LE JOURNAL - LE CANARD AGITE


Le Canard Agité est une revue éditée et mise en ligne par l’association Concerthau

Le Canard Agité N°5 - Juillet 2007

Sommaire

Vu de l’exterieur

Rencontre avec Any
Nous ici
Claudette

D’un art à l’autre
La nuit du Conte et Manon

L’Egalité

La Vieillesse

A la Manière de
Anne Sylvestre

Rédactrices en chef : Carole, Joe
Maquettiste : Laurent, Anna
Dessins : Alain Zarouati
Secrétaire : Betty, Léon, Christiane, Nina.
Rédacteurs : Léon, Betty, Carole, Joe, Danièle, Christiane,
Claudette, Adèle, Philomène, Marie, Hellen, Monique

 


 

 

 

 

 

 

Editorial

Vous avez entre les mains le n°5 du Carnard, composé,
telle une valse concertante, avec autant de mots, de
sensibilités, de coeurs qu'une symphonie sur la portée de la vie.
Des regards d'ici et d'ailleurs, de la poésie où se mêlent auteurs connus et inconnus, des sujets forts, traités avec pertinence, légèreté...
Tout un panorama kaléidoscope qui palpite de nos multiples différences en ce lieu unique qu'est Concerthau !

Bonne lecture,
Au prochain numéro,


Joe

 

 

 

 

 

 

 


Vu de l'exterieur

Je suis Algérienne.

Cela fait 16 mois que je suis en France.
Au début, vraiment, c'était difficile parce que j'ai eu un grave accident à la main, j'ai passé tout le temps entre l'hôpital et le kiné pour faire de la rééducation maintenant, ça va mieux.
De plus, j'ai connu beaucoup de personnes Françaises, Italiennes et des Marocaines. Maintenant je suis les ateliers de Concerthau pour perfectionner mon Français et ça me plaît.
Je suis contente d'être en France.

Kaddar Nawel (20 ans)

Tanger

Tanger est une jolie ville mais Sète me plaît beaucoup aussi. Il y a tout ce qu 'il faut, surtout pour la médecine, les médicaments et les spécialistes rien que ça, la France est le meilleur pays du monde. C'est aussi un beau pays, Même dans les plus petits villages, il y a des fleurs, la lumière, l eau au robinet les maisons sont coquettes avec leurs fleurs au balcon, leurs petits jardins et des routes lisses qui passent devant leurs portes ; j'aime la France,

Habiba


___________________

Rencontre avec Any - Nous ici

Nous, Ici... suite est un projet théâtral mené par Any Mendieta, comédienne/ metteur en scène, durant l'année, avec enfants, adultes, parents...
Ensemble pour partager un espace d'expression
artistique où interroger le "Ici", celui du quotidien où chacun peut se retrouver et reconnaître l'Autre.
L'atelier d'écriture à été animé par Michaël Glück, le travail photo par Gilles et les vidéos par l'Oeil du thon. Après neuf mois de gestation, Nous, Ici, à la Fonderie, sous la direction bienveillante et efficace d'Any Mendieta, a été présenté aux publics de la Passerelle, dans le quartier de l’ïle de Thauet de la Fonderie.
Ainsi, se sont retrouvés 5 jeunes et 5 adultes (de 10 à 60 ans), et pour certains, parent/enfant, homme/femme, voisin/voisine, ami/amie...,
Dix regards singuliers, révélés au travers de ces différents supports, tissant une société, aux fils des sensibilités, du vivre ensemble : je suis ici avec vous, là où se fabrique, au-delà des mots, une histoire commune...

Fragments de : Dans ma ville, il y a...

Le marché et ses paroles qui m'habitent, l'odeur du
large qui rend mes cheveux fous, la fenêtre de ma
voisine qui ne s'ouvre plus sur son visage aimé.....
Les canaux qui font de ma ville une petite Venise...,
l'odeur des tielles, les gens attablés, l'aïoli, la rouille, les encornets...
Le bruit des moteurs, l'odeur du poisson, le poisseux des eaux polluées, les crottes de chiens sur les trottoirs....
Les Pierres Blanches où j'aime me promener, ne pas me tordre les chevilles, marcher lentement, perdre mon temps... .
Des sourires échangés ou des moues renfrognées...
Un village, je le vois défiler depuis mon fauteuil...
Il y a des oiseaux qui volent, Des chiens qui font du sport, Un bébé chat qui danse, Un bouffon qui se noie, Des canards sans tête,..

