Les Textes de L'atelier du mardi soir 2011





Mardi 5 Avril

En écoutant "La Pavane" de Fauré et en s'inspirant du "Bandit Corse" de Maupassant, écrire un texte incluant les mots : Oubli; Enfin; Vouloir; Tribu

Il s'élance majestueux sur les flots bleus poussé par une brise marine. Son commandant s'apprête à casser la croûte avec des pains bien dorés. Il s'en tranche quelques tartines qu'il recouvre de pâté.
On dirait que le temps va se gâter; ici et là se forment des moutons dans le ciel. Sait-on jamais. À propos de savoir, le commandant n'en est pas dépourvu. Même par gros temps il sait comment faire lorsque le vent, dans son hurlement, s'engouffre dans les voiles, ce qui pousse le voilier, qui parait glisser comme s'il était sur une patinoire.
Le vent siffle de plus en plus fort et gonfle les voiles telle une cornemuse. Il est grand temps de rentrer au port avant qu'il n'y ait de la casse

Marie-Hélène

La pavane

Seul
Enfin
Dans la brume du soir, il s’engagea dans le chemin qui montait.
Contre l’oubli.
Il marchait décidé contre l’oubli.
En bas
Le moulin s’éloignait ; il n’entendait presque plus la cascade.
Seul
Enfin
Un chuchotement.
Il voulait retenir les grands espaces,
Les lacets du sentier dessinaient l’avenir.
L’oubli
Encore.
Le grand vent emportait les images qui surgissaient du fond des temps.
Seul
Enfin
Il voulait revoir le tribu de son enfance.
Dans la brume du soir, il s’engagea sur le chemin de l’oubli.
Seul
Enfin.
L’odeur de fougère foulée
L’éclat des micas découverts
L’oubli
Encore.
Il chercha le nom de la chanson.
Il marchait contre l’oubli.
Le soleil couchant rembobinait les images surgies du fond des temps.
« Me voilà, me voilà, tout usé par les travaux… »
La mélancolie de la chanson le fit frissonner.
L’oubli enfin s’était changé en souvenirs.
Il continua sa montée sur le sentier en fredonnant « Vieux Jo ».
Il revit même le cœur gravé dans l’écorce du fau, le hêtre en français et fût ému mais réconcilié avec la Pavane de Fauré.
C’était elle qui l’avait jeté sur le sentier de l’oubli.

Rose

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Mardi 12 Avril

Jeux de malins

Par une belle soirée d'été le chat Belphégor s'amusait dans le pré bordant la maison. Au bout d'un moment, attiré par quelque chose, il s'éloigna dans le champ où dans la journée séjournaient les vaches. Dans l'obscurité on ne voyait plus que ses yeux et son regard perçant fixant un point précis. M'approchant de ce dernier point je fis partir une bête, mais laquelle ? Belphégor n'avait rien raté de la scène et, tapi dans l'herbe, il se tenait prêt à bondir en remuant son popotin. Et à nouveau l'herbe se mit à frémir. Le chat en profita pour changer de place. En fait, j'eus juste le temps d'apercevoir que c'était une souris. Elle pressentait le danger. Elle visait un but : se glisser sous une cloche à moitié posée sur le caniveau. Mais mal lui en prit car c'était un piège tendu par la main humaine. Elle poursuivait sa course effrénée et tomba directement dans le panneau. Pauvre bestiole elle venait de perdre sa liberté et Belphégor fut complètement dépité.

Une souris sauvageonne

Une souris sauvageonne
Priait qu'on lui éclaircisse le paysage
Cherchez, cherchez moi je cours dans l'herbe du jardin
Une main m'attrapa et me montra
À ces messieurs écoutant la prêche du pasteur du dimanche.
J'aurais pu atterrir dans le Musée du Désert
Mais il n'en était rien je me retrouvai parmi les pieds des parpayots.
Ceux-ci s'affolant à ma seule vue qu'ils décidèrent de me tremper dans l'huile puis dans l'eau afin de me transformer en escargot tout chaud et me jetèrent parmi les bogues des châtaignes chues.

