Les Textes de L'atelier Plaisir d'écrire du mois de Novembre 2012



Mardi 6 Novembre

Il n’existe pas de livre moral ou immoral. Les livres sont bien ou mal écrits. Voilà tout
Oscar Wilde (1854-1900).

  • Présentation des participants.

  • Portrait chinois en 3 images :

Si j’étais un livre, je serais (un roman, une bd, un guide, un conte…)
Si j’étais un paysage, je serais (la montagne, la mer, la campagne, la forêt, la ville…)
Si j’étais un moyen de transport, je serais (un autobus, un tapis volant, un avion …)



Consigne 1

  • Écrire un récit ou une nouvelle commençant par :
    « La riche odeur des roses embaumait l’atelier et, lorsque la brise d’été soufflait dans les arbres du jardin, de lourds effluves entraient dans la pièce par la porte ouverte. » 
    Le dernier paragraphe de votre récit ou nouvelle devra commencer par :
    « En entrant dans la pièce ils trouvèrent… »
    Début et fin de « Le portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde

    Meurtre dans un jardin français.

La riche odeur des roses embaumait l’atelier et, lorsque la brise d’été soufflait dans les arbres du jardin, de lourds effluves entraient dans la pièce par la porte ouverte.

C’était sa saison préférée. Jeanne s’installait dans son fauteuil à bascule et le grincement qu’il provoquait en bougeant la rassurait. La journée du 13 juillet, veille de son 79ème anniversaire, s’annonçait belle ; le soleil chauffait ses pieds à travers les vitres de la véranda qui donnait sur le jardin, le parfum des roses l’enivrait jusqu’à l’assoupir ; Minou ronronnait sur ses genoux. Pour un peu, elle aurait annulé son projet.

Elle s’était levée très tôt pour se mettre à l’ouvrage et terminer avant midi. Maintenant que la bouteille de Johnnie Walker et le verre, rempli, étaient préparés sur le bar, Jeanne s’accorda une trêve et laissa son regard errer au-delà de la véranda, là où les roses
fleuretaient avec les lilas en toute innocence.

Les bosquets lançaient leurs effluves comme pour dire : « Jeanne, tu as bien travaillé ». C’est vrai, elle pouvait être fière. Son atelier de jardinière amateur regorge de trouvailles en tout genre : préparer un poison avait été un jeu d’enfant.

Soudain, le grincement du fauteuil à bascule cessa. Jeanne sursauta, le chat miaula et déguerpit. Elle mit du temps à réaliser que la sonnerie du téléphone venait d’interrompre sa rêverie. Mais elle se reprit très vite. Et laissa sonner. Longtemps. Puis le silence s’abattit sur le jardin et l’atelier ;elle sut à ce moment là qu’elle avait eu raison. La vieille dame n’était pas née de la dernière pluie et son horrible neveu ne lui achèterait jamais sa propriété. Si elle et son défunt mari, l’adorable Léon, avaient sué sang et eau toute leur vie, ce n’était pas pour qu’un galopin qu’elle ne voyait qu’aux anniversaires et à Noël pour recevoir un cadeau, mais jamais quand elle avait besoin d’aide, ne lui gâche le reste de son existence ! Elle sourit en pensant que, cette année encore, il avait dû emballer dans un paquet cadeau enrubanné, des prospectus sur papier glacé présentant la maison de retraite ultra chic dans laquelle il voulait l’enfermer. Quel voyou ! Comment sa sœur a-t-elle pu accoucher d’un spécimen pareil … Le temps jouait contre elle, et il n’était pas question qu’elle se laissât distraire par Huguette, sa sœur chérie, décédée bien trop tôt. D’ailleurs si Huguette avait été là, elle n’aurait quand même pas osé…

Il voulait donc venir lui offrir son cadeau. Jeanne savait que, agacé de ne pas l’avoir eue au téléphone, il débarquerait, avec son air niais et son jean crasseux, prendrait une voix mièvre pour dire : « Ah, Tante Jeanne, j’étais si inquiet ! ». Petite crapule ! Sans même penser à cette jambe qui la faisait tant souffrir depuis la mort de Léon, Jeanne se leva et jeta sa canne sur le tapis. Minou, choqué, miaula et fila sous le bar. Il ne reconnaissait plus sa maîtresse que la colère guidait mieux qu’un morceau de bois. Jeanne voulait vérifier, une énième fois, si une odeur autre que celle du whisky, intriguerait son neveu. Avec à sa voiture de sport, sûrement pas achetée avec de l’argent honnête, le prédateur n’habitait qu’à vingt minutes de chez elle. Elle n’avait plus une seconde à perdre.

