état n'osaient même plus s'aventurer, de peur d'attraper quelque maladie.
Les choses en étaient là, quand, soudain, au large du Môle, on aperçut de gros bateaux. Rien à voir avec les barques éventrées qui comblaient les canaux. Il s'agissait de magnifiques rondos qui décrivaient des cercles décroissants en approchant du port. Le vent s'était levé et la mer faisait la magla au centre des ronds qui se dessinaient.
Les Sétois accoururent - enfin ceux qui pouvaient encore se déplacer - pour assister à l'événement !
Les rondos manœuvrèrent au plus juste. Les derniers cercles les amenèrent à quai.
A leurs bords, les équipages glamaient dans une langue qui ressemblait fort au français à l'exception près qu'elle ne comportait pas la lettre " r ".

Des rondoyards, hommes noirs rondouillets, mirent pied à terre. Aussitôt leurs sourires s'effacèrent ; de toute évidence, ils étaient glaillons de se retrouver, après un si long voyage, au milieu d'une foule hagarde, muette et manchote dans un décor aussi délabré !
Alors l'Amiral ne fit ni un ni deux et donna des ordres. Immédiatement, de larges filets s'abattirent sur les badauds. En deux temps, trois mouvements, ils eurent capturé tous les zombies sétois, les firent mijoter dans d'immenses marmites prévues à cet effet, armés de leurs gladouillonors. Quand les blancs furent cuits à point, les rondoyards se goinfrèrent, assis au bord des quais, s'amusant à lancer, au loin, dernière eux, les refiefs de leur pantagruélique repas.
Une fois rassasiés, ils entreprirent de nettoyer la ville, passèrent les quartiers au Karsher, et amassèrent les débris sur les restes squelettiques.
C'est ainsi que fut créée la montagne que l'on appelle, aujourd'hui, le Mont St Clair et sur laquelle sont érigées les plus belles demeures sétoises.

Le travail fini, les rondoyards remontèrent alors sur leurs rondos et jetèrent un œil satisfait sur la ville ainsi purifiée.
" Elle a vlaiment meilleule mine, désolmais, cette ville de Sète ! ", furent les derniers mots prononcés par l'Amiral avant qu'il ne donnât ordre à ses équipages de mettre les voiles.

Ma, do, dou, ainsi s'achève la légende.

Canelle


Société

" La faim chasse le loup du bois "

Le monde entier exhorte les autorités marocaines et espagnoles à cesser tout acte de violence et de traitement inhumain à l'encontre des immigrants ou requérants d'asile provenant de l'Afrique subsaharienne.
Ceuta et Melilla constituent pour ces immigrants clandestins une porte d'accès à l'Europe qui leur permet d'éviter la traversée périlleuse de la Méditerranée sur des embarcations de fortune. Ce contournement passe par un long voyage à pieds, à dos d'âne, sur les toits des trains, tout ça dans une longue traversée du désert. Chacun se lance à corps perdu en sachant que s'il lui arrive quoi que ce soit, sa mort sera le prix à payer pour permettre à ses congénères de franchir la porte du Paradis.
Ces immigrants risquent le tout pour le tout ! Ce qui est sûr, c'est que c'est par millions que des africains désespérés et n'ayant plus rien à perdre, affronteront la forteresse européenne.
Misère, guerres, maladies, famine : drames, qu'en définitive, nous ne connaissons qu'abstraitement, car il faut les vivre personnellement pour appréhender véritablement dans quel enfer ils précipitent un être humain !


Les gouvernements marocain et espagnol essaient pourtant de se débarrasser des clandestins en les jetant, en quelque sorte, par-dessus leur frontière. Des autobus pleins d'Africains, menottés les uns sur les autres, des larmes de colère et d'humiliation dans les yeux, les renvoient à leur désespoir et aux marches de la mort dans le désert, ce qui n'est pas nouveau !
Hier, un négrier pouvait décider, un matin, de liquider la moitié de son troupeau d'esclaves et la nouvelle ne traversait même pas la rivière qui borde sa plantation. Par contre, le monde est devenu une grande maison de verre dans laquelle plus rien ne peut être caché.
Ce drame est la conséquence de l'esclavage et de la colonisation.
Ce sont des peuples que l'Europe a laissés indépendants, sans aucun moyen de se reconstruire ; car tout ce qui était précieux dans ces pays avait déjà été dilapidé par les colonisateurs.
Ce phénomène doit faire comprendre à ceux qui ne veulent rien voir, qu'en risquant de venir mourir aux portes de l'Europe, les désespérés veulent alourdir un peu plus la conscience des dirigeants de ce continent qui, pour sa prospérité, se sont servis des richesses séculaires de l'Afrique.