Marie-Hélène

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Mardi 19 Avril

Us et costumes

Les premières pièces parcourues étaient remplies de divers livres. La pièce principale était spacieuse, de ce fait on pouvait facilement y déambuler. L'avant- dernière pièce m'a attirée par son décor invitant au voyage. En effet il y avait deux tentures représentant chacune d'elles un pays. L'un était le Mexique, l'autre le Maroc.
Pour la tenture du Mexique, celui ou celle qui l'avait confectionnée s'était aidé du folklore régional par l'intermédiaire d'une poupée coiffée d'un chapeau.
Pour la tenture du Maroc, celui ou celle qui l'avait confectionnée s'était aidé, entre autre, d'un arc de triomphe bordé de pièces de mosaïque; le reste de l’œuvre étant volontairement pauvre en couleurs, l'uni en étant la plus représenté. À l'inverse de celle du Mexique où apparaissaient de nombreuses couleurs vives.
Par ailleurs, que ce soit l'un ou l'autre de ces tableaux, ils invitent à la sieste pendant les heures les plus chaudes de la journée et au dépaysement le plus complet.
À ma grande surprise, lors de mon premier voyage je n'avais pas remarqué les autres tableaux et pourtant Dieu sait s'il y en a, c'est une vraie exposition. S'il fallait choisir, je serais vraiment ennuyée tellement ils sont plus beaux les uns que les autres. Il en ressort comme un sentiment d'entraide.
Par contre, celui qui m'a le plus interpellée c'est celui de l'Argentine, car il représente des pingouins principalement et de ce fait m'évoque plus l’Antarctique.
À mon second voyage aussi je me suis rendue compte que la tenture du Maroc était en fait très colorée et non aux tons unis que j'avais retenus.
Que ce soit Istanbul, l'Égypte, l'Argentine, Mexico, le Maroc... ils semblent solidaires les uns des autres et vous invitent à découvrir leurs riches traditions et coutumes.

Marie-Hélène

Le peintre

C'était à Sète, au Quartier Haut ; dans les jardins de la Chapelle il se tenait accroupi entouré de ses palettes et pinceaux et diverses couleurs.
De temps en temps, il agitait vigoureusement un pinceau dans un verre d'eau afin de le nettoyer. Il plissait ses yeux légèrement incommodé par la réverbération du soleil sur le trottoir. Le ciel était d'un bleu absolu. Il passait des heures à peindre les jardins de la Chapelle, très colorés.

Marie-Hélène

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Mardi 26 Avril

Écrire en marche

Voyage au bout de Concerthau

J'ai voyagé sur mes deux pieds, c'est bien mieux qu'en bicyclette, encore mieux qu'en trottinette, on ne parlera même pas du camion, on ne parlera même pas de l'avion. On n'a pas à craindre l'accident quoique en marche arrière et les pieds collés, ça peut arriver.

J'ai vu de longs arbres s'étirer, ils avaient envie d'aller dans les cieux mais ils se sont crus trop vieux, ils se sont enracinés.

Quant à moi j'ai pu partir à pieds collés ; je suis allée jusqu'en Égypte voir les grandes pyramides. Je n'ai pu remonter le Nil, je n'ai pas trouvé de bateau. J'ai donc continué à pieds, à pieds collés.

J'ai rencontré Cléopâtre, lui ai demandé ce qu'elle faisait, elle m'a dit préparer la révolution, je lui ai dit : Oui ! J'ai vu ça à la télévision.

Le monde est en marche, on reprend la marche à Concerthau, en grandes enjambées.

Trois mots : poésie – incorruptible – femme

J'ai voyagé sur mes deux pieds et me suis beaucoup enrichie car j'ai eu le temps de cogiter et me suis mise à la poésie.

