Les Textes de L'atelier Ecritures au Pluriel du mois de Janvier 2013

 

Jeudi 3 Janvier

Consigne 1 :

Accroupi(e) face à la mer, vous réalisez soudain qu'elle vous regarde ainsi que tout ce qui vous entoure. Que pense-t-elle du rivage qui s'offre à sa vue ?

Pour une fois ce matin, je reste muette devant la beauté de cette mer Méditerranée pourtant en colère ; elle crie sa douleur face aux paysages que lui offre le rivage. Des bâtiments en béton imitation bateaux, des routes goudronnées, des murs de pierres sur lesquels elle se fracasse, et avec elle des millions de petits poissons qui grandissent dans son ventre et perdent la vie parce que l'homme l'a voulu ainsi.
L'homme qui dit la chérir est en train de la faire périr en le prenant pour une immense poubelle, mais elle ne peut tout ingurgiter, à un moment ou à un autre elle vomit violemment tout ce qu'il lui fait engloutir ; l'homme la rend malade alors qu'il prétend aimer ses caresses, ses couleurs, son horizon, elle lui donne la vie et lui la néglige, la pollue, la vole sans vergogne.
Voilà ce qu'elle hurle ce matin : son immense douleur et moi, accroupie face à elle, je sens au plus profond de moi son désespoir qui est aussi le mien, je lui promet mon respect, je lui dis que nous sommes des milliers à la défendre, mais contre six milliards d'hommes arriverons-nous à nous faire entendre ? Ou faudra-t-il qu'elle hurle plus fort ?

Anny

La mer me parle soudain, elle s'exprime en son langage de bruissements lancinants, et moi je préfère l'écouter, curieux et stupéfait d'entendre la mer donner son opinion. Elle me parle plutôt dans la tête, c'est surtout des sensations qu'elle me fait ressentir.
Elle me semble triste de voir le manque de respect qu'on a à son égard. Elle se sent de plus en plus sale, avec des déchets qu'on déverse dans son corps, ordures de toutes sortes, rejets de produits dangereux des usines, et bien sûr hydrocarbures des pétroliers et autres qui se brisent sur ses rochers.
Mais aussi, elle est malade de voir ses côtes défigurées et grignotées jusqu'au maximum du bord par des constructions, des ensembles, des lotissements toujours plus laids les uns que les autres.
Je me sens mal à l'aise, gagné par cette mélancolie profonde et, gêné d'appartenir à cette communauté de sans cœur, de sans pitié, je me relève et part, silencieux, coupable et honteux.

Pascal

La mer bonjour, accroupie je vois l'horizon et c'est immense.
La mer que voit-elle ? Moi, accroupie, ensuite la pierre où je suis assise. Après, la route et toutes ces voitures ! Des gens qui ne la respecte pas, parce qu'ils ne sont pas de chez nous, nous qui ne donnons pas l'exemple ! Elle voit le sable.
Si la mer avait la parole elle dirait : « Si demain je veux, je roule doucement, puis de plus en plus vite pour être une vague gigantesque qui dévastera tout sur son passage. »
Mais voilà, il y a que les humains qui parlent et les robots. La mer voit les rochers, les gens qui bronzent, l'été bien sûr ! Les chiens pour l'hiver ! Je parle, je parle mais sans la mer, je ne serai plus à ma place. J'aime la mer !

Josette

C'est dimanche, la journée s'annonce chaude, il fait beau, je décide d'aller à la plage. Je prends mon maillot de bain, ma serviette, mon sac rempli de ma crème, ma bouteille d'eau et mon magazine préféré.
Le car passe près de chez moi, je l'arrête et me voilà la mer ! J'arrive, lui dis-je, plus que deux kilomètres et je suis là !
Je choisis un endroit calme, au bord de l'eau. La plage est déserte, personne encore. Je pose la serviette sur le sable tiède et je m'accroupis tout en pensant aux vacances de l'année précédente, les rencontres faites. Que sont devenus tous mes amis et mes petits flirts dont j'ai encore de très bons souvenir ? Vont-ils revenir cette année ?
Bref ! On verra bien. Y en aura t-il de nouveaux, qui sait ?
Puis d'un coup, je sens de l'eau sous mes jambes, mes cuisses, la mer qui m'appelle : « Viens te baigner ! » Elle m'attire. « Profites-en, tant qu'il y a personne, je suis toute à toi ! »
Je la regarde, d'un bleu foncé, ces vagues qui viennent se perdre sur moi et se retirent. Elle est chaude la mer ce jour-là mais personne ne vient. Alors je vois qu'elle s'intéresse qu'à moi et s'agite.
« Viens, plonge en moi et nage, je te bercerai. » Elle devient envoûtante si bien qu'on se laisserait prendre.
Les oiseaux volent très bas sur ses vagues et me frôlent, elle aime ça ! « Où sont tous ces gens », doit-elle se dire, car sur le sable, il n'y a personne encore. Je suis toute à elle ! Mais pas pour longtemps.
Je restais deux heures à me faire bronzer et puis je la sentais qui venait me mouiller les pieds en voulant dire : « Reviens, je m'ennuie. Il n'y a personne qui veut de moi ce matin ? Où sont les gens ? Viens te baigner ! Je te caresserai ! Quel désert aujourd'hui ! »

Marie

Consigne 2 :

Cotons-tiges qui deviennent tableaux ou sculptures, feuille de palmier séchée transformée en calligramme, ferrailles reprenant vie sous la forme de marionnettes ou de décors, les objets de récupération offrent d'infinies possibilités aux artistes et à leur imagination. Prenez-en un, trouvé au fond d'un placard ou dans la rue, et créez votre propre œuvre d'art.