Patricya, Brigitte, Antoine, Rose Blanche,
Marina, Didier, Zeneb

Interview

Betty ayant participé l'an dernier au premier Nous Ici
interroge Joe à la suite du spectacle.

Betty : Combien y a-t-il eu d'heures de répétitions de théâtre ?
Joe : 2 heures d'atelier de technique, voix, déplacements, improvisation, par semaine, plus deux week-ends de travail sur le spectacle.
B : Qui a écrit la scène de l'aveugle et toutes les autres séquences ?
J : Tout a été écrit par nous, au cours de deux ateliers d'écriture animés par Michaël. Ensuite, il a construit le spectacle en puisant des fragments dans nos écrits respectifs.
B : Comment ça s'est passé avec les enfants ?
J : Dans l'écriture, ils sont très libres et ont moins de règles que les adultes. Au cours du travail technique, ils ont été tout à la fois, consciencieux et turbulents, dynamiques et "pas envie", inventifs et ailleurs... Quoi qu'il en soit, le mélange des générations est une expérience enrichissante pour tous.
B : Le spectacle produit était de meilleure qualité que celui de l'an dernier et ce qui m'a frappée c'est que vous formiez une équipe, un bloc, pas de différence entre enfants et adultes, chacun avait sa place...
J: Ce projet en est à sa deuxième année, il a acquis de l'expérience. La prochaine édition sera, peut être, encore meilleure !


___________________

CLAUDETTE

A quoi bon rédiger un chapeau ? Claudette en a suffisamment sur la tête ! A quoi bon présenter Claudio ? Tous ceux qui écrivent la connaissent, à Concerthau ! Les ateliers d’écriture lui ont donné l’occasion de mettre au monde une autobiographie, un recueil de poèmes et un roman policier !

Carole

 

Et encore écrire…

Maintenant j'aime écrire !
Avant écrire, pour moi, c'était difficile.
Moi écrire ? Pour qui ? Pourquoi ?
A l'association Concerthau le premier jour où je me libérai l'esprit, assise, auprès de nouvelles amies, "j'accouchai" de quelques lignes (avec la parole seulement) car l'on dut écrire à ma place mon premier texte.
Si douloureux qu'il fût à sortir de moi, j'en fus tout étonnée, et surprise à la fois.
Je découvrais avec bonheur le plaisir de l'écriture !
Je ne savais pas qu'au fond de mon être dormait ce besoin de communiquer. Aujourd'hui, j'ai du temps à rattraper.
Je vais noircir à mon gré et avec joie plein de pages qu'elles soient roses ou grises sur ma vie passée, afin de laisser, à mes petits enfants, l'empreinte du temps qui passe et qui ne revient pas.
Car, je suis une mamie qui raconte ! Et maintenant me voici une mamie qui écrit !
Et ils demandent à connaître…
Je me suis tournée immédiatement vers mon enfance, qui ne fut pas facile, la misère, la guerre, le divorce de mes parents.
Un jour peut-être je pourrai écrire sur mon adolescence fragile puis, sur ma nombreuse famille sans me flatter, je peux dire que je m'enorgueillis d'avoir été décorée de la médaille de la famille française en 1999 pour avoir eu sept enfants et j'ai déjà quatorze petits-enfants.
L'écriture est devenue mon amie.
Toujours prête à obéir à mon envie, le plaisir que j'éprouve à relire mes textes me transporte littéralement, qui l'aurait cru ?
C'est incroyable !!

 

Chapeau de paille, canne en bois

Tu contiens tout entière, entre un joli bibi
Et le bout de la canne de madame Dalmaly.
Quand tu trempes ta plume, dans l'azur de tes yeux,
Tu chatouilles les mots qui rigolent entre eux ;
Ils réveillent émus les ombres du passé.
Et moi, je les écoute, toujours époustouflée.

Tu es notre aînée, notre aimée.
Tes textes sont de purs chefs-d'œuvre,
Petits bijoux pleins de rimes et de rires.
Ta plume court sur le papier plus vite que son ombre,
Ton imagination cabriole en totale liberté.
Femme libre, tes mots sont comme des bonbons
Que je savoure avec délice…

Tes chapeaux de saison, tes vêtements coquets
Nous font vite oublier tes soixante-quatorze ans.
Souriante et fidèle, de ta voix haut perchée,
Tu m'appelles souvent et on parle du temps,
Des douleurs passagères qui pourrissent la vie
Et des personnes aimées et de tous leurs écrits.

