Les Textes de L'atelier Ecritures au Pluriel du mois de Mai 2013

 

Jeudi 2 Mai

Consigne 1 :

Inventez un dialogue de sourd comme celui entre Bobby Lapointe et Andréa.

Andréa c´est toi l´amante la plus belle -
Entre et assieds-toi. Bon allez
Je m´assois. Ma t'es la plus belle... je mate
Veux-tu m´aimer ? - Veux-tu mémé ? Non j´en veux pas, dis, de ta mémé.
Dis, à m´aimer, consens va ! - Dis a mémé qu´on s´en va?
Oh dis-le-lui toi-même
C´est pas mes oignons! C´est pas à moi à lui dire... à mémé qu´on s´en va.

La surdité n'est pas que pathologique ! Elle peut être institutionnelle !
Allez au commissariat pour déclarer une perte de portefeuille, on vous demande vos papiers d'identité, que vous n'avez plus.
Votre voiture est volée, vous êtes responsable des éventuels accidents !
La justice est aveugle selon son emblème, mais aussi aveugle, souvent au détriment de l'accusé.
Il n'y a pas plus sourd que qui ne veut pas entendre. Certes, c'est un handicap, pas un stigmate pour ne pas communiquer ;

Patrice

La belle-mère (femme de mon père, que j'appelle au téléphone) : - Sophie, c'est toi ?
Moi, qui répond : - Non, c'est Nata !
Belle-mère : - Ah, pardon. J'ai une amie qui s'appelle Sophie et qui a la même voix que toi. Je te passe ton papa !
Moi : - Bonjour papa, pour te rappeler mes jeunes années, celles où nous vivions en Belgique.
Mon père : - Tu devrais appeler ton frère Philippe, il va bientôt être père !
Moi : - Mais non, j'aime pas le camembert ! D'abord, je n'en ai pas et ça fait deux fois que je t'appelle, tu ne me réponds pas, tu me prends pour une andouille. Chaque fois la conversation se brouille, on dirait que je te casse les couilles ! Personnellement je préfère les nouilles, mais c'est pas à moi de le dire car le pire est à venir...
Mon père : - On dirait qu'entre nous le bateau chavire !
Moi : - Comme dit Andréa à Bobby Lapointe « on en restera là ». Pareil à Daniel Guichard qui dit à son papa, dans sa chanson triste à mourir « Mon vieux » : « Tout ça parce que tu n'as pas su me parler ».
Mon père : - Je croyais que c'était la clé de la liberté !

Nathalie

 

Sauveur à Gisèle : - Gisèle, fais-moi un café.
Gisèle : - Va le chercher toi-même le balai.

Si en plus on se comprend plus... Il y a des dialogues de sourds et les disputes de sourds :
- Je suis en retard.
- C'est pas grave, j'ai juste un peu le cafard.
- Pour m'excuser, je t'apporte des fleurs.
- Merci, je vais les mettre dans le réfrigérateur. 

Josette

 
 

    - Bonjour, tu as vu, enfin il fait beau !
    - Un cadeau ? Ah ! oui un cadeau pour Nico.
    - Un cadeau mais de quoi tu parles ?
    - Aux halles, un cadeau aux halles ? Mais qu'est ce qu'on va y trouver ?
    - Un jouet ? Pour un gars de trente ans ?
    - Ah ! il a mal aux dents, il faut qu'il aille chez le dentiste.
    - Un jeu de piste ? Ah ! oui c'est amusant.
    - Du ZAN ?! Je croyais qu'il n'aimait pas la réglisse, seulement la menthe.
    - Qu'on lui mente, mais pourquoi ? Ah, pour le cadeau ?
    - Quel cadeau? Je te disais: enfin, il FAIT BEAU !!! t'es sourd ou quoi ???

Anny

    - Régina c'est toi la fidèle amie...Viens voir et écoute-moi.
    - Bien, un moment, je reste.
    - Va, t'es à l'écoute de tous... je t'attends.
    - Veux-tu me parler ? Veux-tu me parlas ?
    - Non, j'en veux plus de ta Régina.
    - Dis à Régina qu'on se parle pas ! Dis à Régina qu'elle s'en aille puisqu'elle parle pas.
    - Oh, dis-le-lui toi-même. C'est pas ma salade ! C'est pas à moi à lui dire... à Régina qu'on se parle pas.