J'ai trouvé cette boite de conserve dans le caniveau. Nue et abandonnée, j'ai décidé de l'habiller d'un morceau de velours rouge.
Non loin, échappée d'un court de tennis, une balle a volé jusqu'à mes pieds. Aussitôt, sur la boite je l'ai posée. Deux petits boutons bleus lui ont dessiné des yeux. Une épingle à nourrice lui a formé un nez et un bâtonnet rouge, une bouche. Une vieille pelote de laine l'a coiffé d'une chevelure tressée.
Deux bouts de bois l'ont prolongé jusqu'à deux mains découpées dans du papier, tenant une guitare en plastique d'un orchestre de poupée.
Le corps, la tête étant formés, mon petit personnage existait.
Et soudain, sans crier gare, mon rasta de bric et de broc s'est mis à chanter.

Isabelle

Dans ma rue, sur le trottoir, sont plantés deux petits poteaux censés empêcher les voitures de se garer, qu'ils sont laids, d'un vert kaki et crasseux.
Un matin, je descend avec mes pots de peinture et je les badigeonne au gré de mon imagination, je les transforme en un couple souriant, très coloré de rouge, orange, jaune « flashy ». Quelques mégères me disent d'un air pincé : « C'est insensé, vous n'avez pas le doit de faire ça »... D'autres passants, amusés, trouvent l'idée originale et m'encouragent à faire une demande auprès de la mairie pour que tous les petits poteaux de la ville soient ainsi transformés pour donner un peu de vie à leur banalité.
Toujours est-il que cette polémique à elle seule devient une richesse, et les poteaux un lieu de rassemblement pour mon quartier. Bref, une œuvre d'art !!!

Anny

Allumettes qui deviennent une villa-maison.
Dans mon placard, dans le tiroir, il me restait une boîte d'allumettes dont je n'avais plus l'utilité.
Un jour, lassée de la lecture, je décidais d'en faire un montage, ma petite maison-villa et je l’emmènerai au musée en exposition, une fois finie.
Pour cela, il me manquais une maquette en bois, ceci dit à Bricolage, j'ai trouvé tout mon bonheur, le bois, la colle en tube.
Et voilà à temps perdu, avec beaucoup de patience et de calme, j'ai collé une à une les allumettes, en commençant d'abord par l'intérieur, c'est-à-dire la salle à manger, la chambre, salle de bain, les toilettes, tout en miniature.
J'ai peint tout cela et puis j'ai monté la maison tout autour. Quelle patience !Les unes sur les autres, je collais avec précaution et je laissais sécher. Le lendemain, je construisais le toit et cassais quelques allumettes pour faire la cheminée.
Puis après, la peinture : le toit, je l'ai peint en rouge, la façade grise, les volets marrons. On pouvait voir l'intérieur en actionnant les volets, c'était magnifique !
Une fois terminé, je lui donnais un prénom : Villa Marie.
Elle était magnifique, je décidais de la mettre en exposition tellement j'étais fière de mon travail. Avec des allumettes on peut aussi réaliser un objet, ce n'est qu'une question d'amour et d'envie accompagnés de patience et de temps.

Marie

Un objet ? Des allumettes. On s'en sert souvent, pour le gaz surtout et pour les cigarettes, et aussi pour des décors. Des tableaux, les coller les unes aux autres.
On peut s'en servir pour la lumière. Attention, les doigts ! Les allumettes peuvent servir à faire des jeux de société, je parle des allumettes ! Combien de bois a-t-il fallu couper, travailler ? Quand a-t-on inventé les allumettes ?
Pour moi, l'art serait vite fait : je prend un cadre avec pour fond du carton, j'écris « Art Déco » et je signe JD ou JS. Et me voilà partie pour la célébrité.

Josette


Jeudi 10 janvier

Consigne 1 :

Qu'attendent les personnages du tableau d'Edward Hopper : Nighthawks ?

Ce tableau m'inspire la nuit, avec des personnes réelles ou pas. D'après leurs tenues vestimentaires, ils sont après la guerre.
Pour moi, le personnage avec sa main tendu, c'est la nuit. Ce sont, je pense, des habitués qui prennent le temps au temps. Le serveur les écoute.
Qu'attendent ces gens ? De boire et puis, je pense, d'aller se coucher, seuls ou accompagnés.
Que se racontent-ils ? Et bien, leur journée ; ils discutent de tout et de rien.
À voir ce tableau, ils boivent du café. Mais la nuit est longue et il y a peu de monde.
Pour moi, tous ces personnages sont des oiseaux de nuit.

Josette

Ces personnages attendent d'autres amis et amies autour d'un café, pour comploter des affaires entre eux, à l'abri des regards et oreilles indiscrets.
Ce sont des incorruptibles, avisés, là, dans cette salle au rideau coloré bleu foncé, au mur d'un jaune pâle, affairés au comptoir dans cette pièce fermée, attendant qu'ils soient au complet et au total pour commencer.
Ils se donnent des noms de personnes louches à cerner et à appréhender, des rendez-vous à l'extérieur avec leur position de voiture. Ce sont des gens habillés tout en noir avec leur chapeau. Cette femme, leur complice qui leur servira d'appât pour leur besogne.
C'est leur lieu de rendez-vous au quotidien, ainsi on ne peut les remarquer. Le serveur est là pour les renseigner de tous les mouvements qui sont faits dans cette salle. Ils vont à la « pêche » des nouvelles fraîches et une fois réunis, ils papotent pendant des heures, et voilà le travail de ces incorruptibles !
C'est leur retraite personnelle ; à bon escient pour ces gens de la nuit.