Paulo

 

En fonction de sa Fonction...

Auto Plus a suivi, à leur insu, Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy dans leurs déplacements en voiture.
Ils ont relevé un nombre effarant d'infractions au code de la route (feux rouges grillés, excès de vitesse…)
Toute la France, selon les micro-trottoirs, s'est montrée indulgente, clémente, compréhensive, trouvant ce comportement tout à fait normal compte-tenu des fonctions occupées par ces messieurs.
A moi, on n'a rien demandé ; alors, je voudrais bien savoir à partir de quel grade, on a le droit d'échapper à la Loi.
Par exemple, Moi qui suis Directrice de Concerthau, est-ce que j'ai le droit de rouler plus vite que ma secrétaire, est-ce que je peux impunément transgresser les sens interdits, alors qu'une formatrice, serait, elle, obligée de faire le tour ?

Monique

 

Il pleut sur la maison blanche

Les jumelles Barbara et Jenna rentrent en trombe dans le salon. Georges et Laura, assis sur le sofa de cuir blanc, un verre de Bourbon à la main se retournent comme un seul homme.
-Y a un problème, les filles ?
Vous avez essuyé vos pieds au moins ? Georges, fais gaffe tu renverses ton whisky sur le tapis !
-Plutôt oui, vous n'avez qu'à allumer la télé.
-Non, vous savez bien que le dimanche soir est un jour sans. Papa boit son verre d'alcool hebdomadaire, histoire de se refaire la main.
-Oui, on sait, mais faites une exception !
Laura, à contrecœur, saisit la télécommande et sélectionne CNN.
Sur l'écran, de luxueux bateaux quittent la rade, portés par d'immenses vagues qui les catapultent au milieu de la ville inondée.
Dans les eaux boueuses, des hommes, des femmes, des enfants tentent de trouver un point d'ancrage.
Des voitures emportées par le courant dévalent dans ce qui fut une rue de la Nouvelle Orléans, avant que les digues ne cèdent.
Georges vide son verre cul sec, attrape la zapette, éteint l'écran.
-Alors Dad, qu'est-ce que tu vas faire ?
-Je vais me coucher. “Demain, il fera beau” comme disait mon grand-père.
-Mais Dad…
-Allez les filles, laissez votre père se reposer vous voyez bien qu'il est fatigué, dit Laura en les poussant vers la sortie.

Laura se retrouve seule, devant le miroir du vestibule. Elle pousse un profond soupir, détache la charlotte rose qui couvre sa tête de première dame des Etats - Unis, déroule un bigoudi.
La mèche tombe, alors, molle et raide, sur son front.
-Quel temps de merde, avec tout ça ma mise en plis ne tiendra pas !

Monique


Des regards étrangers

Au 18ème siècle, Montesquieu publiait ses Lettres Persanes à Amsterdam, de manière anonyme, afin de se protéger de la censure, voire de la prison ou de l'exil. Cet échange de lettres fictives avait pour finalité de provoquer à travers le regard étranger, une nouvelle vision de la France, vision particulièrement critique. Les journalistes du canard, qu'ils soient Chinois, Polonais, Malgaches, Marocains, Congolais, Brésiliens, Colombiens ou même Français… ont joué aux Persans et vous révèlent leurs premiers regards.

La ville de Sète

Sète est une ville cosmopolite, riche de culture et de progrès. Sète, Ile singulière avec beaucoup de touristes et de rencontres mais des autochtones, défenseurs de leurs traditions.
Un coup d'œil sur le lido magnifique, me fait penser à notre plage au bord du canal du Mozambique. Ce qui est différent, c'est qu'ici c'est le bord de la Méditerranée.
Malgré les comportements un peu particuliers des gens de la ville, j'ai rencontré de temps en temps des gens sympathiques et accueillants.
C'est pour ça que je suis là, loin de ma famille.

Alice

Lettre de Jacek à Grzegor à Gdynia en Pologne

Le 24 novembre 2005

Mon cher ami,
Donc, nous sommes, moi et ma compagne, enfin à Sète.
Je dois dire que cette ville est une ville bizarre : dans toute l'agglomération, la circulation des véhicules est obligatoire à droite, à l'exception des ponts que l'on franchit à gauche !
C'est d'ailleurs pourquoi je t'écris de l'hôpital.

Je te garde mon respect,

Ton ami

 

Lettre de Jacek à Weronika à Sopot en Pologne

Sète le 15 décembre 2005

Chère amie,

Tu sais combien il est difficile pour nos spécialistes de la météorologie de faire des prévisions précises et fiables, à la semaine près.
Eh bien, il apparaît qu'ici, les techniciens sont au mieux de leur art, ils ont des capacités mille fois supérieures aux nôtres. J'en veux pour preuve une affiche placardée dans la ville annonçant, plus d'un mois en avance : Neige à Sète, les 21,22 et 23 janvier 2006.
Je leur tire mon chapeau !