Marie

 

 

Consigne 2 :

Pour Raymond Devos « de tout temps, chaque chose a eu son « anti »

Exemple :
Un muet, c'est un antiparlementaire.
Un athée, c'est un antimoine.
Un croyant, c'est un antiseptique. »
Donnez à votre tour quelques définitions « d'anti ».

Humainement parlant, on ne peut être que contre des choses qui vous concernent, quel que soit le sujet !
Il y a autant de « pro » que d'« anti » mais ces derniers sont plus virulents et mieux médiatisés ! Bien que légales et compréhensibles leurs revendications sont rarement suivies d'effets législatifs. Leurs manifs ont le mérite de leur faire prendre l'air dans les villes polluées !
Les anti-campagnards montent à Paris croyant se faire entendre. Vive la démocratie.

Patrice

Un chrétien, c'est un antinomique
Un raciste, c'est un antivirus (anti-vie-russe)
Quelqu'un qui ne sait pas voler, c'est un antivol
Un propriétaire, c'est un antisocial
Une punaise, c'est un antisémite (un parasite)
Un muet, c'est un antiphrase
Un communautaire, c'est un antipersonnel
Quelqu'un qui est contre le fait d'envoyer des courriers à la mauvaise adresse, c'est un antipollupostage

Nathalie

 
 

La laideur est un antivol
Un pêcheur est un antisèche
Un baba-cool, plus un baba cool, c'est une armée d'antimilitaristes
Être de droite c'est être antiparallèle
Une BCB"G" c'est une antituberculeuse

Anny

Antiparticule : quelqu'un qui est contre les nobles.
Antireflet : quelqu'un qui ne peut pas se regarder dans un miroir.
Antidate : quelqu'un qui refuse se situer dans le temps.
Antidérapante : femme qui s'oppose à Frigide Barjot.
Anticorps : esprit qui refuse de se matérialiser.
Anticolonialiste : qui refuse toute construction en forme de colonne.
Antibiotique : qui est contre les produits bio.
Antireligieuse : personne qui préfère les babas au rhum.
Antipathie : qui n'emploie jamais des mots se terminant par « pathie ».

Isabelle

 
 

Internet, c'est un antivirus
Un fauché, c'est un antimillionnaire
Une chimio, c'est un anticancéreuse
Un socialiste, c'est un anticommuniste
Une pute, c'est une antireligieuse
Sale, c'est antihygiénique
La vieillesse, c'est un antiride
Un sourd, c'est un antibruit
Le soleil, c'est un antibrouillard
Un vaccin, c'est un antivariolique
Un surdoué, c'est un antisèche
Le lait, c'est un antipoison

Josette

Un raciste, c'est un antiracisme
Un étranger, c'est un antinationale
Un antipathe, c'est une personne qui est antipathique
Un médicament, c'est un antibiotique
Un écologiste, c'est un antipollution
Un médicament, c'est un antipaludique
Un croyant, c'est un antipape
Un contre-poison, c'est un antidote
Un produit pharmaceutique, c'est un antidépresseur
Contre la douleur, c'est un anti-inflammatoire
Pour tuer la maladie, c'est un antibiotique
Un produit contre le gel, c'est un antigel
Celui qui subit l'inflation, c'est un anti-inflationniste

Marie

 

 

Consigne 3 :

Imaginez une conversation entre Bobby Lapointe et Raymond Devos.


Bobby - C'est ma Françoise qui aime bien les glaces « Vanille Framboise »

Devos - Framboise, c'est le nom de ma chienne qui se prend pour une femme, figure-toi que l'autre jour on sonne à la porte, elle va ouvrir..

Bobby - Courir ma Françoise, ferait un marathon pour sauver son p'ti « Bichon »

Devos - Riton, oui c'est le nom de mon ami Riton, il lui fait la bise et moi qui faisait le beau il me caresse l'oreille.

Bobby - Non, pas pour l'oseille, mais pour sauver son ti bichon, non c'est pas Riton le nom de son bichon, c'est Raymond.

Devos – Hé ! ça fait dix minutes que j'aboie mon nom, j'suis pas bichon, ni Riton, mais Raymond, R A Y M O N D...