Le bar n’était qu’à trois enjambées, mais, dans sa confusion, la vieille dame ne put éviter le tapis qui la fit s’étaler dans un bruit mat. Combien de temps resta-t-elle étendue, inerte ?

Quand son neveu sonna à la porte, il n’eut que le miaulement de Minou pour réponse. Chevaleresque, il n’hésita pas à violenter la porte jusqu’à la faire céder. Au milieu de la pièce, au bout du couloir, une forme, petite, gisait sur le sol. En s’approchant il vit du sang couler. Une vilaine blessure noircissait déjà. La canne de Jeanne était posée en travers très loin d’elle. Dans la lumière de la mi-journée, sa tante semblait auréolée d’une couronne de roses. Le chat miaula en lui caressant les jambes. Le neveu de Jeanne sut ce qu’il avait à faire et décrocha le téléphone. Les policiers arrivèrent très vite.

En entrant dans la pièce ils trouvèrent Jeanne étendue sur le tapis, morte. Le chat léchait un débris de verre tombé par terre, conséquence des secousses provoquées par la chute de la vieille dame. L’homme qui les avait appelés était effondré dans le fauteuil à bascule, un verre de whisky à la main.

Claude Muslin

« La riche odeur des roses embaumait l’atelier et, lorsque la brise d’été soufflait dans les arbres du jardin, de lourds effluves entraient dans la pièce par la porte ouverte »

Ce parfum, mêlé aux odeurs de peintures, de vernis, de solvants, augmentait encore le trouble de la malheureuse. Autour d’elle, tout n’était que couleurs éclatantes et évocations sensuelles. Des scènes sanglantes de corrida voisinaient avec des silhouettes lascives de personnages aussi fous que flous.
Elle, elle était là, silencieuse, en apnée, comme paralysée par trop d’émotions. Immobile, à part ce tremblement des mains, ces sursauts de la paupière droite, elle sentait se former des gouttes de sueur au-dessus de ses lèvres.
Ses yeux ne quittaient pas la silhouette du peintre qui allait et venait dans son atelier. Il lui parlait ; il commentait pour elle les toiles, finies ou à peine ébauchées. Elle était persuadée qu’il n’avait pas conscience du trouble qui la faisait défaillir.

Odile

Consigne 2

Écouter le passage tiré de « Fleurs d’osmanthe(**) tardives ». Tiré du recueil de Nouvelles de Yu Dafu (*)
Relevez entre 6 et 10 mots qui vous séduisent par leur sonorité ou leur sens.
Employez ces mots dans un court récit ou une courte nouvelle

Lecture : « Dans mon enfance, j’étais déjà venu à la grotte du Crépuscule brumeux, mais je n’avais jamais eu l’occasion d’admirer le paysage dans un automne aérien, avec le couchant à l’ouest et la lune qui se lève à l’est, seul, en pleine montagne, dans le kiosque de la Mi-Pente. Au moment où j’admirais cette profonde quiétude, la brise vint me caresser les épaules, avec un parfum enivrant de fleur d’osmanthe. »  (Page 128)

(*) Auteur chinois né en 1896 à Fuyang et mort en 1945 assassiné à Sumatra par la police japonaise. Il se fit remarquer dès les années 20 dans les milieux littéraires chinois par l’originalité de son écriture.

(**)L'arbuste chinois au parfum d'abricot. Le genre Osmanthus comprend une quinzaine d’espèces d’arbustes ou petits arbres à feuillage persistant qui portent de petites fleurs au parfum inoubliable. L'osmanthe est une des dix fleurs traditionnelles chinoises, cultivée pour son parfum depuis plus de deux mille ans ! L'arbre d'osmanthe et sa pluie de fleurs parfumées sont cités dans des légendes et poésies chinoises, tandis que la fleur d'osmanthe parfume le thé vert, lui donnant un parfum proche du thé au jasmin, mais plus léger et plus fruité.

Mots glanés à l’écoute du texte :

Kiosque – soir – lune – feuillage – montagne – caresser

Le goût du risque

Antoine pressa le pas. Le soleil colorait la montagne de plus en plus vite. Il ne pouvait se permettre de passer une heure de plus dans cette vallée sauvage. Son absence du lycée cet après-midi allait le mettre dans une situation catastrophique. Il risquait le renvoi.

