LE JOURNAL - LE CANARD AGITE


Le Canard Agité est une revue éditée et mise en ligne par l’association Concerthau

Le Canard Agité N°8 - Décembre 2008

Sommaire

Actualités

Vue de l’extérieur : Aïda

L’immigration

L’Encre Marine

Spécial Monique


Rédactrices en chef : Carole, Joe
Secrétaires : Ginou, Nina, Evelyne
Maquettiste : Laurent
Dessins : Alain Zarouati
Journalistes : Paulette, Shosha, Ginou, Gisèle, Christiane,
Elisabeth, Sylvie, Monique, Carole, Joe, Betty

 


 

 

 

 

 

 

Editorial

Il pleut sur la mare.

Mais nous, les canards, nous ne pleurons pas comme les crocodiles.

Et même, si les larmes
m'étaient données, je reniflerais un bon coup et je cancanerais joyeusement, en pensant à toutes les plumes qui vont s'agiter, avec toujours autant de talent, pour continuer à nourrir mes rubriques des activités de Concerthau, malgré le départ à la retraite de Monique Nicque, la dirlo.

Un Canard Nommé Monique


 

 

 

 

 

 

 


Actualités

Le prochain café Philo aura pour thème l'amour sous toutes ses formes et aura lieu le 18 Décembre de 18h à 20h
au bar Le Because à Frontignan.
Ces rencontres ont lieu tous les derniers jeudis du mois.


Le Because Bar
9 rue Victor Anthérieu - Frontignan
www.lebecause.com - Tél 06 62 62 50 58

Jean-Baptiste DEL AMO, auteur du livre l'éducation libertine, paru chez Gallimard, est venu nous parler avec simplicité de sa manière d'écrire, à l'atelier du mardi soir du 2 Décembre. La rencontre fut chaleureuse.
L'atelier d'écriture du Lundi à 17h avec les lycéens du Centre Social de Villefranche, autour du thème « Les monstres », est reconduit pour un semestre.
 

L'atelier « Maman, jouons avec les mots » devient « Lectures en Chemin ». Nous irons dans différents lieux, à la rencontre des jeunes lecteurs et de leurs mamans, pour partager les plaisirs de lire, de conter, de raconter, avec ce fabuleux outil qu'est notre coffre...

 

Une sortie à l'opéra de Montpellier est prévue le 29 Janvier 2009.

Des ateliers d'écriture autour des spectacles présentés par le théâtre Molière ont lieu le jeudi de 14h30 à 16h30 au Caveau du théâtre.

Ghislaine GIACOBBI assure désormais la direction de CONCERTHAU


Vue de l'exterieur : Aïda

Aïda, un triangle amoureux
Cet Opéra en 4 actes de Guiseppe Verdi raconte l'histoire de deux femmes qui se disputent l'amant Radames.
La magnifique musique de Verdi nous transporte vers les rivages dramatiques de leur conflit.
Aïda, c'est l'un des opéras les plus connus et ses célèbres trompettes ont fait le tour du monde.
Mais c'est avant tout un rêve éveillé où opère l'invraisemblable magie de l'Opéra. Une esclave, partagée entre la fidélité à son peuple opprimé et sa passion pour son maître, poussée à la trahison par son père. Un jeune capitaine victorieux promis à tous les honneurs qui délaisse la fille du pharaon pour mourir avec son esclave. Histoire d'amour éternelle où l'amante fidèle choisit de finir au tombeau où la pierre se referme sur deux amants perdus chantant leur amour.

Grâce à l' Association Cultures du Coeur, Joe et Carole, deux concerthistes étaient ce dimanche 5 octobre au Corum et vous racontent, sous la forme de deux cadavres très exquis * :

Douleur
Je suis à l'opéra et j'entends ma vie dans la voix et les cris d'Aïda .
Ma vie, serais-tu dans ce déchirement, ou peut-être dans cette folle intensité ?
Intensité, flot tumultueux, déluge d'archers, cuivres, coups de tambour.
Tambour qui résonne, la douleur est plus belle que la reine d' Egypte dans sa robe d'argent. La douleur est humble. La douleur est noire. La douleur est belle.
Belle, bellissima, Aïda ! Les trilles de voix voltigent jusqu'au fin fond des alvéoles.
Alvéole n°15, pourquoi nous emprisonnes-tu sans que nous puissions lire, sans que nous puissions voir ?
Tu nous fais mal au cœur, tu nous donnes le vertige. Contraintes de fermer les yeux, nous voici étourdies par toute cette douleur qui nous crie dans les oreilles.
Oreilles aveuglées, yeux écarquillés sur la ligne bleue du surlignage qui dérive au gré du flux et reflux sonore…
Je me laisse emporter.