Tes belles robes blanches, ta canne et ton chapeau,
Te siéent à ravir, magicienne des mots,
Dandy au féminin, tes mots doux sont cruels,
Tes mots tendres divaguent, déferlent, dérangent, rebelles !
Surréalistes, tes textes, toujours, nous sidèrent,
Grande dame, gai ramage, plumage libre comme l'air !

Dès que tu entres, je viens vers toi,
Chacune avec sa canne, on se dit : bonjour !
Je te demande de tes nouvelles.
Puis, on va à l’atelier d’écriture.
Tes textes sont rigolos, ils ont du sens ;
Et quand tu les lis, on est carrément dedans !

Les p’tites claudettes de l’atelier Journal

 

 

 

 


_________________

MANON

Pagnol sur garrigue

Le jaune des genêts Incendie la gardiole.
Le mistral soulève la poussière de la scène gagnée sur la garrigue.
Le soleil se couche à hauteur d'acteurs.
Pagnol, ce soir, pour notre plaisir, a troqué son accent !
Wass Granser et kris van triser et cinq autres comédiens, tous flamands de la tête aux pieds, revivent. Jean et Manon, Ugolin et le papé et tous les autres personnages qui jouent à cache-cache
dans les pages de Manon des Sources
et de Jean de Florette.
Décalé, drôle, attendrissant, pétillant, efficace, hilarant, émouvant, ce spectacle en plein air.
La leçon n'en est que plus terrible, plus actuelle.


Jean de Manonke

C'est vraiment incroyable, dis, des flamants s'abritent en Gardioleke pour quelques soirées....
Non, pas des flamants roses mais des flamands d'Anvers, allez dis, manneke.
Dat kan ik maar niet verstaan !
En plus, des gens de Sèteueu, putaing, cong, les observent.
Ils ont même mis des gradins pour qu'on les écoute et les regarde...
Cà, c'est sûr, pour une histoire belge, c'est fort !
Paraît qu'ils cherchent de l'eau !
Avec les rabanelles qui tombent ces jours-ci, faut être vraiment belge !
V'là t'y pas que Brel y nous piquerait Pagnol et presque le pastaga, putaing, cong !
Aïe, Marieke, Marieke, verse une Kriek...
Chacun sa bière et les vaches seront bien gardées...
Manon est un peu blanche de peau mais se dévêtit même quand le mistral s'emballe...
Putaing, cong, Hugolin ! Fais pas le malin...
Arrête de fumer le thym !
Tu ferais mieux de fumer du belge avec des bonnes tartines !
Oui ! Ils en donnent à l'entracte !
On est tous quelque part des étrangers, de Bouziques à Bruxelles, avec ou sans sel.... De Sète à Lille singulière, putaing, cong !
En plus, je suis arrivé en retard, dis... mais çà c'est une autre histoire.... belge bien sûr !

Denis


La Nuit du Conte

Vendredi 25 mai le Théâtre Molière avait donné carte blanche à Yannick Jaulin, qui entouré de conteurs avait choisi de rendre hommage à Henri Gougaud. Le canard y était invité et il ne l'a pas regretté.

“Pour nombre de conteurs de ma génération, l'œuvre de Henri Gougaud, ce fils du sud, a été un révélateur et une source d'inspiration. L'arbre à trésors, L'arbre à soleil, L'arbre d'amour et de sagesse… Ses livres racontent la diversité du vaste monde et disent ce tronc commun qui rassemble les racines communes de l'humanité : le sang et les contes qui sont notre bien le plus précieux, notre élixir de vie.
L'occasion était trop belle, dans le port de Sète, pour rappeler que cette nouvelle oralité prend sa source dans les pages des livres... On ne peut pas davantage opposer l'oral et l'écrit qu'on ne le peut avec le corps et l'esprit. Alors… secouons les pages de ces livres comme les branches d'un arbre gigantesque…
La nuit a commencé dans les ramures de l'arbre. Babillages d'oiseaux et bruissement de la rose des vents en haut de la cime. Et c'est alors que des paroles diverses et étonnantes se sont faites entendre… Après cela, glissant sur le tronc, nous sommes allés nous asseoir à ses pieds pour entrevoir dans le théâtre nos racines communes... "