Marie

Comment savoir ce qui se passe dans la tête d'un inconnu ? De plus vu par un intermédiaire !
Pourquoi pas, en se référant aux costumes des personnages, l'époque de la prohibition, une livraison d'alcool ? Pour consommer, éliminer un concurrent comme le suggère le personnage tourné vers la fenêtre ?
Les deux clients pourraient être mafieux ou agents du F.B.I. La femme, une couverture ou elle aussi apparentée à la police ?
La posture soumise du barman me fait penser qu'il a affaire à des fédéraux en planque. Comment puis-je penser cela sans avoir connu l'époque ? Magie de la peinture ou réalité des fictions T.V. ?

Patrice

Tout d'abord, le personnage dans la lumière en tenue blanche, le serveur, attend de prendre les commandes et, probablement, l'heure de la fin de son service. C'est une attente toute professionnelle.
Le couple, déjà servi, semble se rencontrer pour la première fois, les regards ne se croisent pas encore, chacun à l'air d'attendre que l'autre fasse le premier pas. C'est une attente empreinte de gêne.
Enfin, le personnage de dos attend peut-être un ou une amie pour finir la soirée. Il donne une impression de grande solitude, planté au bout du comptoir, tête baissée, dos voûté... peut-être a-t-il bu plus que de raison pour noyer un chagrin avant de rentrer chez lui, las et seul comme d'habitude.
Aucun enthousiasme dans ce tableau, aucune gaieté ou fébrilité dans ces attentes, seules la tristesse et la gêne semblent régner, malgré le jaune vif du mur d'en face !

Anny

La nuit ! Les noctambules... Lumières et ombres... Mystère et magie de la Nuit !
Le soleil s'est couché. Lampadaires et vitrines s'illuminent, les cafés et les pubs prennent une autre dimension. Chacun s'est habillé, maquillé, parfumé pour faire une coupure avec celui qu'on appelle « jour ».
Un autre monde s'ouvre... Celui des Nighthawks ? peut-être... Qu'est venu chercher ce couple et ce solitaire autour de ce comptoir ? Détente, évasion, illusion, compagnie ? Ils se sont fait beaux, élégants, un peu en représentation. Devant leur tasse de café de quoi parlent-ils ? De leur journée? De leurs désirs ? De leur déceptions ? Ou sont-ils en train de refaire le monde, loin de leurs contraintes, de leur quotidien et de leur routine ?
Et cet homme, seul sur son tabouret, à qui ou à quoi pense-t-il ? Est-ce pour lui son havre de paix ou cherche t-il seulement une relation, dite de comptoir, où chacun peut échanger ses idées, ses délires ? Tout simplement parler, exister ?
Ce barman, lui, est là, comme tous les soirs. Lui, c'est son travail. Il sert, il écoute, semble prendre intérêt pour ses clients. Mais au fond, écoute-t-il, entend -t-il ce qui se dit ?
À la fermeture, il aura tout oublié, même cette élégante femme et son voisin au chapeau mou.
Et cet homme seul ? Peut-être reviendra t-il demain ou peut-être jamais...
Il semble que chacun vient chercher ou oublier quelque chose, quelqu'un. Trouver un autre monde. Oublier sa routine, son travail. Vivre autre chose dans ce monde nocturne.

Maryse

Est-ce qu'ils attendent en fait ? Ont-ils encore un espoir qui justifierait une attente ?
Elle regarde sa cigarette, pense-t-elle seulement ?
L'homme à ses côtés semble fixer le barman, mais son regard le traverse peut-être.
Celui de dos est là, posé, peut-être par hasard.
Le barman, affairé, regarde ces personnages, intrigués.
Elle attend peut-être que l'homme à côté d'elle et qui lui a offert un café lui donne une nouvelle chance, un moyen d'échapper à l'ennui qui l'accompagne comme un couteau planté dans une blessure fraîche et qu'il ne faut pas retirer de peur de mourir.
Cet homme à ses côtés se dit peut-être que cette femme va l'aimer sans se poser de questions sur son passé, qu'elle n'a pas remarqué l'arme cachée sous sa veste.
L'autre homme, dont nous ne voyons pas le visage, pleure peut-être sur sa vie brisée à cause de cette crise qui lui a tout pris ; les huissiers vide sa maison tandis que lui vide des verres.
Tous, ils attendent un meilleur, un espoir, une lumière, celle du jour qui va bien finir par se lever.
Le barman, lui, attend que tous s'en aillent pour qu'enfin il puisse fermer.

Isabelle

Ces personnages n'attendent rien. Ils préfèrent la nuit où le temps est au ralenti, la nuit où tout s'enveloppe dans un manteau de velours noir, la nuit où tous les sons et les bruits sont assourdis.
Ils échangent de rares paroles sans se regarder, distraits par le barman qui s'active tranquillement.
Ils regardent parfois leur tasse de café fumant et ils ne sont pas pressés de le déguster.
Dehors, une voiture passe rarement, seulement trahie par ses phares. La ville sombre peu à peu dans le sommeil et le silence. Seul ce bar reste un havre de chaleur, de paix.
Le temps s'arrête aux heures où tout le monde dort.
Et là, les clients se sentent bien et esquissent un sourire.

Pascal

Consigne 2 :

Quelles sont vos attentes lorsque vous vous rendez à cet atelier ?

Mes attentes c'est de faire connaissance avec des personnes qui sont dans le même cas que moi ; d'apprendre à écrire correctement et surtout lisiblement.
C'est un lieu de rendez-vous tous les jeudis et on fait des textes sur tout, justement on vient d'en faire un maintenant.
L'atelier dure deux heures. Je parle, je m'exprime. On est plus ou moins nombreux. Il faut avoir de l'imagination, des pensées. Et surtout, réfléchir et tout mettre sur du papier ; c'est intéressant de connaître et d'entendre toutes ces personnes qui pensent différemment sur un même sujet.
Dans l'atelier il n'y a pas de rang à respecter. Je respecte mes voisins d'écriture, et puis, l'ouverture d'esprit de chaque personne peu apporter un bien. Je les remercie. À jeudi prochain.