Il avait été stupide d’aller à cette réunion des deuxième année. Le voilà maintenant avec un gage à honorer : partir seul dans la montagne pendant les cours. Quelle idiotie ! S’il réussit, jamais plus il ne retournera sous le kiosque à l’heure du déjeuner ; pas même si Laochi lui demande. Il ne doit pas penser à elle d’ailleurs. Pas maintenant… La première fois qu’elle l’a embrassé, c’était un soir de pleine lune, ils étaient sous le feuillage des saules pleureurs à l’entrée du lycée. Cachés. Son souffle léger avait l’odeur du jasmin et elle lui caressait le visage du bout de ses doigts délicats.

La cloche de l’église St-Paul sonna cinq coups qui résonnèrent dans la montagne, et le bruit, en buttant sur les parois rocheuses, renvoya en écho le son de dizaines de cloches. Il n’était plus 5 heures de l’après-midi, mais 6, 7, 8 heures !

Au moment où il s’engagea dans la dernière descente, un bruissement l’étonna, un craquement le perturba, et une bouffée de jasmin l’enveloppa.

Le rire de Laochi claqua dans le vent du soir, il ne résista pas à la caresse de ses mains sur son front.

Claude Muslin

Choix de mots du texte :
Crépuscule brumeux. Grotte. Automne aérien. Enivrant .Respirer. Prière du soir.

Au fond du parc, les religieuses avaient aménagé une réplique naïve et maladroite de la grotte de Lourdes. Bien que l’humilité soit de mise au couvent, elles en étaient plutôt fières de « leur » grotte. Pour nous, les pensionnaires, la question de la ressemblance ne se posait pas. Aucune d’entre nous n’était encore allée à Lourdes.
Nous aimions respirer l’air du parc, surtout au crépuscule. Charlotte, qui ne manquait ni d’audace ni d’imagination, prétendait que, par temps brumeux, on respirait un air différent aux abords de la grotte. Elle murmurait : « C’est enivrant, enivrant… » Nous gardions un silence respectueux, ignorant totalement le sens de ce mot. Parfois, elle ne chuchotait plus, mais hurlait : « C’est enivrant !! ».
Nous étions habituées à la grotte, à Charlotte, à ses « emportements » - comme disait sœur Marie du Saint-Esprit. La vie de pensionnaire suivait son cours monotone et rassurant. Lever tôt, prières, café au lait, cours, repas, récréation, prière du soir. La routine, vous dis-je.
Jusqu’au soir où…
Charlotte décida que nous sortirions du dortoir en cachette, quand la sœur de garde dormirait profondément.
Si nous avions peur ?
Ah oui, très peur, et c’était excitant et délicieux.
L’expédition se mit en marche vers minuit. Elle était composée de quatre pensionnaires ayant prêté serment d’aller jusqu’au bout et de ne jamais en parler.
Le but était de marcher jusqu’à la grotte en nous dirigeant dans la nuit sombre grâce à la lampe de poche de Clémence. Cet éclairage très réduit ajoutait une extrême tension à notre aventure. Le parc était méconnaissable la nuit. Des branches nous griffaient le visage ; des trous nous tordaient les chevilles, des lambeaux de brume s’effilochaient. La voix tremblante de Delphine murmurait : « Des fantômes ».
Nous arrivâmes à la grotte, éclatante de blancheur dans la nuit noire. Charlotte donna un ordre : « Chacune doit aller caresser le visage de la Vierge. Je commence, pour vous montrer l’exemple ». Aucune de nous ne revendiqua cet honneur : Être la première à aller jusqu’au bout. Il nous suffisait amplement de savoir que nous serions obligées d’y aller après Charlotte.
Celle-ci avança sur le gravier crissant, escalada les deux rochers moussus pour arriver à toucher la vierge pâle et infiniment mélancolique, cette nuit-là.
Sans un mot, ni d’elle ni de nous, Charlotte caressa le visage froid, si blanc sous son voile bleu.
Alors, le miracle se produisit : Des larmes coulèrent des yeux de la Vierge. D’abord une, puis une autre, puis un flot de pleurs, qui éclaboussa nos visages incrédules.

Odile M. - Chareyre

Mardi 13 Novembre

De l’histoire au récit 

L’histoire est l’enchaînement chronologique des faits qui se rapportent à un sujet donné.
Le récit est l’acte de raconter.

Tirage au sort d’un personnage, d’une caractéristique, d’une action. Écrire une courte histoire en 10 phrases ou 10 courts paragraphes. Il faut qu’il y ait une action et un obstacle.
Numéroter les papiers de 1 à 10. (30 mn) – Tour de table, lecture des textes

Mélanger les papiers. Les retourner à l’envers. Tirer au sort 1 papier numéroté et recommencer l’histoire par cette phrase. (Il peut y avoir des flash-back. Les temps peuvent être changés si nécessaire, mais changer le moins possible le texte). (30mn)

But : Aborder le récit par un autre angle. Il peut ainsi gagner en suspense, en force.

