Les Textes de L'atelier Ecritures au Pluriel du mois de Septembre 2012

 

Jeudi 20 Septembre

Consigne :

Poursuivez la phrase « Programme en main, je m'installe confortablement dans le fauteuil, les lumières s'éteignent, le spectacle commence... »

Je m'installe confortablement dans le fauteuil, les lumières s'éteignent, le spectacle commence.
Peu à peu, je me laisse happer par les déplacements vifs des danseurs, la musique légère du début va en s’amplifiant et résonne jusqu'au plus profond de mon ventre. Je ne sais plus si je regarde ou si je suis entrée dans cette danse frénétique. Mon corps est tendu comme un arc jusqu'à ce que la musique ralentisse ; les danseurs allongés semblent dormir, je me détends et m'appuie au dossier du fauteuil que je ne touchais plus. Mais voilà que les danseurs se redressent tous en même temps, emportant la salle dans une vibration palpable.
Mon corps se porte en avant, je suis assise sur le bout des fesses, mes pieds tapent en mesure, puis, tel un feu d'artifice, tout se déchaîne. Lumières, danseurs, musique, ma tête tourne, mon souffle est court, autour de moi les spectateurs tapent des mains, des pieds, sifflent, c'est l'euphorie ! Mais c'est fini !! La lumière de la salle revient, aveuglés et presque hagards, nous nous regardons entre voisins, les commentaires vont bon train, certains applaudissent encore, d'autres, déjà, se lèvent, un grand désordre règne et, peu à peu, le calme revient dans le théâtre déserté...
Dehors, les gens agglutinés s'accordent à dire que ce spectacle était incroyablement pénétrant, personne n'a été indifférent... c'est sûr. Je rentre épuisée !!

Anny

Programme en main, je m'installe confortablement dans le fauteuil, les lumières s'éteignent, le spectacle commence...
Le rideau soulevé laisse apparaître une scène étrange : trois musiciens devant et derrière un décor coloré. Des marins boivent, titubent, roulent des tonneaux. Réalité ou imagination ?
La voix du chanteur s'élève, aiguë, criarde, traînante, déroutante. Il nous raconte une histoire : celle d'un capitaine de navire qui tue l'albatros qui les guidait et attire ainsi le malheur sur son embarcation. Des images sont projetées, belles, sombres, terrifiantes.
Tour à tour nous voyons se découper la silhouette du bateau et de ses occupants, puis l'oiseau foudroyé... et la nuit qui s'abat sur la scène. Un serpent de mer ondule devant le groupe tandis que sa gueule crochue s'ouvre pour les avaler à l'arrière.
Les mésaventures du capitaine ne prendront fin que lorsque son crime sera expié. Pour la paix, le repos, l'éternité ou juste un répit dans une obscurité qui peine à trouver sa lumière ?
Quand celles de la salle se rallument nous restons subjugués par ce spectacle hors normes et dont les applaudissements nourris témoignent du succès.
Difficile de sortir de ce voyage poétique. Une seule envie : qu'il recommence afin de s'y replonger encore et encore...

Isabelle

Le spectacle commence par les trois coups.
On entend les applaudissements des personnes qui, comme moi, aiment les spectacles et surtout le théâtre.
Les comédiens commencent directement sur scène. Un peu tragique, un peu comique.
Je commence à regarder les décors, le nom des comédiens, je suis bien installée.
L'histoire commence à prendre forme. Je me suis toujours demandée comment les comédiens arrivent à se souvenir de tous les textes, moi qui ai la mémoire avec d'énormes trous !
J'aime surtout les vêtements suivant les pièces de théâtre (des fois on remonte le temps des rois et des reines et leurs beaux costumes).
Je me dis que c'est grâce aux comédiens et aux acteurs qu'on voyage tout en restant dans ce fameux fauteuil, si confortable !
Ça y est, c'est la fin !
Les lumières se rallument, encore les applaudissements et tout le monde sort en laissant ce fauteuil et ce beau théâtre.
Au fait, je suis ravie de cette soirée.