Josette

Cet atelier, ce que j'attends ? C'est de rencontrer de nouvelles personnes qui, j'espère, seront chaleureuses et transparentes, ce qui n'est pas toujours le cas.
Partager mes connaissances et apprendre les leurs, me nourrir de leurs savoirs ; bien souvent, c'est dommage, il y a des personnes qui ne reviennent pas. On les voit une fois, c'est tout ! Il faut les encourager à participer davantage.
Moi, j'attends de cet atelier l'échange, l'amitié, la communication, la chaleur de l'humanité qui manque quelquefois et apprendre, toujours apprendre, on ne sait jamais assez.
Personne n'est parfait, il faut s'entraider dans cet atelier et ne pas sombrer, il faut maintenir le lien social pour tous et toutes.

Marie

Que peut-on attendre de quoi que ce soit qui est imposé ? Tâcher d'être diplomate, surtout si ce n'est pas son fort. Participer, même si ça semble puéril. S'intéresser, pour que le temps passe plus vite.
Sûrement qu'il est utile et nécessaire de dire oui au chantage pour continuer à vivre dans la précarité. Je tiens cependant à rendre hommage aux personnes qui officient dans ces organismes pour leur motivation.

Patrice

Que peut-on attendre d'un atelier d'écriture ?
D'abord une rencontre, un échange avec d'autres personnes qui sont toujours un plus, moment d'évasion où son imaginaire peut se donner libre court.
Lorsque l'on écrit sur un sujet n'ayant aucun rapport avec son quotidien, peu à peu l'esprit se libère et s'éloigne graduellement de ce qui fait de lui chaque jour son moteur bien rodé.
Quoi qu'il en soit : échange d'idée, partage d'opinion, chacun peut écrire à sa façon, en toute liberté ce qui ne peut qu'être une opportunité positive.

Maryse

Cet atelier m'apporte une discipline puisqu'il faut suivre des consignes à des horaires précis.
Il faut penser vite et juste. Il faut écrire à la main, moi qui écris essentiellement à l'aide d'un clavier. Je suis un dessinateur et les lettres sont une forme de dessin. Sans l'atelier du jeudi, je n'aurais aucune raison de me rendre dans la presqu'Île de Thau.
Je suis assez solitaire et timide, l'atelier m'oblige à lire en public ce qui m'était difficile au début.
Et finalement, j'adore rencontrer de nouvelles personnes qui ont un intérêt commun. Chacune a une personnalité passionnante qui se découvre au travers de ses écrits et des ses points de vue.

Pascal

Jeudi ! Je prépare stylo et feuilles blanches, la confrontation sera rude aujourd'hui. J'ai l'impression de ne pas être inspirée. Mais dès que j'arrive à l'atelier je retrouve la petite équipe qui, comme moi, fait l'effort de venir partager ces moments.
Les consignes sont données, une grande solitude m'envahit, je ne sais pas du tout ce que je vais écrire, et puis, peu à peu, une idée arrive, et une autre, et ainsi de suite. Finalement, un petit texte est là, il vaut ce qu'il vaut mais il m'a permis de faire travailler ma tête, de me concentrer, de me surpasser pour les tournures de phrases, l'orthographe... il faut que les autres me comprennent, ce qui ne va pas de soi.
Durant la semaine, c'est le seul jour en fait où je fais l'effort de m'exprimer par écrit sur un sujet donné ! Mais aussi d'écouter d'autres points de vue sans jugement. Uniquement pour le plaisir.

Anny

Mes attentes, chers amis, se sont vos écrits. Drôles ou tendres, inspirés, réfléchis, reflétant la vie ou l'imagination débordante.
Vos propos aussi, vos débats, vos échanges d'idées animées, contradictoires mais sincères des deux côtés (la vérité n'a pas qu'un seul visage).
Votre envie de vous exprimer en fait, sur tous les sujets : le monde, la ville, le quartier ou votre vie. Vous, qui vous cachez derrière votre plume pour mieux vous révéler. Vous, qui livrez un peu de vous-même tout en restant mystérieux(ses) et secrets(ètes).
Je vous attends tous les jeudis avec l'angoisse de ne pas vous satisfaire, de ne pas être à la hauteur de ce que vous attendez.

Isabelle

Jeudi 17 janvier

Consigne 1 :

Qui est le poète ? Qu'est le poème ? Paul Eluard nous donne sa réponse dans « L'évidence poétique », à votre tour de donner la vôtre.

Le poète est un mélancolique, c'est un rêveur, un amoureux blessé.
Dans ses moments nostalgiques, il couche avec des mots, sur des pages blanches, sa vie, son passé anéanti avec ses tristesses, ses folies. Ses amours perdues et retrouvées, puis la fin de ses retrouvailles pour se retrouver toujours seul à penser ; que sera son avenir sans personne ?
Il raconte son désespoir en lâchant quelques mots qui, il l'espère, seront lus par les personnes assoiffées de lecture, qui auront un regard sur lui. Pour cela, il écrit le bonheur de se livrer aux yeux de ceux qui voudront le regarder. Le poète est aussi un imaginatif. Il peut évoquer la nature, la vie des pêcheurs en mer, leurs souffrances et leurs envies de liberté - quelques fois, cela leur fait du bien ; les catastrophes naturelles comme les tsunamis, tous ces gens qui n'ont plus rien, la mer leur a tout pris, maison, famille, leurs biens, le poète peut l'évoquer et le tracer sans retenues.
Le poète ressent toutes les sensations en décrivant ces images inoubliables que sont ces choses-là, si terribles et dures à la fois.
Le poète est un modèle que tout le monde aimerait être, mais non pas les envies de ces gens-là ; lui, il se détend, réfléchit, cherche dans sa mémoire, il trouve toujours les mots qu'il faut.
Le poète a ses raisons et son savoir que personne peut lui voler. Il reste un poète égal à lui-même, il fait l'amour dans ses lignes à jamais !