Anny

    - Bonjour Bobby, comment vas-tu ?
    - Doucement, et toi Raymond ?
    - Oui, ça va.
    - Tant qu'il y a la santé, il y a la vie.
    - Tu en est où des tes chansons, Bobby ? Pour les chansons, il faut de bonnes idées.
    - Moi je chante, et toi, tes sketchs, ça avance ?
    - Oui, quand on a de bonnes idées et surtout, du monde pour les écouter.
    - Tu sais, Bobby, sur n'importe quelle scène je me sens chez moi.
    - Raymond, je pars, je te fais pas la bise mais le cœur y est. Salut. A plus.

Josette

    - Bonjour monsieur, c'est vous Raymond Devos ? dit Bobby.
    - Oui, c'est moi, répliqua Raymond, pourquoi, que me voulez-vous ?
    - Je me présente : Bobby Lapointe. Je suis tout ouïe, je vous aime pour vos prestations amusantes et saines. Je ne me lasse pas de vous entendre...
    - Eh bien, répondit Raymond, tenez ma carte de visite et une invitation pour mon prochain spectacle, je vous y attendrai.
    - Merci mille fois, à bientôt de vous revoir Raymond.
    - Avec plaisir Bobby, moi aussi je reviendrai chez vous. J'ai hâte d'y être.

    Marie.

 

Bobby : Devos, c'est toi ?
Devos : Non, je suis Catalan !
Bobby : Allant où ?
Devos : Verrouillé ?
Bobby : Je te parle pas de serrure !
Devos : Rurbain ?
Bobby : Bain musical ?
Devos : Alors, antipersonnel.
Bobby : Je le dirais à Emmanuel.
Devos : C'est ça, bonne nuit. Je te disais : c'est bien antipersonnel !

Nathalie

 


Jeudi 16 Mai

Consigne 1 :

Que donneriez-vous de votre vie (présente, passée, future) à un être cher à votre cœur ?

« Les fleurs à inventer les jouets d´une comète
Les raisons d´être fou la folie dans ta tête
Des avions en allés vers tes désirs perdus
Et moi comme un radar à leurs ailes pendu […]

Les souvenirs de ceux qui n´ont plus de mémoire
L´avenir en pilules toi et moi pour y croire
Des passeports pour t´en aller t´Einsteiniser
Vers cet univers glauque où meurent nos idées [...]

JE TE DONNE TOUT ÇA, MARIE ! »

Léo Ferré

Je te donne
Mon savoir, mon expérience, ma patience, mes conseils t'ouvriront bien des portes qui quelquefois te sont fermées à cause de ta maladresse et ton manque de confiance.
Ma vie passée, beaucoup de folies dans ma tête, du travail toujours, toujours, sans peur du lendemain. Et moi comme une hirondelle, j'allais de patron en patron sans cesse.
Beaucoup de jours sans nuages, je te donne tout ça.
Des bagages pour affronter le futur qui est moche pour toi, il te faudra l'affronter avec fougue, sans reculer. Aller devant et jamais baisser les bras, chercher, toujours chercher, ne rien laisser au hasard dans cet univers glauque où meurent nos pensées. Tu devras relever la tête.
Je te donne tout ça, Marc.

Marie

 

Je donnerais de ma vie passée les joies et les peines pour trier et les mettre au présent.
Je donnerais les erreurs de ma jeunesse pour les remettre en question.
Je donnerais mes années qui sont passées si vite.
Je donne mon expérience à qui veut en faire bon usage.
Je donne aussi de mon temps libre pour justement aller de l'avant. Donc futur.

Josette

 
 

Je te donne

Des soirs de fous rires sous la lune.
Des parfums de fleurs effleurées en chemins.
Des chansons qui voyagent de mon cœur à mes sens.
Des cris qui résonnent jusqu'où la voix n'est rien.

Les images gravées sous mes paupières fermées.
Les silences contre lesquels ma tête se cogne.
Cette nuit qui s'éclaire en annonçant demain.
La raison qui s'obstine à revenir sans fin.

La caresse douce des souvenirs d'enfance.
La pointe ironique des détours du destin.
L'animal qui va se réveiller au contact de ta main.
Les barreaux d'une cage qui se brisent enfin.

La flamme qui consume l'amertume.
Mon souffle pour t'envoler vers la vie.
Des mots qui n'ont de sens que pour toi.
Des couleurs pour éclairer tes yeux.