Le joueur

Aldo se décide à vendre son dernier tableau, un Renoir, héritage de sa grand-tante. Un musée le lui a acheté pour une somme assez coquette. Après être passé à sa banque, il fait un grand détour pour éviter le casino. Il pense à des voyages, à un appareil photo, à une foule de dérivatifs.

Chez lui, Déborah l'attend devant une bouteille de whisky. Elle est déjà passablement bourrée et ça le contrarie. Il a envie de la virer, mais il ne le fait pas. Il la laisse parler, d'ailleurs il n'y a que ça à faire avec elle, c'est un véritable moulin à parole. Il voudrait placer quelques mots mais en vain. Au bout d'un certain temps, il ne peut plus supporter cette voix monocorde, alors il prétexte une course urgente à faire.

Dans la rue, des enfants déguisés se sont attroupés, ils piaillent et se chahutent. C'est le jour d' Halloween. Un gosse lui demande des bonbons, il lui tend une pièce de monnaie, puis le groupe s'éloigne, leurs voix s'estompent peu à peu.

Au bout de la rue, c'est le Casino. Ses pas l'y mènent presque automatiquement. Déborah est toujours à ses côtés, elle n'a pas l'air de vouloir le lâcher, elle sait ce qui va se passer. Mais non ! Aldo passe devant l'entrée sans s'arrêter, mais trois mètres après, il fait volte-face et entre dans l'édifice illuminé, avec Déborah toujours sur ses talons. En un instant toutes ses bonnes résolutions se sont envolées, il ne s'en veut même pas.

Il achète des jetons et les pose sur des numéros, comme ça toute la nuit. Il est dans un état de concentration totale. De la sueur coule sur son visage, ses yeux sont fixes.

Le tableau qu'il a vendu le matin même est en train de fondre. C'est le dixième en un mois. Il lui reste encore des jetons. Il s'éponge le front, le râteau n'arrête pas de ratisser. Déborah le tire par le bras, mais il lui donne un coup de coude. Le diable est là, qui le tient par tous les pores de sa peau. Rien au monde ne pourrait l'arrêter, c'est une affaire de vie et de mort. Il n'y a plus que sa respiration, le raclement du râteau sur le tapis et la danse des jetons. Et puis, comme au vol il saisit les yeux de Déborah, ces yeux implorants qui lui disent : « Arrête, arrête ». Mais les jetons brillent plus encore que les yeux de Déborah. Il n'a plus le temps de l'aimer, il est pris en enfer. Il joue, il joue à en perdre son souffle. Il joue toute la nuit.....
Le matin s'annonce, il sort titubant de fatigue, Déborah derrière lui. Dans la rue, un groupe d'enfants déguisés, peut-être les mêmes que ceux de l'autre soir, s'avance vers lui, lui demande des friandises. Il fouille ses poches, il lui reste une petite pièce, il la donne au gamin et continue son chemin avec Déborah qui le suit, qui le suivra toujours même s'il n'a plus de tableaux, même s'il est en enfer.

Gisèle

Le tatoueur

6.
- Vous êtes Guillaume Durand ?
- Exact
- Enchanté, Pierre Dupontel. Merci d’avoir accepté ce rendez-vous peu habituel.

1. Guillaume Durand est installé dans un fauteuil à l’entrée du bar « le Cordial ». Il a commandé un whisky.

3. Peu avant, vers 21 heures, Pierre Dupontel était arrivé au bar ; il avait laissé sa veste au vestiaire en glissant un billet de 20€ à la jeune étudiante qui a rougi et tremblé de plaisir en prenant le vêtement. « J’en prendrai grand soin », assura-t-elle. « J’y compte bien », confirma son client. Puis, il avait passé la tête à l’intérieur de l’établissement, en restant tout près de l’entrée.

4. Il ne veut surtout pas être reconnu Pierre Dupontel, même si la célébrité n’a pas encore passé les frontières du petit écran, il y a un risque.

5. D’un œil expert, il avait repéré l’avocat des stars qui sirotait un whisky affalé dans un fauteuil.

8. Marié depuis trois ans, Pierre Dupontel voudrait divorcer de la danseuse de cabaret Christina Rocca. Ils n’ont pas d’enfant, cela ne devait pas poser de problème si ce n’est qu’elle est sicilienne et qu’il ne va pas s’en tirer sans lâcher un bon paquet d’oseille, et sans compter le scandale. Il met ses espoirs et sa carrière d’acteur dans les mains de Guillaume Durand.