Marie

Le poète est celui qui rime, qui rime avec mes sentiments, avec mes doutes, mes douleurs, mes joies et mes colères.
Le poète n'est pas aussi étrange qu'on le croit quand on le croise, ni si banal à chaque coin de rue.
Le poète est un artiste, il crée, il décrit ses songes ou sa vie. Ceux des autres ou celle qui le fuit. Il a du talent à la pelle ou l'illusion que le monde ne vit que par lui. Sous sa plume glissent les lettres dictées par le sang qui éclabousse ses écrits.
Le poème ainsi formé, en vers, en prose pourvu que les mots s'harmonisent, est comme un miroir qui nous renvoie à notre folie, à notre misérable existence ou à l'amour qui nous habite ou nous manque mais qui toujours régit nos vies.
Nous y voyons notre image, (dé)formée par ses mots à lui, dans sa violence ou sa beauté. Il nous révèle notre âme secrète, même si nous refusons de la voir dans sa cruelle nudité.
Le poète n'est pas toujours heureux mais sa vie n'est pas que désespoir, même si des larmes de joie amère ou de tristesse heureuse coulent sur la page blanche qui, comme une jeune mariée, attend l'encre pour l'épouser. Les mots du poème né de cette union, qu'on le veuille ou non, toujours nous interpelleront.

Isabelle

Qui est le poète ? Tout le monde à partir du moment où il ressent et où il a envie de coucher sur le papier son ressenti. Avec des mots choisis ou pas, avec des phrases qui collent le plus possible à son émotion, qui chantent ou qui riment, qui ont un rythme.
Le poète a envie de partager ses émotions abstraites avec des enchaînements de mots concrets. Pour cela il a besoin d'employer certaines règles de base pour écrire un poème : la rime, le même nombre de pieds, mais il n'est pas obligé.
Qu'est le poème ? Un court texte, fort, qui fait passer ce que le poète ressent, qui fait vibrer le lecteur ou l'auditoire.

Pascal

Les poètes sont des gens mal dans leur peau. Excessifs dans leurs sentiments, leur ressenti et leur vie.
Verlaine, Rimbaud, Aragon, Gainsbourg sont cités en exemple à juste titre pour leurs écrits et décriés pour leur existence. Ils expriment leurs visions inapprochables par d'autres donc « injugeables » et incomprises par un être lambda.
L'élite accroche à leurs élucubrations, adhérant par snobisme, d'autres négligent par incompréhension compréhensible. J'ai grandi dans la ville natale de Gérard de Nerval, si je l'avais lu jeune, je serais mort par pendaison.
À réserver aux biens portants, sur ordonnance.

Patrice

Consigne 2 :

Décrivez une personne aimée ou détestée comme vous décririez un paysage (cf : Je ne suis pas seul).

 

Belle
Comme une nuit de pleine lune
Attirante
Comme un panier de fruits murs
Voluptueuse
Comme une rivière cristalline
Vivante
Comme un torrent impétueux
Rageuse
Telle la tigresse blessée
Vénéneuse
Telle sa mère avant elle
Venimeuse
Telle sont avocate hargneuse
Mortelle
Telle la mante religieuse.

Patrice

Belle
Aux cheveux noirs
Longs
Aux tresses serrées
Lumineuse
Dans le regard de l'autre
Aimante
L'amour à volonté
Assouvie
D'un sourire ensoleillé
Jolie
Que le temps n'efface pas
Éblouissante
Aucune ride

Je parle de Maman
Je l'aime

Mais j'aime justement.

Marie

 

Il est comme ces paysages désolés, plats, remplis d'herbes hautes, rêches et folles, secouées perpétuellement par le vent glacial.
Par-ci par-là, des mares à demi asséchées, grises, comme des pièges mortels attendant que le marcheur imprudent marche dedans pour l'aspirer. Des arbres rares poussent péniblement, sans feuilles, le tronc noueux, aux branches torturées qui craquent sous le vent. Et, au-dessus, un ciel de plomb, lourd, déchiré par les éclairs. Les cris des corbeaux noirs couvrant parfois le bruit du vent et du tonnerre.
C'était comme mon père, exactement comme mon père.

Pascal

Jeudi 24 janvier

Consigne 1 :

Le chapiteau s'éclaire, la musique commence, vous avez vu une photo du spectacle alors vous l'imaginez...

Alors que dire de cette photo ? Je vois une personne féminine qui danse sur un fil. Je pense que c'est une piste de cirque donc, sous un chapiteau avec ses lumières et ses spectateurs qui ne doivent pas faire de bruit pour ne pas déranger la gymnaste. Ces personnes, tout autour, doivent avoir les yeux grands ouverts pour fixer cette femme qui fait de grands gestes. J'ai l'impression qu'elle vole au-dessus du sol, tellement le fil est fin. Ses gestes sont larges, elle est sûre d'elle.
Voilà, je ne vois pas grand chose à dire sur cette photo. Il faudrait voir tout le spectacle pour se faire plus d'idées.