Isabelle

 

Consigne 2 :

Nos souvenirs d'été sont souvent liés aux vacances. Quel est votre meilleur souvenir d'été ? (vacances ou pas)

Un de mes meilleurs souvenirs est celui de St Hugues à Grenoble, avec les enfants encore en bas âge, quel joli paysage.
Mon aînée Fanny avait douze ans et cela a été pour nous un ultime effort financier de pouvoir profiter d'une semaine de vacances à la montagne, tous frais payés, voyage, nourriture, etc. Quelle aventure !
Cela nécessitait une sacrée organisation comme caser les chats, heureusement un ami de Fanny a pu héberger les minets ! Et nous voilà tous les quatre partis, tous ravis.
Arrivée là-bas, ce qui m'a le plus troublée c'est l'énorme cheminée, où les enfants m'avaient raconté qu'ils venaient avec leur brochettes faire griller leur chamallows durant leur séjour en camp de vacances d'été.
Nous avons été pris en charge par la directrice du camp de vacances et présenté au guide Jérémie qui nous a accompagnés dans nos projets.
Je dois dire que je me suis surpassée. Déjouant la fatigue, montrant une belle mine, malgré le vertige qui m'a toujours habité. C'est ainsi que nous grimpâmes le Mont Charmant à 1200 mètres de hauteur, interdiction de cueillir les fleurs, ce qui ne nous a pas empêché de faire notre herbier en souvenir. J'ai même traversé un ravin en pleine forêt, suspendue aux racines de la colline !
Levée à huit heures pour le déjeuner, souper à vingt heures trente...
Décidément ces vacances d'été sportives m'ont marquée et sont à jamais un de mes meilleurs souvenirs, bien qu'elle aient été très actives, non récréatives !

Nathalie

Mon plus beau souvenir d'été, c'est dans une colonie de vacances au Grau d'Agde.
J'ai remplacé une jeune fille qui était tombée malade, elle avait la varicelle et ne pouvait assurer son job d'été, ses parents m'ont proposé son remplacement et j'ai dit oui de suite.
Le directeur de la colonie « Enfance Joyeuse » m'a fait un contrat de deux mois. Quelle pêche rien que de partir de chez mes parents !
On m'a confié onze enfants, nous étions sept animatrices, on avait le même nombre d'enfants. Moi, j'étais gâtée : j'avais la tranche de onze à quinze ans.
Il m'a fallu quelques heures au début pour m'adapter à tout ce petit monde.
Ce dont je me souviens le plus ce sont mes sorties nocturnes en dancing ; à tour de rôle on gardait les enfants, les unes sortaient, d'autres restaient.
C'était pas sérieux mais de notre âge ; on allaient danser avec des inconnus, flirter. On étaient bêtes mais heureuses, sans attaches et plein de souvenirs.

Marie

Les vacances que je préfère ce sont des petits voyages dans certaines villes, comme Paris que j'ai eu la chance de visiter le jour et la nuit. J'ai fait la connaissance d'une amie sur laquelle je pouvais compter. La distance nous a séparées.
J'ai un autre souvenir d'été quand j'étais plus jeune, mon père venait nous chercher en bateau au bord du canal. Il nous amenait au brise-lames, j'y passais des journées formidables. Il y avait le soleil, la mer et la chaleur que j'adore. J'étais en famille, mais ça c'est le passé, dommage.
Je pense que les souvenirs d'été il y en a plusieurs, il faut juste s'en rappeler.

Josette

Mon meilleur souvenir d'été c'est celui qui n'est pas encore arrivé.
Je suis partie dans un pays dont je rêvais, terre de landes sauvages et d'embruns. Les parfums que je respirais à pleins poumons m'enivraient jusqu'à m'en faire tourner la tête.
La musique qui jaillissait à chaque détour faisait onduler mes pas dans une danse étrange que je ne maîtrisais pas. Mon corps se pliait, obéissait à ces sons magiques que j'imaginais joués par un elfe caché au creux d'une forêt.
Les arbres qui m'entouraient me semblaient des fées tendant leurs branches tels des bras implorant le ciel au cours d'un étrange rituel.
Arrivée au cœur d'un charmant village, le sourire des habitants m'invitait à m'asseoir à une table dans un pub où des rires réchauffaient mon âme.
Les chansons entraînantes créaient une ambiance joyeuse dont je n'avais pas envie de m'éloigner.
Ce souvenir n'est sûrement qu'un rêve mais quand je ferme les yeux il me semble bien réel.

Isabelle

Jeudi 30 Mai

Consigne 1 :

Choisissez l'un des tableaux du trityque d'Émile Troncy, identifiez-vous à l'un des personnages et racontez le Sète (Cette) du XIXème siècle du point de vue de celui ou celle que vous êtes devenu.