Yannick Jaulin


J'ai rencontré, au Flo des mots,
Yannick Jaulin, Henri Gougaud,
Et les moucos de Bonnaffé.
Les cuivres des deux musiciens
Se sont donné un mal de chien
Pour dévoyer les pétanqueurs.
Lâchez vos boules, criait le pitre
Faisant tourner la roue des chiffres,
Venez écouter les conteurs !
J'ai astiqué, sur le parvis,
Les lames de la première partie
Ouvrant les portes de la Nuit.
Tapis dans l'ombre du théâtre,
Les conteurs, plus vivants que plâtre,
Aux contes d'Henri, donnaient la vie.
A tour de rôle les compères,
Du poulailler jusqu'au parterre,
Racontaient pour plaire et toucher :
Les gromolos de Madeddu,
Les arbres qui ne donnaient plus,
Le baiser au chameau-Leïla,
La voix claire, Aimée de la Salle,
Une parenthèse théâtrale,
Un curé verdi par l'anneau.
Et des Corbières jusqu'à le Chnord,
Tous les accents tiraient des bords
Faisant escale dans le Poitou.
Et la cerise sur le gâteau :
Du salé, du doux à gogo,
Dans le foyer d'Yvon-Françoise.

Betty et Monique

 

 

 

 

 

Le nombril du conte

 

Sur mon chemin, j’ai rencontré Yannick Jaulin,
Dans la demeure de Maître Poquelin.
Comme le glandeur compte ses glands,
Yannick, sans trève, glane des contes.
A Pougne-Hérisson, le nombril du monde,
Il les ramène avec son inégalable faconde
Puis les relâche, ô merveille,
Pour les petites et les grandes oreilles !

Betty


___________________

VIEILLESSE

 

En Occident, ce qui est jeune est bon et qu'on soit humain ou grille-pain, il n'est pas recommandé de vieillir. La mode est à tout sauf à l'ancien. Et pourtant, une chose est certaine : lorsque nous ne mourons pas, nous vieillissons.
Naturellement, on peut se procurer les moyens de prévenir les marques du temps, anti-tache, anti-calvitie, anti-ride, anti-vieillesse. Sans anti, pas d'espoir.
Mais alors si la vieillesse est un naufrage, la vie ne serait-elle finalement que ce grand voyage de l'absurde où nous traversons périls et mornes plaines pour mieux glisser, ridicules et impotents, sur la pente irréversible de la fatalité ?
Nous devrions respecter nos vieux parce qu'ils sont vieux, un point c'est tout. Les vieux sont des pierres, des arbres tutélaires, des âmes sculptées par le temps. Les vieux sont des témoins principaux.


D’après Yves Béal - Groupe Français d'Education Nouvelle Rhône Alpes

Continuer sa jeunese

J'ai eu pas mal d'expériences dans ma vie et dès l'âge de 54 ans, je me suis sentie décrépie. Quelques rides sur le visage, au coin de l'oeil, on distingue la ride du lion. La mémoire fiche le camp, on cherche les clefs et l'on revient plusieurs fois sur ses pas. C'est catastrophique de perdre la boule.
Et il a fallu porterd des lunettes pour voir de près. Pétard, oui, des lunettes pour faire la couture, d'autres pour regarder de loin !
La sagesse s'acquiert en grandissant et se perd en vieillissant.


Betty

Rêve de vieillesse folle

Ouf ! Ca y est ! Je suis contente, j'ai fini de travailler ; voilà ma retraite, je vais en profiter.
Ma maison secondaire a besoin d'être rafraîchie : je vais tapisser, suspendre des portraits de Molière, de Beethoven, du Général de Gaulle.
Mes meubles ont besoin d'être changés, je vais en acheter.
Que voilà un repos bien mérité ! J'en profite pour passer quelques jours à la plage. Le soleil me brûle la peau, tellement il fait chaud ! Je vais me faire bronzer tout entière pour enlever la blancheur de ma peau.
J'invite des amis, chez moi, pour des soirées, pour jouer aux cartes, dire des histoires, rigoler. Cela promet ! C'est bien parti !
Je suis comblée !