Josette

Dans la programmation des spectacles du Théâtre National 2012-2013 j'ai sélectionné "le cirque" en tombant sur cette photo qui représente, me semble-t-il, un spectacle un peu différent du cirque traditionnel.
Bien sûr, et heureusement, il y a le chapiteau, puis une belle et jeune équilibriste, numéro que j'apprécie tout particulièrement, mais tiens, que vient faire ce personnage en bas près d'un lavabo ? Rêve-t-il ? La jeune fille matérialise-t-elle ce songe ?
Cela éveille en moi une certaine curiosité, vais-je retrouver mes joies enfantines ? Les lumières tamisées m'y invitent, semble-t-il.
Les hautes grilles tout autour de la piste, sont-elles là pour nous préserver de quelques attaques d'animaux sauvages ? De quelques monstres ? Suspense et excitation !
Mais je préfère ne pas trop imaginer ce que peut- être le spectacle de peur d'être déçue. Alors, quand les lumières s'éteignent et que la musique commence, je m'ouvre pleinement au spectacle.

Anny

Une femme sur un fil sous une lumière jaunâtre, un homme adossé à un lavabo, des grilles autour de l'arène. Sommes-nous dans une prison ? Est-ce que l'homme rêve de cette femme, symbole d'une liberté perdue ? La lumière évoque-t-elle pour lui le soleil ?
Ou bien les grilles connotent une prison intérieure, celle qui ronge ce couple qui ne se parle plus, qui se tourne le dos, lui, prisonnier d'un mal-être qui l'empêche de s'élever vers la femme qui n'aspire qu'à la liberté, et qui s'envole dans un équilibre fragile sur ce fil d'où elle prend garde de ne pas tomber.
Mais peut-être que ma vision est trop sombre, peut-être qu'il s'agit de la répétition d'un numéro de funambule dans un cirque en tournée. Au moment de la représentation elle aura un joli costume pailleté et lui la portera sur ses épaules, attentif à ne pas la faire chuter. Elle se balancera, légère, une ombrelle à la main. Oui, elle est sympathique cette idée...
Mais les grilles seront là pour matérialiser l'enfermement et on aura quand même l'impression de voir deux bêtes curieuses en cages, exécutant un numéro bien appris et bien rôdé et qui ne leur apporte ni bonheur, ni gaieté.

Isabelle

Les projecteurs convergent soudain vers un point de la piste. Une petite femme fardée et à la musculature nerveuse se tient sur ses pointes de ballerine, elle monte avec une facilité déconcertante une minuscule échelle jusqu'à atteindre le bout d'un fil d'acier qui traverse la piste ronde. Et elle commence à glisser facilement jusqu'à l'autre extrémité, presque jusqu'à voler.
Les spectateurs restent sans voix, on entend juste les glissades métalliques que font ses pieds sur le fil. Et sans perdre de temps elle repart dans l'autre sens, toujours suivie par les poursuites lumineuses, cette fois en sautant et tourbillonnant comme si elle était sur le sol ferme.
Elle arrive à son point de départ et elle repart en sauts périlleux jusqu'au bout de la corde...
Et soudain le noir se fait, et quand la lumière se rallume, elle a disparu. Le public laisse éclater ses cris, sa joie et ses applaudissements.
Magnifique, tout le monde est d'accord avec cela : grâce et délicatesse ont fait l’unanimité.

Pascal

Tous les spectateurs se taisent et admirent cette jeune femme qui marche et danse sur un fil. Elle déambule gracieusement, légère comme une plume sur ce fil qu'on aperçoit à peine, sans aucune attache. Puis, elle disparaît en l'air, emportée par un trapéziste qui la soumet à un autre numéro, qui fait frémir tous ces gens qui n'ont rien perdu du spectacle, la bouche ouverte. Ils restent émerveillés de voir cette souplesse et la belle musique qui s'offre à eux.
Puis les clowns terminent la soirée, car il n'y a pas que les enfants qui les réclament, les parents aussi aiment ça !
Quelle merveille cette lumière sous le chapiteau, tout le monde applaudit !

Marie

Le cirque fait appel au rêve, à l'imagination. Les enfants en sont les dépositaires. Les adultes, des observateurs ! Chez les trapézistes un petit voit des anges, son père des gymnastes. Les enfants rient aux facéties des clowns, les parents aigris les encouragent. Les exercices de dressage d'animaux ont l'approbation du public, peu soucieux du calvaire vécu par les vedettes !
Mais les lumières, les paillettes et la mise en scène nous font nous évader pendant deux heures de spectacle inoubliable, jusqu'au prochain.
Merci les artistes !

Patrice

Consigne 2 :

Personnages d'ombres, de bois ou de papier ils prennent vie grâce aux mains des humains, mais si soudain ils choisissaient de raconter leur histoire...

On m'a découpé dans du papier, bien blanc et propre ; on m'a dessiné deux yeux, un nez, une bouche, me voilà personnifié. Je peux donc exister sans l'aide de personne.
Mais l'on m'a emmené dans ce théâtre pour raconter une histoire, celle d'un petit garçon. Eh bien non ! Ce n'est pas la mienne. La mienne c'est celle que je veux vivre. Celle d'un être indépendant et libre. Je vais m'enfuir et découvrir le monde en évitant la pluie pour ne pas devenir papier mâché, et sur ma route j'en profiterai pour couper les fils de toutes les marionnettes de bois que je rencontrerai.

Isabelle

Un pantin désarticulé pend au bout d'une barre, dans une attitude presque ridicule. Puis, une musique vive peu à peu s'élève et le réveille, l'entraîne dans des pirouettes extraordinaires, il est pris d'une frénésie humaine...
Il nous invite à le suivre et c'est ce que nous faisons. Il semble rire de ses facéties, il est clown, contorsionniste, il est enfant de cirque, né dans cette famille du voyage qui parcours les villes et les campagnes à la rencontre d'humains assoiffés de rêves...
Il tourne et il tourne au son de cette valse à mille temps, nous sommes suspendus à ses mouvements, à bout de souffle quand soudain, tout s'arrête dans un terrible fracas... mais fracas d'applaudissements, quel superbe spectacle... Ce tas de chiffon a pris vie devant nos yeux, nous a raconté son histoire, tellement prenante que nous nous attendions à voir surgir un véritable humain de cette chrysalide.
Bravo vraiment à celui qui manipulait la barre sur laquelle était fixé le pantin, bravo, il a réussi le temps d'un rêve à donner vie et passion à cette marionnette presque ridicule.