Aujourd'hui, il fait beau temps. Il est vrai que cet hiver fut plus rude qu'à l'accoutumée.
Cela fait du bien d'avoir quelques rayons sur nos beaux canaux, que même le Corse qui nous sert d'empereur nous envierait.
Les voiles étaient de sortie, mais seule une vapeur avait osé flotter. Mes vieux os m'avaient presque fait renoncer à sortir, mais le devoir du Seigneur dont la douceur chaleureuse nous a comblés ce jour a triomphé de ma paresse.
Après l'office, les Cettois avaient l'habitude de se réunir pour déjeuner et se divertir au bord du grand canal. Quand j'arrivai avec ce qui jusqu'à cette belle matinée m'avait servi de parapluie, je sentis brièvement les regards se tourner sur moi.
« Quelle Folle ! » devaient-t-ils se dire. Mais voyons, le soleil après un tel déluge ne peut être qu'incertain. Et quelle ingéniosité, car en fait de parapluie je dispose désormais d'une ombrelle, ce qui à mon âge ne se néglige point.
C'était là un troupeau de pêcheurs, de petits bourgeois et de marmots à peine sevrés exhibant leur quadrupède odorant. Une bonne mère apporta des fraises qu'il me faudra bien goûter.
Dans un élan de frénésie aussi soudain que spontané, un des jeunes pêcheurs se dévêtit pour plonger dans l'eau encore bien fraîche. Un geste qui trempa tout le monde, sauf moi qui avait mon parapluie.

Slimane

J'observais. Je m'imprégnais de l'ambiance, ce bout de terre hier inconnu me replongeait dans mes arcanes.
Je les voyais tous affairés. Le soleil inondait le lieu, les reflets de l'eau rythmaient leurs gestes, même le bateau participait, il oscillait d'un côté, de l'autre. Il se laissait envahir, il évaluait sa charge. Il était responsable de la journée.
Après, il se laisserait bercer au gré de la mer et porterait sa carcasse pesante vers d'autres lieux.
Il reviendrait demain ou plus tard pour m'aider à me fabriquer de nouvelles  émotions.
Il aurait, une fois de plus, tutoyé les vagues, ses flancs porteraient la marque d'autres territoires et moi je serai restée à l'attendre.
J'aurais guetté et appelé pour l'entendre me raconter, comment, au-delà de mon regard, au-delà des nuages, au-delà de mon imagination des hommes vivent.

Je lève la tête, tous son occupés, leurs muscles sont en action, de leurs gestes doit naître demain, et demain je serai encore là, au rendez-vous des échanges.

Corinne

Du haut de ces falaises, je me vois accompagnée de plusieurs personnes dont une femme qui a une ombrelle, donc je suis en été.
Il fait très chaud, je vais en balade avec deux enfants et des amies. J'ai pris mon panier et nous allons pique-niquer, c'est dimanche, tout le monde prend son temps. Je discute de tout et de rien, la journée est paisible, je vois un bateau qui passe lentement devant nous. C'est dimanche, alors nous ne sommes pas pressés, moins de contraintes.
Pour en revenir à mon époque, la vie était plus difficile mais je pense plus agréable. J'aurais bien aimé faire un voyage dans le temps.

Josette

Cette, Sète actuellement, quel changement d'époque ! Les monts et bords de mer sans maisons, d'où l'on respirait un air très sain rempli d'iode pour dégager nos nez bouchés, alimenter nos poumons.
Petites filles sages, avec ma cousine on aimait se promener sur la plage, pas en maillot de bain mais habillées sobrement d'un pull et d'une jupette longue.
Des barques avec leurs pêcheurs passaient, d'autres photographiaient les environs ; tous ces gens qui papotaient en marchant tout le long de la plage ; la mer d'un bleu turquoise qui vous tente.
Les chiens étaient heureux, couraient après les oiseaux qui passent. Le soleil qui s'écrasaient sur les ombrelles. Que le temps a passé depuis.
Eh oui ! C'était Cette. Il n'y a pas que le nom de la ville qui a changé, c'est Sète maintenant, les gens sont différents.
La nature n'est plus respectée comme avant, les gens polluent et se déshabillent facilement. Moi aussi je tombe mes vêtements pour laisser paraître mon maillot.
On ne prend plus le temps de promenades sur la plage, on se couche, on se fait bronzer, et plus de communications.
Avant j'étais sage, tenue sobre, maintenant je vis et suis le mouvement de tous ces gens qui m'entourent. Chacun à son époque, faut la vivre telle qu'elle est. C'est Sète avec un S et non avec un C.