Josette

Programme en main, je m'installe confortablement dans le fauteuil, les lumières s'éteignent, le spectacle commence... et je m'endors !
Aussitôt dit, j'entre dans le film sans autorisation apparemment puisque je me trouve devant une porte fermée.
J'insiste et la voilà qui s'ouvre en grinçant. Hop ! Je saute sur un cheval noir, son galop est parfait !La route est sinueuse, bordée d'arbres zébrés si hauts que je n'en vois pas le bout. Soudain, j'ai froid ! Il pleut. Je mets mon cheval à l'abri dans une salle de bain. Il boit au robinet...
Vite, je passe une robe de mariée. La traîne trop longue sert à laver le sol puis, un téléphone sonne ! Je cours vers lui. Il est en chocolat au lait. Je prend l'écouteur :
- Allô ? Allô? Oui ?
- C'est moi !
Je crie :
- Où ça ?
- Là-bas, qu'on me dit !
Et je ne sais pas moi, ce là-bas ! Et ça presse et je veux savoir. Et je pleure fort ! Et le cheval me dit :
- Qu'est-ce qu'il y a ? Qui est mort ?

Et le bateau peint sur le tableau, accroché au mur, sort de l'eau pour me porter secours.
Je descends le long des rideaux en parapente ! Du lit au bateau, il y a quelques brasses, j'embrasse le cheval qui pue de la bouche et je me réveille !

Claudette

Jeudi 27 Septembre

Consigne 1 :

Tel un funambule vous vous déplacez sur le fil de votre vie, que voyez-vous lorsque vous regardez en-bas ?

Sujette au vertige, je préfère regarder derrière plutôt qu'en bas, de plus, je ne crois pas en la vertu de l'âge qui m'élèverai dans les hautes sphères de la sagesse.
Donc, derrière moi, finalement, je vois une vie pas si mal que ça, avec une enfance tranquille au sein d'une famille unie ; une adolescence révoltée mais dans la limite du presque correct.
Puis, une vie de jeune adulte que j'ai voulu correspondant à mes rêves de jeunesse, voyages et vie à l'étranger, j'ai trouvé certaines réponses à mes questionnements sur l'Afrique même : mœurs, politique autre que démocratie, religions.
Puis, découverte d'autres mœurs et croyances en abordant. Îles perdues au milieu, presque nulle part, mer où océans, rencontres enrichissantes et parfois fabuleuses.
Puis, retour en France, amitiés renouées, amitiés nouvelles.
Je n'ai, à ce jour, pas assez de recul pour voir clairement ce que cette vie m'apporte et jusqu'où elle m’emmènera ?

Anny

Où est-il ce bon vieux temps passé où l'on usait les fonds de pantalons sur les bancs d'écoles ? La vie en famille, l’insouciance, le confort, la chaleur, les amies d'enfance, les amourettes !
Les mois, les années passent, on aimerait être encore dans cette tourmente mais, hélas, la vie prend un autre sens au fur et à mesure. On aime donner du temps au temps !
Mais voilà, quand on regarde en bas, on voit la suite de notre parcours qui n'est pas toujours heureux. Il y a aussi du mauvais et beaucoup de déceptions.
Mariage heureux, divorce avec un enfant qui ne se passe pas toujours très bien. Pas de travail, c'est la crise ! Les maladies et j'en passe... Quand on est en bas, nous ne pouvons plus rebondir, hélas !
Là, on réfléchit et on se rend compte que la vie était belle, avant ! Et que la jeunesse actuelle va souffrir ! Maintenant, tout va de travers.
Voilà ma vision d'en bas, il faut profiter au maximum du peu qu'on a et ne pas l’abîmer car bientôt nous serons tous dans l'impasse !
Bien souvent il faut repenser que l'on a été heureux avant et que les jours, les années ne se ressemblent pas, heureusement qu'en même !
Avant, la vie était simple, nous étions pauvres mais riches d'amour, maintenant on se penche, il n'y a plus cet amour, il y a de la haine et de la misère sur la terre. C'est la crise !