Anny

Le rideau en velours rouge s'ouvre sur un minuscule théâtre d'ombres chinoises. Un décor sommaire au premier plan sert à cacher les mains et les projecteurs qui jettent les ombres sur un décor blanc.
Des personnages noirs font leur entrée, une musique de fond remplace leurs paroles.
Il y a de plus en plus de monde, comme si les mains s'ajoutaient les unes aux autres, ils s'agitent frénétiquement. Les personnages passent à fantastiques, immenses, à l'apparence monstrueuse.
La musique prend un ton dramatique, les créatures se mordent, se déchirent, s'entretuent. Les ombres gagnent le fond blanc, puis sortent de la scène, éclaboussent les spectateurs. Dans un bruit horrible, le rideau se ferme.
Alors, un silence inquiétant lui succède, comme si tout le monde était mort. Aussi bien les créatures que les créateurs, dépassés par leur spectacle.

Pascal

Comment les marionnettes pourraient-elles s'exprimer sans les manipulateurs ? Peut-être en prenant leurs places comme cherchent à le faire les ados avec leurs parents ? L'autorité engendre la rébellion. Voyez ces jeunes armés qui tuent dans leurs lycées ou universités. Si demain les marionnettes étaient des robots ? Pourrait-on leur en vouloir de chercher à vivre leur vie et de contrarier leurs géniteurs ?

Patrice

Il était une fois une maison inhabitée depuis un certain temps. Comment cela se fait-il? Depuis que ses propriétaires sont décédés, elle est toujours fermée.
Que cache cette maison qui fait peur aux gens et repousse ses visiteurs d'un grand froid ?
Avant, y vivait un couple et ses deux enfants. Ils sont morts, asphyxiés par la fumée de leur cheminée, mais voyez-vous leurs ombres sont restées dans les murs de leur maison ainsi que leurs esprits. Elle est hantée par eux, ils ne sont jamais partis de chez eux et le font savoir à toute personne qui voudrait l'habiter.
Un jour, un couple s'installa dans cette maison avec également deux enfants. Un soir, les ombres des anciens propriétaires et leurs esprits essayèrent par n'importe quel moyen de se manifester en exprimant le danger qu'ils encouraient s'ils ne faisaient pas
attention à la cheminée qui leur avait coûté la vie. Les chaises bougeaient, pour un oui, pour un non, la lumière s'éteignait, se rallumait comme pour expliquer à cette famille, leur triste sort, leur décès car ils sont toujours là, eux, prisonniers de ces murs.
Le père de famille prit peur et dit à sa femme :
- Appelle un prêtre, un exorciste, pour la maison qui retient prisonniers ces gens-là !
Après le passage de l'exorciste, la maison devint paisible et les âmes et les esprits s'envolèrent dans l'au-delà.

Marie

Je vais choisir le bois.
Je me présente sous l'aspect d'un arbre, un chêne, un platane, peu importe. Tout d'abord, on me scie, on me lave, on me lisse et puis que faire de moi ? Des chaises, des tables, etc.
Il faut dire que je ne suis pas inutile. On se sert de moi pour beaucoup de choses. Faire des maisons, des meubles grand standing, des tableaux...
Je pense qu'on aura toujours besoin de moi. Je sers pour tout, intérieur, extérieur, je suis beau, solide et cher.
Je m'accommode à tous les instants et surtout, dès le froid, à la cheminée.
A une époque, on ne pouvait pas se passer de moi. Orgueilleux ? Pas du tout ! C'est quand même plus beau un chalet en bois qu'une maison en pierre !
Je trouve que je suis un bon placement et surtout d' un bon rendement !

Josette

Jeudi 31 janvier

Consigne 1 :

Georges Brassens voulait être enterré sur la plage de Sète dans sa fameuse « supplique », quel autre endroit de la ville pourrait servir de lieu de repos éternel insolite ?

Mauvais garçon ou perçu comme tel il ne pouvait être embaumé comme les rois ou les puissants. De plus, il n'aurait pas voulu, soucieux de rendre à la terre ce qu'elle avait créé. Au moins gît-il apaisé au « cimetière des pauvres ».
Son bateau, toujours à l'attache dans le Grand Canal, eut été pour ses fans un pèlerinage. Il est malgré cela une attraction. Aurait-il aimé, lui qui appréciait l'anonymat ? Je pense qu'il est mieux au milieu de ses copains et congénères.

Patrice

« Madame la Mort » qui ne m'oublie pas, m'a demandée poliment, « gentillement » : « Où voudrais-tu être enterrée ? »
Je lui répondis : « Mon vœux le plus cher serait d'être enterrée au Mont Saint-Clair, sous la grande croix, et celle-ci serait illuminée tous les soirs par mes soins, pour dire à mes enfants « Bonne nuit » !
Je verrais la Méditerranée, tantôt bleue, tantôt blanche par ses vagues énormes qui arrivent de loin et viennent s'écraser sur le sable doré de la plage !
Je serais seule à méditer en cet endroit magnifique, magique ! Peut-être même ferais-je des « envieux » ? Je ne sais pas ! Un grand doute m'envahit mais après tout cela ne me dérangerait pas ! C'est un endroit unique qui n'appartiendrait qu'à moi ! »
Mais finalement, j'aimerais que « Madame la Mort » ne m'appelle pas trop vite car j'aime aussi le Mont Saint-Clair de mon vivant !