 

Je crains le seigneur
Comment ne pas crier quand il est l'heure de choisir entre père et amant ?
Amant, trouble des nuits à l'envers du décor.. Le c(h)œur est entré en cadence.
Cadence des cuivres et des cordes qui mène à la guerre, à la victoire peut-être , es-tu l'œuvre de Dieu ?
Dieu, bon dieu, la loge N°15 aurait pu être l'antichambre du paradis et je n'aurais pas dû tendre le cou pour voir leurs voix séraphines.
Les voix du Seigneur sont impénétrables.
Impénétrable la souffrance, tellement je ressens la vie jusque dans ma peur.
Joe & Carole

* cadavres exquis :
une personne écrit une phrase, plie la feuille afin de la dissimuler puis reporte en début de ligne le dernier mot de sa phrase dont se saisit la suivante comme premier mot de sa phrase et ainsi de suite.
L'exercice se pratique en aveugle. Le texte ne prend corps qu'une fois le jeu terminé.


L'immigration

Dans le cadre du soixantième anniversaire de la déclaration des droits de l'homme,
voici des textes écrits en atelier par les participants de
CONCERTHAU sur le thème de : L'immigration, une chance pour la France

L’étranger est comme nous, c'est pourquoi on en a peur. Peur ? Peut-être a-t-il peur, effectivement. Mais peur de quoi ?
A-t-il des raisons d'avoir peur ?
Je me le demande.
Droit d'asile, droit de vivre !
Vivre ensemble autant que nous sommes, avec nos rêves, nos singularités, nos folies, nos énergies. Energies puisées au fond des océans, jaillissant des sources chaudes des montagnes.
Chaude, l'eau coule. Bain de foule pour se mélanger en douce.
Douce était ma mie ; douce était ma France avant que je m'encroûte, moi et ma famille, au moyen d'une consommation imbécile !
Consommer, gagner, rapporter, garder pour soi, individualiser.
Individu, qui es-tu pour te croire supérieur à eux, eux qui font vivre la France autant que nous qui y sommes nés !
Collectif

Il n'était personne ici avant que ne se croisent des navires jamais échoués, parfois en perdition.
Mais l'échange de culture, d'amour, avec ceux qui ne sont jamais repartis a créé de nouveaux savoirs, a créé même l'art de plaire, ont inventé les miroirs et d'autres problèmes qui serrent les tempes, écrasent les cerveaux et même arrêtent la pensée.
La pensée mais pas l'esprit du monde.
Paulette Bos

La danse du ventre peut être une rencontre entre deux peuples multiples et douloureusement frappés.
L'un d’eux frappait fort à la porte, fragile comme la vie d'un immigré dans mon pays si riche du métissage, des langues, des cultures.
Cultures du cœur, cultures qui nous insèrent, qui nous touchent, cultures émotions.
Emotions noires, solaires ; blanches comme l'ivoire, émotions feu d'artifice.
Oui, la mondialisation est un beau feu d'artifice, c'est magique ! Sur le mur, il y a une reproduction de tableau de maître ou de pacotille qui brille.
Et brille le soleil de minuit sur la banquise des solitudes.
Collectif

Mon ami l'Algérien qui travaille avec moi est trop effacé, trop humble mais fier.
Fière je suis, de toi mon pays où la fièvre monte des rencontres masquées, ou plutôt : pas des rencontres aveuglées.
Ne restons pas aveugles à l'amitié qu'ils peuvent nous apporter car leur couleur chocolat peut en faire une couleur crème de marrons quand les marrons sont tirés.
Tiré du lit au quotidien, il se retira dans son cercueil pour retourner dans son pays d'origine.
Terre, terre de mes ancêtres, d'une même nation ou d'ailleurs, peu importe, ils sont notre patrie.
Patrie… est-ce le mot le plus juste pour dire ce qui nous sépare pour mieux nous rassembler
Collectif

 

L'Encre Marine

Quand l'atelier du mardi soir rame sur les rimes de l'encre et de la mer.

Irène la sirène

Premier épisode
Irène et la Fernande

Irène, la petite sirène, n'avait jamais navigué sur un bateau si beau que la Fernande !
A midi pétant, quand l'alarme se déclenchait, la petite sirène perdait la boussole.
Aux commandes de la Fernande, Irène fit donc une queue de poisson à un chalut. En guise de salut, elle ne récolta qu'un majeur brandi que sa naïveté ne lui permit pas de décoder.
La Fernande glissait sur la mer étale pendant que son équipage entamait une boîte de sardines à l'huile, en entonnant le chant des marins : Thon, traîne et ponton.
Ils se laissèrent ainsi emporter au gré du vent et des gréements, sur cette mer aux quatre vents, cette eau silencieuse où se faufilent, joyeux, macreuses, gîtes et palerons.