J'ai perdu de vue Cléopâtre, c'est une bien belle femme qui a de la suite dans les idées puisque depuis plus de deux mille ans elle arpente les dunes de son pays – incorruptible, imprévisible - . Et dans ces dunes elle a rencontré Don Quijote et Sancho Pança, leurs rêves se sont croisés et ils ne se sont plus quittés.

Le vent soulève la poussière, on est perdu comme dans la brume, mais je vois un chameau arriver : « Emmène-moi chameau, emmène-moi vers des horizons nouveaux. »

Gisèle Lacombe

Voyage à l’intérieur de Concerthau


Heureusement une fenêtre pour s’évader hors de Concerthau dans les feuillages tendres du printemps, accrochés aux branches , coulée verte entre deux immeubles .
Marcher, marche que tu marcheras à la recherche de toi-même, le genoux criant : seba !

Marcher, marche que tu marcheras à reculons, à l’aveuglette, en rasant les murs comme un condamné à une peine injuste. Ä peine a-t-on vu quelques bribes de jeunesse, un Lagarde et Michard du XIXe siècle, un Bled, qu’il faut s’arrêter à hauteur du « Y » Yeux : alphabétisation.
Une autre fenêtre nous mène au bout du monde : St Guilhem du désert… Un pied devant l’autre, nous cherchons le galet pour aller au ciel.
Le peuple de Concerthau a quitté le navire, seuls restent ses reflets et un miroir pour croiser son propre regard, regard intérieur à la marche qui arrête le temps du voyage.

Poursuivre avec les mots : chemise, sortie, géant.

Une sortie est cependant prévue. La consigne ? S’y rendre à pas de géant.
Ma seule chemise ne suffit pas à effacer les traces de pas sur le sol.
Je tourne en rond.
Je tourne en rond.
Je tourne en rond.
Je tourne en rond.

Le genou n’apprécie pas.
Cailloux, choux, hiboux, genoux, poux .
Rimbaud vient à ma rencontre avec Jeanne-Marie et ses mains plongées dans la chevelure des enfants.
Mains plongées dans la farine me susurre Nougaro. Je frappe. Je frappe le sol, soudain une trappe et je disparais emportée par un tourbillon me voilà au milieu de l’étang. Mon genou porté par l’eau salée revit. J’ouvre les yeux (Y) et je vois l’Île de Thau, Concerthau, le coucher de soleil au loin derrière Mèze. J’ai réussi ma sortie.

Jambes écartées

Tout était immobile.
Jambes écartées, elle avait pris position au dessus du ruisseau rapprochant ainsi deux pays. Quelqu’un, elle ne se rappelait plus qui, lui avait dit que la frontière était ce minuscule lit pierreux où coulait un filet d’eau.
Elle était devenue en quelque sorte un Traité d’amitié.
Tout était immobile. L’eau claire. Son genou mit fin à cette entente cordiale. Il fléchit. Soudain une voiture surgit dans le lointain, soulevant un nuage de poussière. Elle se souvint que là-bas était le poste frontière. Comment les douaniers prendraient-ils sa déclaration, si elle déclarait la Paix ?

Rose

Ä partir du poème : « Bonne pensée du matin », écrire un texte poétique mêlant travail et nature et comprenant les mots ou expressions  tirés du poème :

Porte aux travailleurs l’eau de vie
Dans l’immense chantier
L’âme est en couronne
Les lambris précieux

 

Libellule bleue

Rangs de ceps alignés au cordeau
Le soleil couchant éclipse la colline
Les vrilles enroulées domestiques sur fils
Offrent leurs raisins lourds de degrés-hectos.

Au centre de l’espace, dans l’immense chantier
Solitaire, un insecte secoue ses ailes,
Entraînant, grain à grain, la vendange
Dans la benne marquée déjà pour la cave.

Le casque sur les oreilles, loin des lambris précieux,
Le viticulteur abat l’ouvrage saisonnier.
Nulle chanson, nul appel n’arrête les spasmes
De la machine à vendanger, elle trace.

Les reins secoués comme les grappes ;
Le conducteur dont l’âme est en couronne,
Lointain enfant du Dieu Bacchus et de Rabelais
Ne rêve pas, il compte les voyages.