Marie

Je vois des gens qui me regardent et qui s'interrogent : que fait-elle là-haut ? Qu'est-ce qui lui a fait prendre de la hauteur ? Se situe-t-elle au-dessus des autres pour nous défier comme cela ? Ou bien est-ce la joie, le bonheur qui lui a fait pousser des ailes et lui a permis de s'élever ?
Que leur répondre ? Qu'en bas il y a mon passé mais que, si je tombe, c'est un futur à court terme qui m'attend ?
Qu'ils ne sont que des points pour moi ? Que leur vacarme est un murmure qui me m'atteint pas ?
Que c'est pour me rapprocher du ciel et que si je lève les mains au-dessus de ma tête je le toucherai sûrement ?
Que le danger m'attire et peu importe ce qu'il adviendra ?
Que cette perche entre mes mains se fait lourde ?
Que si je me couche sur ce fil c'est pour leur tourner le dos et mieux les oublier ?
Que là-haut je me sens libre et que je pourrais presque voler ?
Si je leur disais tout cela, pourraient-ils comprendre ? Peut-être, car eux aussi sont des funambules qui luttent chaque jour pour ne pas tomber et s'écraser sur le trottoir de leurs rêves envolés.

Isabelle

 

La vie que je mène dans ma vie, sur un fil.
D'être libre de tout ce qui se passe dans la vie.
Être libre d'être en vie. Je ne regarde pas en bas.
On m'a tout pris dans la vie. Maintenant je regarde devant.

Christiane Z

 

Consigne 2 :

« Pour retrouver sa jeunesse, il n'y a qu'à recommencer ses folies. » nous dit Oscar Wilde. Vous, que recommenceriez-vous pour retrouver votre adolescence ?

Tout, je reprendrais tout en bloc, j'embarquerais volontiers dans la machine à remonter le temps, arrêt sur mes quinze ans, parce que c'est à ce moment-là que débute mes premiers émois amoureux, mon initiation à la vie d'adulte, mes découvertes personnelles, en littérature, peinture, musique.
Mes prises de conscience du monde qui m'entoure, auquel je veux apporter ma voix.
Je ne suis plus la petite fille de mes parents, je deviens une « entité » à part entière avec mes propres pensées, qui comprend qu'elle va construire et décider sa vie future.
Est-ce folie d'aimer, est-ce folie de militer, est-ce folie de rêver... Si oui, alors je veux bien être folle de mes quinze ans !!!
Mais, ne gardons-nous pas toutes ces folies en nous tout au long de notre vie ?

Anny

Non, je ne revivrai pas ma jeunesse car dans mon enfance j'étais très malheureuse. Non, je ne veux plus.
Je vis ma vie de maintenant et je revis de rencontrer du monde. J'aime beaucoup même si je ne les connais pas.
J'ai eu trois enfants. Maintenant je suis libre, je fais ce que je veux de ma vie, personne ne me dit quelque chose.

Christiane Z

Pour retrouver mon adolescence, j'aimerais recommencer la saison des vendanges car, voyez-vous, dans le travail, on s'épanouit. Un mois et demi de vendange, c'est super, chaque année !
Il y a plein de coupeurs et coupeuses, videurs de seaux, de toutes nationalités.
Ensemble, on s'enrichit avec nos échanges de cultures. Il n'y a pas que le travail, on partage tout dans les vignes, mis à part la mauvaise humeur.
On rigole, on se taquine et le soir, c'est la fête !
Ainsi, de suite, on se lie bien souvent avec le sexe opposé. Quelquefois cela devient sérieux. C'est mieux qu'un site de rencontre sur Internet !
Les vendanges c'est vivant !
À la fin des vendanges, c'est le repas paella et le bal populaire. Et vive la fête et à l'année prochaine !
Malheureusement tout ceci est du passé, c'est terminé, mais cela reste dans un coin de ma mémoire. Personne ne pourra me le prendre !
Maintenant c'est la machine qui casse tout le charme humain et enlève le travail des vendangeurs ! Dommage !

Marie

L'adolescence, est-ce vraiment la période de sa vie où l'on voudrait retourner ? On parle plutôt de l'enfance, période d'insouciance, d'innocence où l'on a pas l'impression que le monde est moche parce que on est trop petit pour comprendre les expressions de douleurs des gens qui nous parlent.
À l'adolescence, les yeux des autres nous fixent et nous font mal. Ils jugent, parfois avec bienveillance mais le plus souvent avec dureté. On peut aussi y lire de la peur.
Je crois que vous avez compris que je n'ai pas vraiment envie de retrouver mon adolescence, donc je ne recommencerai rien de ce que j'ai vécu à cette période.
D'ailleurs, est-ce bon de retrouver sa jeunesse si on ne fait que la recommencer ? Autant en profiter pour la vivre autrement, pour changer, en bien ou en mal mais ne pas être la même encore une fois !

Isabelle