7. Les deux hommes sont maintenant installés l’un en face de l’autre et la conversation s’anime.

2. Quand il a reçu le coup de téléphone hier matin, Maitre Durand a été surpris car habituellement ses clients le rencontrent dans son cabinet et ne font pas tant de manière pour prendre un rendez-vous !

9. Quand il entend le nom de Christina Rocca, l’avocat suffoque, s’éponge et tousse bruyamment. Il ne sait comment dire à son interlocuteur qu’il a rencontré la jeune femme l’avant-veille. Impossible d’ honorer ces deux clients-là simultanément !

10. Pierre Dupontel avale coup sur coup trois whisky, s’excuse platement d’avoir dérangé un homme aussi important et file vers la sortie. Comme la jeune étudiante n’est pas dans le vestiaire, il saute par-dessus le comptoir, attrape sa veste et sort. C’est en mettant les mains dans ses poches qu’il tâte des clés qui ne sont pas les siennes, ainsi qu’un paquet de cartes de visites au nom de Max Ramix, tatoueur.

Claude Muslin


Mardi 20 novembre


Le roman épistolaire

Dans le roman épistolaire, il ne s'agit pas de proposer une suite de lettres sans lien les unes avec les autres, mais de construire une histoire, de mener une intrigue à son terme à partir des différentes lettres (continuité narrative).

Exemples dans la littérature :
Les lettres persanes
(1721) de Montesquieu, (carnet de voyage)
Les Lettres persanes racontent le voyage à Paris de deux Persans, Usbek et Rica : leur séjour, qui dure huit années, est pour eux l'occasion d'observer la société et le mode de vie des Français, leurs coutumes, leurs traditions religieuses ou politiques, et d'en faire le rapport à leurs interlocuteurs restés en Perse.

La nouvelle Héloïse (1761) de Rousseau
La Nouvelle Héloïse relate la passion amoureuse entre Julie d’Étange, une jeune noble, et son précepteur, Saint-Preux, un homme d’origine humble. Après avoir tenté de s’en défendre, ce dernier va tomber sous le charme de sa jeune élève. Saint-Preux et Julie vont alors s’aimer dans le décor du lac Léman, mais leur différence de classe sociale les force à garder leur relation secrète. En raison des conventions sociales qui empêchent cet amour de s’exprimer au grand jour, Saint-Preux quitte la Suisse pour Paris et Londres d’où il va écrire à Julie.

Les Liaisons dangereuses (1782) de Laclos.
Œuvre littéraire majeure du XVIIIème siècle qui narre le duel pervers de deux aristocrates manipulateurs, roués et libertins du siècle des Lumières. Elle porte à un degré de perfection la forme épistolaire : aucun élément n'est gratuit, chaque épistolier a son style et la polyphonie des correspondances croisées construit un drame en quatre étapes au dénouement moralement ambigu.

A partir d’un fait divers lu dans la presse :

29 août 2012 : Une valise diplomatique retrouvée 46 ans après un crash d'avion
Deux alpinistes sont tombés par hasard sur un sac en toile de jute, plusieurs décennies après le crash d'un avion d'Air India sur le Mont-Blanc. Une valise diplomatique indienne a été retrouvée la semaine dernière sur le glacier des Bossons, 46 ans après le crash d’un avion d’Air India, le «Kangchenjunga», sur le Mont-Blanc. Ce sac en toile de jute portait les inscriptions « Diplomatic mail » et « Ministry of external affairs. ». Le sac contenait aussi un bon de livraison à destination de New York, daté du 22 janvier 1966
Du courrier va arriver avec 46 ans de retard ; des lettres qui vont enfin être distribuées …

Consigne

Écrire une histoire à la façon du roman épistolaire (c'est-à-dire raconter une histoire, construire un récit uniquement à partir de lettres).

Écrivez 2 lettres :

1. Imaginez un personnage, indien. Personnalisez-le (donnez lui un nom, un âge, un métier) ; trouvez une trame narrative (une situation qui l’oblige à écrire une lettre à quelqu’un à New York (Sachez qui : son nom, son âge, sa profession …). Écrivez la lettre qu’il écrit à ce correspondant. (On part du principe que le courrier arrivera aux destinataires).
Ne pas oublier de faire l’en-tête :
Le signataire en haut à gauche :nom prénom adresse + date (1966)
Le destinataire en haut à droite : nom prénom adresse + date (1966)
Écrire le lieu et la date.
2. La deuxième lettre peut être écrite par le destinataire (en réponse à la lettre initiale) ou par un des personnages mentionnés dans la lettre initiale.