Paulette

Le repos éternel est une histoire de ne plus être fatiguée. Le lieu, peu importe, mais si je devais choisir ce serait la mer où les cendres de mon père ont été dispersées après son incinération.
Maintenant, si je devais me faire enterrer, à quel endroit ? J'aimerais être à la place de la croix sur le Mont Saint-Clair, d'où je protégerais Sète et quelques habitants. Bien sûr, c'est un exemple, de toute façon, enterrée là ou ailleurs... après la mort il n'y a plus rien.
À l'endroit où je serai enterrée j'espère qu'il y fera frais l'été et que tous les animaux ne se soulageront pas sur ma tombe.
N'ayant pas grand chose à dire sur ce sujet, je vous laisse me mettre des fleurs. Merci.

Josette

La plage de la Corniche, j'aimerais car elle peut servir de repos éternel insolite.
C'est une plage où, même à ses moments furieux, il fait bon vivre, à plusieurs ou à deux. Les parasols plantés dans le sable chaud vous font de l'ombre, et tous ces gens vous tiennent compagnie par moment.
Le matin, c'est calme, on doit s'ennuyer ; la journée, tous ces gens qui viennent sur la plage et vous écrasent amoureusement, vous êtes pas seul, la chaleur de leur corps vous rend la vie un instant.
Puis, quand ils partent, c'est le silence, la mer se fait entendre, vague par vague, ce vent qui souffle et soulève le sable. Oui, c'est bien à la Corniche.
Que j'aimerais reposer, enterrée sous le sable pour me sentir toujours vivante. Pour moi c'est un lieu de repos éternel insolite. D'autres se font incinérer et désirent qu'on sème leurs cendres dans la mer, moi c'est différent et original, je l'avoue. Pourquoi toujours au cimetière et pas autrement ? Chacun sa volonté, faut la respecter et la faire connaître.

Marie

Sous le Conservatoire de Musique. Les notes me berceraient dans mon sommeil sans fin. Les doigts fébriles des musiciens s'agitant sur des claviers ou actionnant des archers seraient à mes oreilles la caresse d'un vent léger. Les maladresses des débutants me feraient me retourner jusqu'à ce que leurs progrès m'apportent la paix.
Les voix des apprentis chanteurs résonneraient pour accompagner mon repos, peut-être même tenterais-je de leur faire écho.
Les courses des petits élèves, martelant de leurs petits pieds ma chambre dernière me feraient sourire à leurs passages débridés.
Il n'y a que les jours de vote que le bruit me gênerait, moi qui n'ai jamais aimé la politique. Les voix apportées ce jour-là ne feraient que me déranger et me semblent déplacées dans ce haut lieu artistique.

Isabelle

Consigne 2 :

On vous offre la possibilité de repeindre la façade d'un immeuble de Sète, sur lequel se porte votre choix et comment allez-vous le redécorer ?

J'ai de la suite dans les idées et donc avant d'y être enterrée dessous je redécorerai le Conservatoire de Musique. Bâtiment récent par rapport à certains du quartier, carré, repeint plusieurs fois car souvent tagué.
Alors, je le taguerai à mon tour. Sur une base bleue je dessinerai les partitions des plus grands opéras, avec les livrets écrits en gros pour qu'on les comprenne enfin.
Quelques visages de cantatrices et de ténors célèbres. Des notes qui montent au ciel comme les voix des sopranos, d'autres qui descendent me rejoindre, voix de basses dessus posées.
Et j'y rajouterai des sourires pour se rappeler que la musique c'est le bonheur, avec peut-être une petite larme au coin de l’œil, comme ça, pour l'émotion.

Isabelle

Impossible de faire marche arrière, mais j'aurais voulu rénover la façade et l'intérieur de la Grande Brasserie, rue Euzet. Un endroit détonnant, mythique, incongru et magnifique. Hélas, les bulldozer sont les plus forts.
À l'heure actuelle, rien ne m'inspirerait. L'hôtel de la Coupole, en face de la gare peut-être. Pas l'Opéra, beau comme il est ! Redonner du lustre au Grand Hôtel pourquoi pas ?
Ma façade préférée à Sète était celle de Cauba, l'électricienne, pour son authenticité entre l'occupante et la boutique. Les odeurs qui y régnaient et l'écoute de la vieille propriétaire.

Patrice

Si j'avais la possibilité de repeindre la Gare de Sète, j'y peindrais d'un côté de beaux arbres verts en fleurs : des fleurs rouges, violettes. Ces arbres seraient plantés sur un parterre de pâquerettes jaunes, sous un ciel bleu intense, et de l'autre côté, une immense prairie verdoyante. L'entrée de la gare représenterait un chemin de campagne où il ferait bon pénétrer !

Paulette

Repeindre la façade d'un immeuble, c'est pas facile, donc je repeindrais l'immeuble où j'habite. Je repeindrais tout en blanc, puis je choisirais deux sortes de couleurs et des motif qui représenteraient le symbole de l'Île de Thau, c'est à dire l'étang. Tous les gens qui vont et qui viennent ; l'école, avec les enfants, ce serait peint en miniature. On s'amuserait à peindre les locataires avec leurs animaux, etc.

Josette

Moi, je referais la façade de l'école Arago car elle est sombre et fait plutôt maison qu'école. Je la peindrais de couleur marron, avec des motifs : Attention ! Danger ! Ici y a des enfants, ralentissez S.V.P. !
Je dessinerais des bambins sur les murs pour attirer les regards, car les voitures roulent très vite et ne respectent pas l'entrée et la sortie de l'école.
Devant l'école, sur le trottoir, je mettrais un panneau clignotant rouge pour faire ressortir ma décoration de la façade, pour indiquer l'école. Attention à nos enfants !

Marie