Marie

Le tableau représentant les loisirs m'inspire. Pourquoi ? Parce qu'il s'y trouve tout ce dont j'ai rêvé. Le parapluie qui prédomine sur le tableau, symbole de protection, même sous la pluie on pourra s'amuser.
L'agricultrice et son panier qui porte à manger. Son panier garni de fruits nous assurera une belle vie.
Les enfants, les animaux nous apporteront le repos et la distraction afin de nous éloigner s'il le faut des bougons.
L'homme solitaire lisant une revue nous donnera des nouvelles, nous garantissant que la vie sera belle !
Enfin, les trois hommes fuyant et changeant de foyer me font penser au film « Titanic » et courent donc dans la panique, de peur de ne pas être embarqués dans cet immense paquebot qui leur semble trop beau, celui de l'aventure qui les mènera vers un meilleur futur.
En effet, je ne peux m'empêcher de m'identifier à ces trois étrangers dont l'allure reste toutefois militaire, bien décidés à vaincre les enfers. Ils portent sur leurs épaules deux bâtons, bien décidés et le troisième porte une bassine afin d'y mettre les viscères !
Le couple suivant les enfants reste passif et attend patiemment que vienne le bon moment. Celui d'embarquer vers la liberté, peut-être Sète les mènera vers d'autres frontières ! En tout cas, la ville de Sète se veut être la représentatrice sans frou-fou ni manière. Le bon Georges Brassens le chante sous tous les tons sans prétention.

Nathalie

Consigne 2 :

Nous somme en 1943, sur sa barque le pêcheur solitaire peint par Colette Richarme songe à un Musée de la Mer. Imaginez-le avec lui.

Ce musée, je le vois dans un bâtiment rond comme un phare, ou un sémaphore.
Dans la salle d'accueil, des photos montrant la vie des pêcheurs en mer, sur des chalutiers, des barques, remontant leurs filets sous le grain ou le soleil.
À l'étage, des maquettes, des instruments de navigation, la barre grandeur nature d'un navire (pourquoi pas celle d'un bateau pirate ou de contrebandiers), des pavillons accrochés au mur formant une frise nous permettraient de nous imaginer voyager sur les mers du monde.
On pourrait y entendre en fond sonore les chants des marins que ceux-ci entonnent pour se donner du courage, oublier leur dure besogne et qui leur permettent d'évoquer les longs mois passés loin de leur famille et leur joie de rentrer au port.
La faune et la flore sous-marine ne seront pas oubliées. Au deuxième étage, des vidéos seront projetées où nous verrons les espèces vivantes évoluer et qui rappelleront leur fragilité, nous engageant à les respecter et à les protéger.

Isabelle

Tu es ma seule confidente, mais la plus belle de toutes. Homonyme de celles qui donnent la vie, ta mission est la même : porter tes enfants loin, le plus loin possible et t'ouvrir au lieu de te fermer.
Nous ne sommes pas tous tes enfants, nous n'en sommes pas tous dignes. Beaucoup préfèrent la Terre, malgré sa fermeté et sa rudesse. Bien que douce et fuyante, tu es bien plus redoutable : trop longtemps dans ton étreinte, la noyade est certaine. Quand tu te mets en colère, rien n'est plus effrayant. Et pourtant tu rassures, j'aime ta compagnie, plus que n'importe quelle autre. Tu fais la paix quand le monde fait la guerre, tu fais l'amour quand les Hommes font la mort.
Cette guerre qui tue, plus au nord, ne t'a pas affectée. Pourtant, tes eaux aussi furent teintées de rouge. Tu n'es pas cette vierge blanche que le Mal convoite, même le Diable te craint.
Nul ne te rend hommage sur Terre, peut-être parce que les Hommes sont jaloux, peut être parce qu'ils ne te connaissent pas assez. Et cependant ce serait bien, quand le sang cessera de couler, quand les fumées n'obscurciront plus le ciel, ce serait bien de permettre aux ignares d'apprécier ta beauté, même s'ils n'osent pas te rencontrer. Du moins leur donner envie, du moins leur donner l'occasion...de partir !