Marie

L’art d’être grand-mère

Eliot et Martin
Donnez-moi la main
Pour partir en voyage
Aux creux des coussins
En faisant câlin
Changeons de paysage

Montons sur la lune
Glissons sur ses dunes
En quête de Pierrot
C'est pas pour des prunes
Que dans la nuit brune
On s'éclaire là-haut

Plongeons dans la mer
Nageons de concert
Pour atteindre notre île
Où même en hiver
Nus comme des vers
On bronze tranquille

Courons sur les monts
Passons sur les ponts
Avant qu'ils ne dégèlent
Nous arriverons
Jusqu'à l'horizon
Au pied de l'arc-en-ciel

Monique

Vieillesse

...Je te vois venir traîtresse
Annonciatrice des adieux
Quand j’étais môme
J’aimais les vieux
Leurs yeux avaient une tendresse
Tâche de m’en donner un peu
De tendresse, de tendresse.

Nougaro

Vieillir... le bon goût

Ils ne sont pas nés alors qu'ils ont déjà commencé à vieillir. Ils ne sont pas immuables comme le pont de Pierre, les bordures de l'étang, les platanes de la route de Montpellier.
Les vieux, c’est le bon goût du vin vieilli en fût.


Hellen

"Dans le mot "VIEILLIR" il y a le mot VIE".

Hubert de Ravinel

L’Afrique et ses vieux

Le souvenir que j'ai de mon arrière-Grand-Père, c'est le temps qu'il avait à nous consacrer, pour nous conter l'histoire de sa vie amoureuse et de sa vie professionnelle, comment il a réussi à conquérir la femme de sa vie.
Je me souviens aussi que mes cousins et moi le taquinions car il était mal voyant, il nous reconnaissait donc à la voix et nous, alors, on se régalait de changer de voix pour se faire passer pour une autre personne.
Ceci pour dire qu'en Afrique, nos personnes âgées vivent avec nous ; cela permet de transmettre le savoir de génération en génération et d'apprendre que la vie est faite ainsi. On naît et on grandit, effectivement on vieillit, nous passerons tous par là, mais moi ,quand je vois qu'en Europe on met nos parents en maison de retraite pour ne pas nous encombrer. Je trouve cela désolant !

Philo


L'EGALITE

Une devise est une phrase courte ou un aphorisme suggérant une ligne d'action ou un idéal. Les pays du monde ont la plupart du temps une devise.
" Liberté, Égalité, Fraternité " est issue de la Révolution française.
Le préambule de la constitution de Novembre 1848 fait mention de la devise Travail, Famille, Propriété.
Boudée par le Second Empire, elle finit par s'imposer sous la IIIème République. On observe toutefois encore quelques résistances, y compris chez les partisans de la République : la solidarité est parfois préférée à l'égalité qui implique un nivellement social et la connotation chrétienne de la fraternité ne fait pas l'unanimité.
Durant la Seconde Guerre mondiale, sous le gouvernement de Vichy, la devise était : Travail, Famille, Patrie

 

Bienvenue au pays des droits de l’homme

Nous étions allés chercher les enfants à l'école. Depuis deux ans, Medhi et Leila étaient devenus mes amis, et nous discutions gaiement quand la sonnerie retentit. Jaillis des classes, tous les enfants s'élançaient en criant vers la sortie... Soudain, face à nous, déboule tel un cyclone, un escadron de policiers, boucliers et matraques bien en vue. Je me tourne alors vers mes amis. Leila, déjà, se précipite à la porte de l'école en criant aux enfants de rester dans la cour. Medhi, lui, semble pétrifié tandis que les "flics" s' élancent à la poursuite de Leila.
Maintenant ils sont sur elle et tentent de l'entrainer dans le fourgon. Des parents s'interposent dans ce chaos d'incompréhensions. Des coups de matraques s'abattent sur les plus hardis tandis que les instits venus à la rescousse entraînent Medhi dans la cour. La petite foule des parents, des voisins emplit maintenant toute la rue ; des cris et des coups fusent de partout. Brusquement, sans tambours ni trompettes, les policiers regagnent leurs fourgons laissant Leila hébétée sur le bord du trottoir. Dans la cour, les enfants, muets de stupeur, assistent au spectacle jusqu'au départ des véhicules...
Sale temps pour les sans papiers, la chasse est ouverte !