Deuxième épisode
Irène et la seiche

Nadèche, la seiche, cracha son encre sépia au visage de la belle sirène qui avait l'outrecuidance de nager aux côtés d'Omar, son beau calamar.
Folle de rage, Irène rétorqua en la foudroyant d'un magistral coup de queue. Le mollusque alla s'estramasser contre la coque d'un bateau qui venait de jeter, là, son ancre.
Un marin l'empoigna. Nadèche enroula ses tentacules autour du bras de l'homme tatoué qui d'un mouvement auguste s'en débarrassa, l'envoyant choir sur le pont à peine plus grand qu'un mouchoir de poche. Elle essaya, en vain, de lever l'ancre : elle était en panne sèche…
Pendant que Nadèche suait sang et eau, sur le pont du bateau, Irène avait, comme tour à tour Hilary et Anne Saint Clair, pardonné les incartades de son Omar.
Christiane

 

Encrée en toi
J'ai usé toute mon encre
A te dire que je t'aimais.
J'ai versé tant de larmes
La mer en a débordé.
Elle a envahi les pâturages
Où naguère les vaches paissaient !
Les dernières vagues demeurent
Aux pieds des grands cyprès.
La mer à nouveau est rentrée dans son lit.
Nous avons à nouveau retrouvé notre nid.
L'encre a coulé à flot,
Sur les pages jaunies.
Notre nid vogue sur les vagues
La mer ne l'a pas englouti.
La lueur de la lune laiteuse
Eclaire nos yeux ravis.
Gisèle

 

Encre marine
Le goéland criait
Sur le tableau-falaise
L'ombre bleue de ses plumes
Ecrivait l'éphémère.

Corrigeant de carmin
La ligne irréprochable
De l'horizon marin
Le soleil se couchait.

Le navire voguait
On lisait son voyage
Entre crêtes et pleins
De creux en déliés.

Octopussy séchait,
Sur l'estran ignoré
Des amants enlacés :
L'amarre était jetée.
Monique

 

Quand je regarde la mer…
Quand je regarde la mer,
Je vois l'encre violette
Couler à flot et se répandre
Sur le papier buvard.

Quand je regarde la mer,
Je vois le papier buvard
L'éponger et la boire,
Et un petit navire.

Quand je regarde la mer,
Montent les cris des poissons
Et des pêcheurs à la criée,
Et du petit navire amer.

Quand je regarde la mer,
Le cœur à marée basse,
Petit navire largue les amarres
Pour ne plus boire la tasse.
Carole

 

L'encre et la mer
C'est pas pour vous méprendre
Que je me fais de l'encre.
J'ai vu dans l'encrier
Un beau bateau à quai.
Les perles et les plaintes
Entravent mes étreintes,
Quand, nus pieds, sur la grève,
Je longe enfin la berge.
Lagunage tantôt,
Voyage d'un ban de seiches
Qui de vie à trépas
D'un sépia avorta.
Elisabeth

 

 

 

Spécial Monique

Après 15 ans de bons et loyaux services au sein de l’association CONCERTHAU, je veux vous remercier toutes et tous d’être venus aussi nombreux me témoigner votre amitié. J’ai eu un plaisir immense à travailler à Concerthau, association dans laquelle, au m², on rencontre la densité de population la plus diverse,  la plus attendrissante, la plus enrichissante, la plus étonnante, la plus exigeante, la plus clémente, la plus avide d’apprendre, de partager, de communiquer, de rire, de s’émouvoir, de progresser…

C'est une fleur bleue, le dico, une femme d'action, un capitaine, comme un enfant aux yeux de lumière, pour qui chacun a de l'importance, la tripe rabelaisienne, le goût de l'énorme, une formidable boulimie de vie.

Elle est disponible, inébranlable, noctambule, multiple, intègre, elle danse avec les mots, brave tous les obstacles, dévore à pleines dents ce que la vie lui apporte, balance de naissance, c'est une femme assez bien balancée, tolérante, elle éprouve de l'amour pour les autres, toujours attentive, patiente et de bonne humeur, fidèle en amitié, source de confort moral, ne laisse personne sur le bas-côté, chacun est une cause à défendre, un combat à mener, elle est diabolique, bénéfique, érotique, authentique, bourrique, sans censure, sans devanture, sans prétention,

Monique a soixante ans
soixante ans, le bel âge !
Soixante ans, on suspend les souvenirs d'avant
soixante ans, on regarde devant !
Soixante ans de labeur, de larmes et de joies !
Soixante ans, on pense enfin à soi !
Soixante ans, le bel âge !

Rencontres
Ronde elle l'était pleinement, et pour pénétrer dans son cercle chaleureux de relations, il suffisait d'aimer tenir un crayon et avoir le goût des mots, des facéties et des pirouettes verbales.

Tu as su me donner la reconnaissance, celle qui permet de voir le jour, de sortir la tête de l'eau.