Slimane

Ses rames creusaient les vagues, il écoutait son chant des sirènes qui inondait ses pensées.
Je le connaissais bien.
Dès qu'il allait accoster, il ressemblerait à un pingouin. Sa démarche serait maladroite, il regarderait ses pieds, comme pour se protéger des obstacles de la terre.
Pourtant, dès que ses mains s'accrocheraient à sa barque, il collerait à son bateau, il se fondrait dans la mer.
Son regard d'initié capturerait les nuances de l'eau. Il devinerait les sillons sous-marins qui lui laisseraient entrevoir une dorade ou une petite girelle, dérangées par ses clapotis.
Là, en cet instant, il figerait son mouvement et pénètrerait dans les profondeurs.

Il venait tous les jours pour combler son désir.
S'asseoir au milieu des abysses, regarder, s'imprégner.
Se fondre nuit et jour dans ce monde silencieux. Ne le partager avec aucun autre, le vivre seul. S'imaginer être né de la mer. S'inventer une vie de poisson, une vie qui n'appartiendrait qu'à lui.

Il prolonge son regard, caresse doucement leur ventre, détaille les nuances de leur corps et ondule dans son être, au rythme de leur passage.
Le temps s'écoule lentement, il se laisse guider, il va rejoindre la terre.
Demain, il pourra construire avec ses rêves son « Musée de la Mer ».

Corinne

Le musée de la Mer, que dire ? Déjà, la mer c'est un grand aquarium avec toutes sortes de poissons, gros, grands. Mais aujourd'hui, j'ai suivi ce pêcheur en barque.
En premier, j'aime la mer. Il y à l'espace et le danger. Si nous devions peindre le musée il y aurait beaucoup de couleurs, et les couleurs c'est la bonne humeur.
Le pêcheur qui m'a invitée prépare ses filets, il m'explique comment devenir un pêcheur. Il fait beau et je prend le temps d'écouter.
Je m'imagine vivre dans le fond de la mer et je parlerais avec des poissons, comment faire face au danger quand on est petit et faible. Mais voilà que le poisson me répond : « On est face au danger au fond de la mer comme sur la terre. Il y a quand même une différence au fond de l'eau : c'est le silence. » Moi, en temps qu'humain j'apprécierais.
Mon guide est un hippocampe, il me fait visiter ce musée naturel qui est extraordinaire et, surtout, magnifique. Je respecte ce musée et les autres.

Josette

Tous ces trésors enfouis dans les fins fonds des mers attendent que l'on vienne les voir, les toucher, les placer au sec car ils en ont assez d'être mouillés. Ces bateaux qui se sont échoués et ont perdu toutes leurs affaires dans la mer depuis des années, et personne ne s'en est inquiété.
Là-bas au loin, je construirais un musée rien que pour ça si je pouvais, j'y mettrais en exposition des bijoux en or trouvés dans les coffres ; des tableaux où figurent des hommes en train de pêcher en mer ; des bibelots ; des filets de pêche anciens, enfouis dans la mer ; des lingots d'or que les pirates n'ont pu prendre ; des vêtements.
Un bruit me réveilla de mon songe, dommage ce n'était qu'un rêve éveillé. Mais pourquoi pas ? On ne sait jamais, cela viendra plus tard...

Marie

Sur cette barque, le pêcheur solitaire est en train de s'imaginer les horreurs de la guerre. Il flâne et se prend à rêver en regardant le filet, au risque que celui-ci soit bombardé car la ville de Sète ne sera, hélas, pas épargnée.
Alors, imaginer le Musée de la Mer de l'est à la mer du Nord, difficile à imaginer même par les temps qui courent, cela reste à prouver !
Aujourd'hui (en 2013), il n'est pas encore construit, c'est tout dire, la société actuelle se moquerait-elle de cette bagatelle. Pourtant, construire un musée de la Mer quoi de plus poétique et magique afin de s'en aller vers d'autre lieux !
Ce pêcheur solitaire en rêvant certainement naïvement ne songeait pas à la réalité de cette vie : 1943, l'année des plus gros combats contre les Allemands qu'ont menés les Anglais et les Américains pour défendre nos bien.
Alors, c'est vrai pour moi, au nom de tous mes ancêtres, imaginer le Musée de la Mer représenterait un grand cimetière, « marin » certes mais un cimetière quand même. Difficile par là d'imaginer le Musée de la Mer !

Nathalie