Joe

Et pourtant, je nous croyais semblables

Après une journée de tempête, le soleil revient. On avait un rendez- vous à la plage avec des soeurs jumelles. On manquait de câlins, de baisers et il faisait un peu frais. Une fois arrivés à la plage, nos deux donzelles étaient accompagnées de deux autres belles de couleur. Les présentations faites, on était heureux car pour le même prix, on avait le double. Donc on était prêts à leur faire une trombe de baisers : on se croyait si forts, si beaux, si égaux ! Que des copains, presque des frères ! On était sur le point de se coucher avec n'importe qui. Elle était blonde, bien faite, j'étais presque amoureux mais très vite elle me fit comprendre que je n'étais pas assez riche. Elle me plantait là, juste un au revoir et des larmes dans mes yeux.


Léon

 

 

Fresque des droits de l'homme

Avec la courbe de ma lune
Sur l’écran de ton soleil
J’écris ton nom Egalité

Avec la pointe de mon sein
Sur la peau noire de ton ventre
J’écris ton nom Egalité

Avec le carré de l’hypothénuse
Et la somme des côtés de l’angle droit
J’écris ton nom Egalité

Avec le sang des prisonniers
Sur la pierre blanche, brûlante
J’écris ton nom Egalité

Avec le blanc de ma pupille
Sur les bords noirs de ton iris
J’écris ton nom Egalité

Je te vois comme un horizon
Aux paysages variés et colorés
Douces vallées irriguées
Lignes de crêtes déchiquetées
La diversité fait aussi partie de ton intégrité
Un arc-en-ciel écrit ton nom
Dans tous les tons,
Ègalité

Christiane


Comme deux gouttes d'eau

 

Mon frère jumeau et moi, on fuit en nageant : peur de se noyer…
Dans notre dos, la vague monstrueuse…
Quelques secondes avant, nous étions allongés sur la plage du Carlton, insouciants, distribuant des pièces de monnaie aux petits mendiants qui passaient, nous offrant leurs sourires.
Soudain, je vois leurs petits corps rouler dans l'écume, heurtés par des débris : palmiers, pans de mur, portes…
Eclatée, la plage aux ombres salutaires où on se régalait à déguster, devant les paillotes, les glaces aux parfums des îles.
Il est où mon frère ? Son corps, immergé un instant, réapparaît comme un pantin désarticulé, si loin de moi.
Un bateau vole au-dessus de ma tête. Je perds connaissance…
J'apprends que quelqu'un m'a ramassée sur les hauteurs de la ville.
Dans les décombres, je cherche parmi les cadavres, la dépouille de mon frère…
Il est là, son corps emmêlé à celui d'un enfant du ghetto.

Marie

 

 

A LA MANIERE DE ANNE SYLVESTRE

Dans les ateliers d'écriture, souvent la crainte de "ne pas pouvoir" l'emporte et les animateurs cherchent à obtenir ce fameux "déclic", cette "étincelle", ce démarrage, ce moment où quelqu'un va dépasser ses inhibitions et "se lancer".
Les ateliers d'écriture ont justement l'ambition de donner les moyens de réussir cette aventure, et notamment par la fréquentation des textes, des oeuvres, par leur décorticage technique, par la recherche de leurs "plis", de leurs caractéristiques et, disons-le tout net, par leur pillage sans vergogne.
Comme le remarque Anne Roche dans l'ouvrage collectif L'atelier d'écriture, " Ce n'est pas devant un beau paysage, mais devant un tableau qu'on s'écrie : Moi aussi, je serai peintre ! "
L'une des premières réponses des ateliers d'écriture pourra être de proposer des "à la manière de". Évidemment, le souvenir des " Auteurs, des grands Autres, des "vrais" écrivains " peut nous écraser, mais, en permettant d'écrire "comme eux", les ateliers d'écriture peuvent nous aider à trouver comment écrire "comme nous", à découvrir peu à peu notre vraie parole, sans mystification, sans présupposer un "don", une "inspiration", une "prédestination". C'est dans ce cadre que nous proposons, avant chaque soirée poétique des consignes d'écriture " à la manière des poètes ” que l'on rencontre toujours avec plaisir.

Petit tablier, Petit balai

Tablier, le fais-tu, de la flotte, te protéger ?
Le fais-tu, de la pluie, ne point te mouiller ?
Le sais-tu, de ma popote ne point me pastifer ?
Que fais-tu lorsque je dois te laver ?