Le soleil a vu d’autres vendanges
Celles qui passaient la rivière sur câbles
Celles des filles qui riaient appelant
Le porteur aux muscles ruisselants de sueur.

Le soir enfin quant à l’odeur de menthe foulée
S’ajoutaient celles des grandes tables partagées,
Quand le vieux porte aux travailleurs l’eau de vie
Du domaine,et fait péter le bouchon de mousseux.

Rose

 

Le chantier du lido, avril 2011

Bain de mer à midi
Entre parasol et organdi
Vénus est venue ici ce mardi
Sable collé au corps encore transi

Las ! de l’immense chantier du lido
Restent les traces profondes des tractos
La dune est devenue un chaos
Et les ouvriers ont sorti leur mécano

Ils ont trempé leur tricot de sueur
Ils ont fait trembler l’estran avec leurs monstres d’horreur
Leur âme est en couronne, la peur
Laboure leur corps et ils pleurent

Gémissements d’effroi et de désolation
Ils peinent malgré leurs puissantes tractions
La plage écorchée de ces mutilations
Crie, suffoque, brisée par cette malédiction

De la glacière elle a sorti la bouteille
Et porte aux travailleurs l’eau de vie
Glacée, sans alcool mais, merveille,
Cet instant sera un moment sans devis

Ils ont en silence bu l’eau glacée
Ils ont, avec Vénus, aussi beaucoup parlé
Des lambris précieux là-bas dans ces palais
Où des hommes, dans leur bureau, ont palabré

Ils disent que la page sera durablement plus belle
Ils affirment qu’elle sera partout modèle
Qu’elle sera plus agréable, une merveille
Mais qu’en diront la mer et sa force plurielle

Les moteurs ont cessé leur vacarme
Les engins ont un peu baissé les armes
La mer avait retrouvé tout son charme
Vénus et les ouvriers avant encore des larmes

La soif par l’eau étanchée
Le corps par l’eau salée apaisé
Vénus et les ouvriers ont ensemble chanté
Chanté la plage naturelle, avant de déchanter.

Dominique WARCHOL

Deuxième texte à partir de la table des matières des Œuvres complètes d’Arthur Rimbaud

Les chercheuses de poux épouillaient des Têtes de Faune. Les pauvres à l’église en oraison du soir baisaient les mains de Jeanne-Marie. Les lèvres closes, vu à Rome, l’Homme juste, un vieux de la vieille dit :
« Nos fesses ne sont pas les leurs. Souvent j’ai vu des plates bandes d’amarantes jusqu’à cette nuit d’enfer et de mauvais sang. Après le déluge j’occupais un wagon de troisième : un vieux prêtre ma dit : « Je préfère, sans doute, au printemps la guinguette. » ».
Connerie, connerie !
L’orgie parisienne, Paris se repeuple avec de Petites amoureuses dont le Cœur est supplicié.
Le forgeron au Cabaret vert, cinq heures du soir, chanta « L’étoile a pleuré au cœur de tes oreilles » au Dormeur du Val.
Mauvais sang. Délires, Délires !
Les soirs d’été sous l’œil ardent des devantures, les remembrances du vieillard idiot.

Rose

Les mains de Jeanne-Marie avaient l’art des chercheuses de poux.
De l’aube à la veillée, des scènes de barbare dévotion, de guerre, elle faisait des fêtes de la patience.
L’impossible était éternité.
La nuit de l’enfer, c’était délire, c’était honte, et les soirs d’été, sous l'œil ardent des devantures, l’angelot maudit agissait comme le forgeron sur la tête de faune.
Sensation, état de siège, entends comme brame le pou. Mauvais sang, angoisse. Après le déluge, l’éclair le matin.
Adieux les poux ? Exils, le balai des mains de Jeanne-Marie a pris le bateau ivre, chantonné les voyelles et l’étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles.
Michel et Christine n’ont plus de poux.
Mais les poux infernal

Dominique WARCHOL

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