Je te garde mon amitié,

Yaceck

Hé, oui, c'est ça l'Europe !

Jeudi soir, le téléphone sonne : " Alors, Alain, c'est bien la France ? " Lance mon cousin à l'autre bout du fil. Voilà déjà vingt-quatre heures que je respire l'air en plein centre ville de Montpellier. En ce mois d'avril, le printemps semble être une saison où il ne fait ni chaud ni froid. Mon cousin et moi, avons décidé de découvrir la ville. Notre première destination est la grande place de la Comédie. L'aventure commence ! Nous voilà dans le tramway. Mon cousin m'avertit : " Mon petit Alain, sache que nous avons fraudé. Si jamais je vois les contrôleurs, nous nous éclipsons ."
Heureusement que rien de ce qu'il craignait n'est arrivé ! Place de la Comédie : quelle grande place ! Nous passons devant un monsieur assis par terre, devant lui, se trouve une petite casquette. Mon cousin me dit que c'est un clochard. " Un clochard ? ", j'ai du mal à le croire. Je me demande comment un clochard peut être si bien habillé, avoir des belles chaussures, une belle montre, un téléphone portable et un lecteur CD . Et Mon cousin de dire, en ouvrant les mains, : " Hé , oui ,c'est ça l'Europe ! "

Alain

C'est décidé,
nous allons vivre à Sète nous annoncent nos parents…

Le 30 juin 1956, notre Aronde suit le camion de déménagement qui se dirige vers Sète. Le calme règne dans notre véhicule mêlant tristesse et regrets, émotion, peur de l'inconnu… Nos yeux scrutent le paysage, la route défile trop lentement à notre goût, vers quatorze heures nous atteignons l'entrée de Sète. Nos yeux s'écarquillent de surprise. Eblouis par la luminosité du site où communient ensemble mer et montagne.
Le contenu de la voiture s'anime… Curieux de découvrir ce que nous réserve la traversée de la ville. Les vitres ouvertes, un accent chantant qui se promène, nous met du baume au cœur. Nous nous dirigeons vers la marine, les chalutiers sont arrivés à quai, les pêcheurs déchargent leur cargaison. Une énorme odeur de poissons frais nous chatouille les narines, un chariot de filets de pêche encombre la chaussée créant un chahut d'où s'échappent des altercations sympathiques.
Une poissonnière ambulante crie " lou pei, lou pei ! "
Suivant la route de la mer nous atteignons la plage de sable fin…
Sète est un petit Paradis !


Anne-Marie

 

Un étranger à Sète

Quand je suis arrivée ici, j'espérais que le monde n'attendait que moi pour le changer, pour apporter mon savoir. Et ce n'était pas ça. La vie est dure partout, mais surtout quand on est des étrangers. Les étrangers qui ne connaissent pas la langue, qui ne peuvent pas exprimer ce qu'ils ont dans leur tête, qui ne peuvent pas communiquer avec quiconque. Alors j'ai senti la solitude, le désespoir, le regret d'avoir quitté mon pays. Un pauvre pays, mais un pays où j'avais mon travail stable, mes amies, mes parents. Mais bon, ça fait partie du passé maintenant. Il faut que j'apprenne de nouveau à vivre… Comment ? Avec tous ces changements, avec les gens de plusieurs nationalités qui sont autour de moi, avec mes voisins qui sont plus ou moins gentils…

Florentina

 

A Sète, l'île singulière

C'est à croire que les gens sont toujours en vacances ! Pas la peine de se présenter au Crédit Marseillais le lundi. Comme la plupart des magasins de la rue Gambetta, les bureaux de la banque sont fermés. J'imagine les employés, après une balade en mer, revenus de la pêche, attablés sur la place du Poufre, s'exclamer avec l'accent, d'un œil complice : " Qu'est-ce qu'on passe ! " Justement, le maire, qui est dans le coin, s'arrête à leur niveau, salue l'assemblée et les rejoint à table pour le pastis. Aucun garde du corps ne l'accompagne parmi la foule cosmopolite. Malgré le chahut de la rue, l'omniprésence de l'eau parvient à calmer les esprits. Il y a bien de temps en temps chichois en baraquette, pourtant. Ici, on ne s'emballe pas pour n'importe quoi ; sur la plage, les hommes gardent leur contrôle face aux femmes, torses nus. Sans doute, l'odeur de la mer et du " fréchin " les enivre-t-elle suffisamment. Où est-ce la lumière vive qui les aveugle à ce point ?

Caroline