Dans l'eau chaude,
Je frictionne, je savonne.
Dans l'eau froide,
Adieu la savonnade !

Petit balai s'en va-t-en guerre.
Il ne sait pas le faire.
Petit balai s'en soucie guère,
Sur les pavés, la belle affaire !

Il n'y a point de guerre,
Pourtant Malbrouk s'en va-t-en guerre
Déjà Malbrouk s'en est allé,,,
Reviens ici, petit balai !

Bonjour la savonnade,
Bonjour rivière froide,
Bonjour petit saumon,
Bonjour joli savon !


Betty

Le Brave

 

Du lundi au Samedi
A qui veut l'entendre , il prêche
Mais la journée qu'il préfère
C'est le jour du Seigneur
Pour autant, il ne se signe pas
C'est comme ça !

Le farniente, il connaît
Pas trop vite le matin
Et doucement le soir
Pas vraiment un raton Labeur
C'est comme ça !

Pour pas que ça change
La vie se déroule cool
Sort et mange
Mange et sort après avoir fait
Le tour de tout ce qui le dérange
C'est comme ça !

Tournez manèges, tournez,
Au rythme de la cuillère
Dans la tasse de son café
Quand elle est vide,
Il y met son appareil dentaire
C'est comme ça !

Il a pourtant le coeur sur la main
Offre une pièce au mendiant
Un verre de vin à qui le veut bien
Ses amandes aux canaris
A la chienne une caresse
C'est comme ça !

Il ne sait pas comment lui dire
Qu'il n'a d'yeux que pour elle,
Alors pour sa belle, il reste muet.
Elle est son oiseau
Migrateur, sourde à son appel.
C'est comme ça !

Les gens disent d'elle
Qu'elle ne fait pas toujours
Le printemps
Car ce qu'elle veut, elle,
C'est faire la pluie
Et le beau temps,
C'est comme ça

Adèle

 

Ribambelle

Betty qu'as-tu? (bis)
J'ai mal aux fesses
Une sciatique me blesse

Gisèle qu'as-tu? (bis)
Je suis pucelle
La peau de mon berlingot pelle.

Nadège qu'as-tu? (bis)
Mes oreilles sifflent
de mauvaises langues persiflent.

Rose qu'as-tu? (bis)
J'ai des verrues
D'avoir trop compté les étoiles dans les nues.

Denis qu'as-tu ? (bis)
Je n'entends plus
D'avoir trop secoué le merlu.

Nina qu'as-tu? (bis)
La main enflée.
Sur une pièce je dois pisser.

Adèle qu'as-tu? (bis)
Mon pied me démange
Comme c'est le gauche, j'enterre Solange.

Danièle qu'as-tu? (bis)
J'ai onze doigts
Toute la vie, la chance pour moi.

Monique

 

 

Helène

Jadis, tu étais belle, Hélène,
La guerre faite pour tes doux yeux.
Tu buvais l'oxygène, Hélène,
Le vent soufflait dans tes cheveux !

Tu étais bleue de méthylène, Hélène,
Ton ciel était majestueux.
Ta presqu'île était sereine, Hélène,
Ton teint, bien rarement, laiteux.

Ta peau respirait la verveine, Hélène,
Et ton sourire était de feu.
Ton parfum de marjolaine, Hélène,
Ton rire, calice, spiritueux !

Ton doigté de magicienne, Hélène,
Tes contours si vaporeux,
Toujours, tu filais la laine, Hélène,
Et tu tissais le merveilleux !

Ta démarche si olympienne, Hélène,
Rendait les hommes, tous fiévreux.
Tu étais fête foraine, Hélène,
Ton univers, voluptueux !

Aujourd'hui, tu es bien vieille, Hélène,
Ton ciel est devenu neigeux.
Ton regard de porcelaine, Hélène,
Ton paysage bien nuageux.

Ta peau tannée, ton coeur amène,
Ton toucher dur, abrupt, rugueux,
Ton humeur froide, si kafkaïenne,
Gardienne d'un monde ténébreux.

Jamais, tu ne mourras, Hélène,
A jamais, tu es avec eux.
Alors, oublie ta haine, Hélène,
Immortelle, reine des amoureux !

Carole